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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier
Autoren: Bernard Cornwell
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coup de spathe, puis
d’un autre. Son haleine empestait l’ale.
    — Ta mère est un étron de porc, lui dis-je.
    Le Dane voulut me fracasser le crâne. J’esquivai, protégé
par le bouclier d’Eadric. Ma lame était rouge et gluante de sang.
    Steapa poussait des hurlements en faisant tournoyer son épée,
et les Danes s’écartaient. Mon adversaire trébucha, tomba à genoux, je le
frappai de la bosse de mon bouclier puis enfonçai mon épée dans sa gorge. Un
autre prit aussitôt sa place, mais Pyrlig l’embrocha sur sa lance.
    — Boucliers ! criai-je.
    Instinctivement, Steapa et Pyrlig alignèrent les leurs avec
le mien. J’ignorais ce qui se passait ailleurs : je ne voyais pas plus
loin que le bout de mon épée.
    — En arrière ! En arrière ! cria Pyrlig.
    Nous reculâmes d’un pas, afin que les Danes qui remplaçaient
leurs hommes tombés trébuchent sur les cadavres. Puis nous nous ruâmes en avant
pour profiter de leur déséquilibre. C’était ainsi que procédaient les meilleurs
guerriers, et nous étions l’élite de l’armée d’Alfred. Les Danes nous avaient
chargés sans prendre la peine de souder leurs boucliers, convaincus que nous
céderions sous la violence de l’assaut. En outre, ils avaient été attirés par
la vue des bannières jumelles d’Alfred, considérant la bataille gagnée d’avance
s’ils s’en emparaient, mais leur assaut s’était heurté à notre mur comme une
vague contre une falaise.
    Nous, soldats de la garde d’Alfred, nous étions les
meilleurs. Nous tenions bon et nous étions en train de vaincre les Danes. Derrière
nous cependant, dans les troupes plus nombreuses d’Osric, le Wessex agonisait. Car
le mur de boucliers d’Osric s’était effrité.
     
    Ce fut à cause des hommes de Wulfhere : ils ne
brisèrent pas le mur en le combattant, mais en cherchant à le rejoindre. Peu d’entre
eux voulaient se battre pour les Danes. Lorsque les deux armées se retrouvèrent
face à face, ils crièrent à leurs compatriotes qu’ils n’étaient point ennemis
et voulurent passer de leur côté. Les rangs s’ouvrirent pour les accueillir, les
hommes de Svein en profitèrent pour s’y précipiter comme chats sauvages. Au
beau milieu des paysans saxons, les guerriers vikings furent comme faucons
parmi des pigeons : toute l’aile droite d’Alfred fut fracassée. Arnulf
sauva les hommes de Suth Seaxa en les entraînant à l’arrière, mais la fyrd d’Osric
fut dispersée de part et d’autre.
    La pluie avait cessé, un vent glacial balayait la plaine
jonchée de cadavres. Nous luttions contre les hommes de Guthrum déferlant du
fort ; bien qu’ayant le dessus, nous ne pouvions leur tourner le dos pour
voler au secours de nos compagnons. Nous continuâmes donc d’avancer et les
forçâmes à battre en retraite vers le fort, laissant derrière eux plus de
soixante cadavres. Je pris sur les dépouilles une chaîne d’argent, deux
bracelets et un beau couteau à manche d’os à la poignée ornée d’une boule d’ambre.
    — En arrière ! cria Alfred.
    Alors seulement j’entrevis l’ampleur du désastre. Notre aile
droite dispersée nous laissait à découvert. Les deux cents rescapés, menés par
Osric, avaient reculé jusqu’aux femmes et aux chevaux, où ils formèrent un mur
de boucliers pour les protéger. Svein reforma ses lignes et nous harangua.
    — Ils viennent sur nous, dis-je.
    — Dieu nous protégera, rétorqua Pyrlig, le visage
ensanglanté.
    Une hache avait fendu son casque et entamé le cuir chevelu.
    — Où est ton bouclier ? demandai-je à Æthelwold.
    — Je l’ai, répondit-il, blême et terrorisé.
    — Tu devais protéger la tête de Pyrlig, grondai-je.
    — Ce n’est rien, m’apaisa celui-ci.
    Durant l’assaut, j’avais cherché Ragnar, craignant de devoir
affronter mon ami. Lorsque les Danes avaient regagné le fort, je l’avais aperçu
plus loin sur le front. À présent, il nous observait depuis les remparts, tandis
que Svein galopait vers la forteresse, probablement pour demander des renforts
à Guthrum.
    La bataille n’avait commencé que depuis une heure, et
marquait déjà un temps d’arrêt. Des femmes nous apportèrent de l’eau, du pain
rassis et moisi. J’enveloppai d’un linge le bras blessé d’Eadric.
    — Le coup vous était destiné, seigneur, me dit-il avec
son sourire édenté.
    — Tu souffres ?
    — Un peu.
    Il remua le bras sans trop de peine et ramassa son bouclier.
Les
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