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Le prix du sang

Le prix du sang

Titel: Le prix du sang
Autoren: Jean-Pierre Charland
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contact.
    â€” Maman a parlé de fuite dans les bois.
    â€” S’ils se font prendre, cela aggravera leur situation. Cela pourrait vouloir dire cinq ans de prison.
    â€” S’ils ne veulent pas se faire capturer, personne ne les trouvera.
    â€” Tôt ou tard, ils devront en sortir.
    L’homme regretta d’inquiéter la domestique. De nouveau, il toucha son bras, puis voulut se faire rassurant :
    â€” Mais cette guerre ne durera pas toujours… Après, tout rentrera dans l’ordre.
    Elle le fixa tout en vidant son verre. Quand, dix minutes plus tard, Fernand monta à l’étage, il trouva Eugénie dans l’embrasure de la porte de sa chambre.
    â€” Vos conversations durent bien longtemps, grogna-t-elle.
    â€” Ses frères ont été convoqués à nouveau. Elle s’inquiète.
    â€” Élise Caron prétendait que tu étais un homme bon. Tu entends le lui prouver?
    Le notaire la contempla un moment, puis confessa :
    â€” Elle avait raison. C’est une qualité qui n’est pas appréciée de toutes, malheureusement.
    Il continua vers la chambre du fond. Coucher seul ne lui épargnait même pas ce genre de surveillance.
    * * *
    Le mois de mai ramena le vert aux arbres, des journées plus chaudes et l’espoir d’une vie meilleure. Au moment où le magasin ouvrait ses portes, Thalie mettait ses gants, prête à sortir. Marie la contempla, admirative. L’adolescente disparaissait, une jolie femme prenait sa place.
    â€” Je me confesse, une partie de moi aimerait que tu échoues. Une toute petite partie voudrait te garder ici pour toujours. Mais le reste de ma personne souhaite ta réussite et la réalisation de tes rêves.
    â€” Je t’aime en entier, autant le petit bout mère poule que le reste.
    Pendant un long moment, elles s’enlacèrent. Puis, l’étudiante s’écarta.
    â€” Je dois prendre le train.
    â€” Oui, bien sûr. Sauve-toi.
    Françoise se tenait près de la porte. Elle embrassa son amie.
    â€” Bonne chance. Montre à tous ces Anglais…
    L’émotion déroba les derniers mots.
    â€” Merci. Et toi, essaie de ne pas trop t’en faire. Je suis sûre que Mathieu va bien, je sens qu’il m’accompagnera aujourd’hui. Je suppose que depuis la ligne de front, les lettres sont acheminées irrégulièrement. Ce long silence ne veut rien dire.
    La jolie châtaine acquiesça de la tête en essuyant une larme furtive du bout de ses doigts.
    Thalie emprunta la rue de la Fabrique et continua tout droit vers l’un des nombreux escaliers conduisant à la Basse-Ville. Elle arriva à la gare à temps pour monter dans le train, juste derrière une jolie blonde. Cette dernière transportait une valise assez lourde, tellement qu’au moment de la mettre sur le rangement au-dessus des banquettes, elle n’y arriva pas.
    â€” Attendez, je vais vous aider.
    Ã€ deux, elles casèrent le bagage à sa place.
    â€” Vous voyagez bien équipée, commenta la petite femme aux cheveux noirs.
    â€” Et vous, très léger.
    Thalie n’avait qu’un petit porte-document de cuir à la main.
    â€” Vous voulez de la compagnie?
    â€” Oui, bien sûr.
    Après s’être assises côte à côte, la plus jeune des deux tendit la main en disant :
    â€” Thalie Picard.
    â€” … Vous êtes apparentée aux Picard du magasin?
    â€” Non… Enfin, oui, mais de très loin.
    La réponse rassura l’autre, qui accepta la main tendue.
    â€” Clémentine LeBlanc.
    Après un silence, elle poursuivit :
    â€” Vous allez à Montréal afin de trouver du travail?
    â€” Non. Je vais passer les examens d’entrée à l’Université McGill.
    â€” Oh! Vous êtes savante.
    Une ironie un peu jalouse marqua sa voix. Elle ajouta, afin de ne pas en rester là :
    â€” Vous êtes inquiète du résultat?
    â€” Pas vraiment. J’ai travaillé comme une folle. Si ce n’est pas suffisant pour eux, tant pis. Je ne peux pas faire mieux.
    Thalie mentait un peu. La directrice du Quebec High School l’avait assurée de son succès. L’accès des filles aux études universitaires demeurant trop récent, elle prenait à cœur la réussite de chacune des candidates et ne les laissait s’aventurer à l’examen que fin
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