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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier
Autoren: Bernard Cornwell
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Dane. Mais ce
n’était pas une vérité immuable, et certainement pas en ce jour, car il n’y
avait nulle passion chez les hommes de Svein. Peut-être Guthrum et lui s’étaient-ils
querellés, ou alors le vent froid éteignait toute ardeur.
    — Nous allons remporter cette bataille ! me
surpris-je à crier. (Les hommes me regardèrent comme si j’avais été en proie à
une vision envoyée par mes dieux.) Nous allons vaincre ! repris-je. Ils
ont peur ! La plupart se terrent dans le fort, car ils craignent d’affronter
les lames saxonnes ! Et ceux-là savent qu’ils vont mourir ! Ils vont
mourir ! (Je m’avançai et écartai les bras en hurlant à pleins poumons en
danois, puis en angle :) Vous allez mourir !
    Tous les hommes d’Alfred reprirent ce cri en chœur, alors il
se passa quelque chose d’étrange. Beocca et Pyrlig prétendirent que l’Esprit de
Dieu flottait sur nous. Peut-être était-ce vrai. En tout cas, nous commençâmes
à avoir foi en nous-mêmes. Et tout en scandant notre nouveau cri de guerre, nous
nous mîmes en marche, en frappant nos épées sur nos boucliers.
    — Bâtards ! criais-je. Étrons de chèvres ! Vous
vous battez comme fillettes !
    J’ignore quelles insultes je hurlai ce jour-là, mais je
continuai de défier l’ennemi. Alfred n’aimait guère ces duels entre murs de
boucliers. Peut-être parce qu’il se savait incapable d’une telle audace, mais
aussi parce qu’il jugeait cela dangereux. Quand un homme invite un champion
ennemi à se battre, d’homme à homme, il invite la mort. S’il périt, il ôte tout
courage aux siens pour le donner à l’ennemi. Le roi nous interdisait de relever
les défis de l’ennemi, mais en ce jour glacial et pluvieux l’un des Danes
releva le mien.
    C’était Svein en personne, Svein du Cheval-Blanc. Il
tourna bride et se précipita sur moi, épée brandie. Dans les quolibets des
Danes, je vis flotter la crinière de l’étalon, les mottes de terre voler sous
les sabots et le casque à mufle de sanglier au-dessus du bouclier. Au même instant,
Pyrlig hurla :
    — Uhtred ! Uhtred !
    Je ne me retournai point, trop occupé à rengainer
Dard-de-Guêpe pour prendre Souffle-de-Serpent. Soudain, la lance de chasse du
Breton se planta à côté de moi dans l’herbe et je compris. Je laissai
Souffle-de-Serpent dans son fourreau et m’emparai de la lance alors que Svein
était presque sur moi. Dans un tonnerre de sabots, je vis la cape blanche et la
lame scintillante, le panache du casque et les yeux blancs du cheval qui
découvrait les dents. Svein fit un écart et abattit son épée. Ses yeux n’étaient
que deux fentes brillantes sous la visière. Au même instant, je me jetai sur l’étalon
et lui enfonçai la lance dans le ventre. L’épée se Svein heurta mon bouclier, et
son genou droit mon casque, si bien que je fus projeté en arrière et dus lâcher
la lance. Mais elle était bien plantée dans la bête, qui se cabra en hennissant
et en découvrant son ventre ruisselant de sang. Svein réussit à rester en selle.
Je ne l’avais point blessé, je ne l’avais pas même touché, et pourtant il
fuyait, ou plutôt son cheval détalait au galop vers les rangs des Danes. D’ordinaire,
un cheval évite instinctivement un mur de boucliers, mais la bête aveuglée par
la douleur poursuivit sur sa lancée et s’effondra en glissant dans l’herbe, ouvrant
une brèche dans le skjaldborg. Pendant ce temps, nous lancions notre
charge, épée au poing, et les Danes reculèrent.
    Svein se relevait à peine quand les hommes d’Alfred
arrivèrent. Je ne le vis point, mais on me raconta que Steapa décapita Svein d’un
seul coup d’épée, si brutal que la tête et le casque volèrent dans les airs. Peut-être
était-ce vrai… Une chose est certaine : la passion nous avait gagnés. La
soif du sang, la fureur de tuer et le cheval brisèrent les rangs du mur de
boucliers des Danes, où nous n’eûmes plus qu’à nous engouffrer pour tuer.
    Et nous tuâmes. Ce n’était pas l’intention d’Alfred. Pour
lui, nous attendrions l’attaque des Danes en espérant y résister, mais nous lui
avions échappé comme chien à son maître. Mon cousin était là avec ses Merciens,
et c’était un rude guerrier. Je le vis parer, estoquer, abattre un homme puis
un autre, et cela sans relâche. Nous abreuvions de sang dane la colline, car
nous avions la fureur et point eux.
    Les poètes chantent souvent cette bataille : pour une
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