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Des souris et des hommes

Des souris et des hommes

Titel: Des souris et des hommes
Autoren: John Steinbeck
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    PRÉFACE
     
     
     
     
     
    Ce livre est bref. Mais son pouvoir est
long.
    Ce livre est écrit avec rudesse et,
souvent, grossièreté. Mais il est tout nourri de pudeur et d'amour.
    Certains auteurs de l' Amérique du Nord disposent d'un secret
impénétrable.
    Ils ne décrivent jamais l'attitude et la démarche intérieures de leurs personnages. Ils n'indiquent pas
les ressorts qui déterminent leurs actes. Ils évitent même de les faire penser.
    «  Voilà ce qu'a fait cet homme ou cette femme. Et voilà leurs propos. Le
reste n'est pas votre affaire. Ni la mienne   », semblent dire au lecteur Hemingway, Dashiell Hammett, Erskine
Caldwell, James Cain.
    Une approche aussi superficielle en
apparence devrait, logiquement, exclure toute perception profonde des êtres et,
en eux, tout cheminement spirituel. Ils ne devraient pas avoir de substance, de
densité humaine, de vérité.
    Or,  —  et c'est le mystère  —  ils vivent tous avec une intensité et une intégrité merveilleuses. Avec
leur poids de chair. Avec le mouvement du cœur et les reflets de l' âme.
    L'écrivain s'est borné à reproduire les
contours les plus simples, à répéter des paroles banales et vulgaires. E t à travers ce t te indigence, cette négligence barbare,
il accomplit le miracle.
    Tirées du néant au sein duquel elles
reposaient avant qu'il eût pensé à elles, ses créatures, tout à coup, existent.
On sent leur souffle et leur présence. Elles s'imposent. Elles obsèdent. Le
sang le plus authentique les anime.
    E t ce que l'auteur ne s'est pas soucié de faire savoir à leur sujet nous
le devinons, nous l'entendons, nous en prenons une certitude intuitive.
    Un art singulier nous conduit à combler
les vides et les blancs du dessin. Nous achevons le travail du romancier. Nous
complétons le canevas. Nous remplissons la trame.
    Le livre une fois fermé, ses personnages
sont passés en nous, pas seulement avec leurs visages, leurs épaules, leurs
rires, leurs gémissements et leurs meurtres, mais avec leur identité la plus
secrète, leur plus souterraine vérité.
    Le récit de Steinbeck Des souris et des hommes vient s'ajouter à cette série magique.
    Rien de plus pauvre comme moyens. Rien
de plus brutal comme ton... Les dialogues forment la plus grande partie de
l'ouvrage et les mêmes mots éculés y reviennent sans cesse.
    Pourtant l' amitié informe et invincible nouée entre Lennie, le doux colosse
innocent aux mains dévastatrices, et son copain George, petit homme aigu, a une
beauté, une puissance de mythe.
    Pourtant la ferme où ils travaillent,
les journaliers agricoles qui les entourent, les bê t es et les choses qui les touchent  —  depuis Slim le rou l ier, demi-dieu rustique, jusqu'au vieux
Candy, jusqu'à la femme en chasse, jusqu'au misérable palefrenier noir et au
chien condamné et au revolver rouillé  —  tout baigne dans la mélancolie, le drame
ample et triste. Et dans la poésie.
    La prairie sauvage et le rêve le plus
humble, le plus tendre, vivent dans ces vagabonds, dans ces brutes mal
détachées de l'animal et de la terre. Le grand vent, la grande plaine, la
grande pluie et les grandes tristesses circulent autour d'eux.
    Et quand, sur la berge sablonneuse de la
Salinas dormante, se défait, par un sacrifice atroce et magnifique, l'aventure
de Lennie, l'innocent qui aima tant caresser les peaux des souris, les poils
des chiots et les cheveux brillants des femmes, une admiration profonde et
stupéfaite se lève pour l'auteur qui, en si peu de pages, avec des mots si
simples et sans rien expliquer, a fait vivre si loin, si profondément et si
fort.
     
     
     
    J. Kessel,
    de l'Académie française.
     

 
     
     
    INTRODUCTION
     
     
     
     
     
     
    JOHN STEINBECK,
    ROMANCIER CALIFORNIEN
     
     
     
    En 1934 paraissait un livre fort
divertissant, February Hill , par Victoria Lincoln [1] . On y voyait dépeints, avec un
amoralisme souriant, une vieille grand-mère qui chantait des chansons obscènes,
sa fille qui, pour subvenir aux besoins du ménage, se prostituait avec
ingénuité, sa petite-fille, kleptomane par bonté de cœur, et autres personnages
également ignorants du code des bonnes mœurs. C'était là un genre de livre
inusité aux États-Unis où, quand on parle du vice, ce n'est point pour le
montrer plaisant. February Hill eut son heure de
célébrité que prolongea l'apparition, en 1935, de Tortilla Flat par John Steinbeck.
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