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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier
Autoren: Bernard Cornwell
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sous nos pas avait mis à nu la craie blanche. Je grimpai de
nouveau à l’aveuglette derrière mon bouclier, sous les coups de l’ennemi. Une
hache s’abattit sur mon casque et m’étourdit. N’eût été la tresse d’Iseult, j’aurais
perdu Souffle-de-Serpent. En rugissant, Steapa arracha la lance d’un Dane puis
le projeta dans l’eau qui bouillonnait de sang. Je vis alors Alfred, à pied, tentant
de traverser le fossé, et je criai à mes hommes de le protéger.
    Pyrlig et moi parvînmes à nous placer devant le roi, et nous
essayâmes de gravir le talus ensanglanté pour la troisième fois, Pyrlig hurlant
en breton, moi jurant en danois et criant le nom d’Iseult. À plusieurs reprises,
je crus y parvenir, mais j’étais repoussé par les lances des Danes. Un coup d’épée
à ma visière m’assomma à demi. Je glissai, quelqu’un me tira de l’autre côté du
fossé. J’essayai de me relever, mais je retombai.
    Le roi. Il fallait protéger le roi, je l’avais laissé dans
le fossé et il n’était point un guerrier. Il était brave, mais il n’aimait
point le carnage comme l’aime le guerrier. Je me relevai péniblement vis du
sang sortir du haut de ma botte. Le fossé était rempli de cadavres et de
mourants, et les Danes nous raillaient.
    — À moi ! criai-je. (Steapa et Pyrlig me
rejoignirent avec Eadric, mais j’étais étourdi, ma tête bourdonnait et mon bras
me semblait faible. Nous devions faire un dernier effort…) Où est le roi ?
demandai-je.
    — Je l’ai sorti du fossé, dit Pyrlig.
    — Est-il sauf ?
    — J’ai dit aux prêtres de le retenir et de l’assommer s’il
tentait de revenir.
    — Attaquons ! criai-je.
    Pourtant, je ne voulais plus trébucher sur tous ces corps, ni
tenter d’escalader cette impossible muraille. C’était de la folie et j’y
laisserais sans doute la vie, mais nous étions des guerriers et les guerriers
ne se laissent point abattre. C’est une question de réputation, d’orgueil, de
folie de la bataille. Je frappai Souffle-de-Serpent sur mon bouclier cassé. D’autres
hommes se joignirent à moi et, tandis que les Danes nous défiaient de revenir, je
leur criai que nous arrivions.
    — Dieu nous aide ! hurla Steapa.
    — Dieu nous aide ! répéta Pyrlig.
    J’avais peur d’affronter ces remparts, mais je craignais
bien plus d’être traité de couard. Je criai à mes hommes de massacrer ces
bâtards et m’élançai. Je sautai par-dessus les cadavres dans le fossé, trébuchai,
tombai, me relevai, mon heaume de travers, et je repris mon ascension. Steapa
et Pyrlig étaient avec moi, et j’attendis le premier coup des Danes.
    Mais il ne vint point. Je gravis le talus, sortis ma tête de
sous mon bouclier, pensant que j’étais mort, car je ne voyais que le Ciel noyé
de pluie. Les Danes étaient partis. Un instant plus tôt, ils nous huaient et
nous traitaient de femmes et de lâches, criant qu’ils allaient nous éventrer et
jeter nos tripes aux corbeaux. Je montai au sommet de la muraille et vis un
deuxième fossé et un deuxième mur, et les Danes qui se réfugiaient derrière.
    — Ils fuient ! cria Pyrlig en me saisissant le
bras. Par Dieu, ces bâtards s’enfuient !
    Nous traversâmes le deuxième fossé et gravîmes le talus
opposé que ne défendait personne.
    Et les Danes fuyaient. S’ils étaient restés, ils auraient
été massacrés jusqu’au dernier. Certains tardèrent et furent pris au piège. Voulant
tuer pour venger Iseult, j’en abattis deux avec une telle furie que
Souffle-de-Serpent trancha maille, cuir et chair comme l’aurait fait une hache.
La pluie et le tonnerre continuaient sans relâche, tandis que je cherchais d’autres
victimes. Je vis un petit groupe dos à dos qui résistait à l’assaut de Saxons
et je courais à eux quand, soudain, je vis leur bannière. L’aile d’aigle. C’était
Ragnar.
    Succombant sous le nombre, ses hommes tombaient.
    — Épargnez-le ! criai-je.
    Trois Saxons se retournèrent. Voyant mes longs cheveux et
mes bracelets, ils me prirent sans doute pour un Dane, car ils coururent à moi
et je dus les repousser de mon épée en leur criant vainement que j’étais des
leurs. Steapa les dispersa et Pyrlig voulut retenir mon bras. Je courus vers
Ragnar qui défiait encore les Saxons. Sa bannière était tombée et ses hommes
aussi, mais il semblait un dieu de la guerre, avec sa cotte scintillante, son
bouclier fendu, sa longue épée et son expression de défi.
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