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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier
Autoren: Bernard Cornwell
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qu’un Dane me sauva naguère et que j’aime les
Danes.
    Et aussi parce que j’avais besoin d’hommes. Comme je ne
faisais point confiance à Odda le Jeune et redoutais Steapa Snotor, son
guerrier, il me fallait des épées à Oxton. Mildrith, bien sûr, ne voulait pas
de Danes armés chez elle. Elle voulait laboureurs et paysans, laitières et
servantes, mais je lui dis que j’étais un seigneur et qu’un seigneur avait des
épées.
    Je suis en vérité un seigneur, et de Northumbrie. Je suis
Uhtred de Bebbanburg et mes ancêtres, dont le lignage remonte jusqu’à Woden, que
les Danes appellent Odin, étaient jadis rois du nord de l’Anglie. Si mon oncle
ne m’avait pas volé Bebbanburg lorsque j’avais à peine dix ans, j’y vivrais
encore comme un seigneur northumbrien, à l’abri dans son repaire battu par les
vagues. Je rêvais souvent de retourner en Northumbrie pour réclamer mon dû. Mais
comment ? Pour reprendre Bebbanburg, il me fallait une armée et je n’avais
qu’un jeune Dane, Haesten.
    Et j’avais d’autres ennemis en Northumbrie. Le comte Kjartan
et son fils Sven, qui avait perdu un œil à cause de moi, auraient été heureux
de m’abattre, et mon oncle les en aurait récompensés. Je n’avais donc pour l’heure
aucun avenir là-bas, mais je voulais y retourner. C’était mon vœu le plus cher,
comme de retrouver Ragnar le Jeune, mon ami, qui avait survécu, car son navire
avait résisté à la tempête. Je l’appris d’un prêtre qui avait écouté les
négociations à Exanceaster et était certain que Ragnar faisait partie de la
délégation de Guthrum. « Un robuste gaillard, avait-il dit. Et fort
bruyant. » Ces paroles me convainquirent que Ragnar était en vie et je m’en
réjouis, car je savais que mon avenir était entre ses mains et non entre celles
d’Alfred.
    Lorsqu’elle apprit que nous allions quitter le Defnascir
pour rejoindre Ragnar, que je serais son homme lige et que je me vengerais de
Kjartan et de mon oncle sous la bannière à l’aigle de Ragnar, Mildrith fondit
en larmes.
    Je ne supporte pas les pleurs d’une femme. Mildrith était
malheureuse et moi en colère, et nous nous querellâmes comme des chats sauvages.
La pluie continuait de tomber et j’enrageais comme une bête en cage, attendant
qu’Alfred et Guthrum terminent leurs négociations. Nous savions l’un comme l’autre
que le roi laisserait aller Guthrum et qu’à peine celui-ci parti je pourrais
rejoindre les Danes. Je me souciais bien peu que Mildrith m’accompagne, du
moment que mon fils, qui portait mon nom, venait avec moi. Aussi, le jour je
chassais, et le soir je buvais en rêvant de vengeance. Une nuit, je trouvai en
rentrant le père Willibald qui m’attendait chez moi.
    Cet homme de bien, qui avait été chapelain de la flotte d’Alfred
quand j’en commandais les douze vaisseaux, m’apprit qu’il était en route pour
Hamtun. Il pensait que je souhaitais connaître le résultat des longues
négociations entre Alfred et Guthrum.
    — Nous avons la paix, dit-il. Dieu soit loué ! Nous
avons la paix.
    — Dieu soit loué ! répéta Mildrith.
    Je continuai de nettoyer sans un mot le sang sur ma lance de
chasse. Ragnar avait dû partir et il était temps de le rejoindre.
    — Le traité a été scellé par des serments solennels
hier, ajouta Willibald. Nous avons donc obtenu la paix.
    — Ils s’en sont fait d’aussi solennels l’an dernier, répliquai-je.
(Alfred et Guthrum avaient signé la paix à Werham, mais le Dane avait brisé la
trêve et massacré onze des douze otages en sa possession. J’avais été épargné
parce que Ragnar m’avait protégé.) Qu’ont-ils conclu, alors ?
    — Les Danes doivent céder tous leurs chevaux et
retourner en Mercie.
    Tant mieux, pensai-je, car c’était là que je voulais aller. Je
ne m’en ouvris pas, et ironisai sur le fait qu’Alfred les laissait partir.
    — Pourquoi ne les combat-il pas ? demandai-je.
    — Parce qu’ils sont trop nombreux, seigneur. Trop d’hommes
mourraient des deux côtés.
    — Il devrait tous les tuer.
    — La paix vaut mieux que la guerre.
    — Amen ! fit Mildrith.
    J’entrepris d’affûter la lance en passant la pierre à
aiguiser sur la longue lame. Pour moi, Alfred s’était montré trop généreux.
    — C’est la main de Dieu, observa Willibald.
    Je levai les yeux. Bien qu’un peu plus âgé que moi, il avait
toujours eu l’air plus jeune. Aussi empressé que bienveillant,
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