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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance
Autoren: Diana Gabaldon
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manche, le lui arracha, le saisit fermement des deux mains. Le tranchant de la hache s’abattit sur la tête de Johnson avec un bruit sourd de potiron fendu. L’impact se répercuta dans les mains et les bras de William. Il lâcha la hache et recula en chancelant, à bout de souffle, la bouche emplie de bile.
    Johnson tituba vers lui, les bras en avant, la hache plantée dans le crâne. Lentement, à la profonde horreur de William, il leva les mains pour la saisir.
    Eperdu, William recula précipitamment. Sa main effleura ses culottes et il sentit que l’étoffe était mouillée. Au moment même où il baissait les yeux vers la tache sombre, il éprouva une sensation cuisante en haut de sa cuisse.
    — Et merde ! marmonna-t-il en tâtant sa ceinture.
    Il avait fallu qu’il se débrouille pour se planter la dague dans la jambe ! Heureusement elle était toujours là et il la dégaina sans cesser de reculer. Johnson marchait vers lui en poussant un étrange hurlement et en tirant toujours sur le manche de la hache.
    Lorsque celle-ci se dégagea, un jet de sang éclaboussa le visage et le torse de William. Johnson abaissa son arme en grognant sous l’effort mais ses gestes étaient maladroits et lents. William l’esquiva en bondissant de côté, le mouvement lui faisant lâcher un vent sonore.
    Il serra le manche de sa dague, cherchant où la planter. Johnson se passait un bras sur le visage pour essuyer le sang qui ruisselait. De l’autre main, il agitait sa hache en balayant l’espace devant lui.
    — William !
    Surpris, William lança un regard sur le côté et manqua d’être atteint par la lame.
    — Taisez-vous, je suis occupé !
    — Oui, je sais, répondit Denny Hunter. Laisse-moi t’aider.
    Il était blême et tremblait presque autant que Johnson mais il s’avançait d’un pas ferme et, plongeant soudain en avant, il saisit le manche de la hache et l’arracha des mains de Johnson. Puis il recula et la laissa tomber sur le plancher dans un bruit sourd. Il paraissait sur le point de rendre ses tripes.
    — Merci, dit William.
    Il fit un pas et enfonça sa dague sous les côtes de Johnson, la lame remontant jusqu’au cœur. Johnson écarquilla les yeux et fixa ceux de William. Ils étaient gris-bleu avec une pluie de paillettes d’or autour d’un iris noir. William se figea, n’ayant jamais rien vu d’aussi beau, puis le sang chaud sur sa main le rappela à la réalité. Il retira sa dague, laissant le corps s’effondrer sur le sol. Il tremblait des pieds à la tête et ses intestins menaçaient de le lâcher. Il fonça vers la porte, passant devant Denny qui lui dit quelque chose qu’il ne comprit pas.
    Quelques instants plus tard, accroupi dans les latrines, frissonnant et pantelant, il lui sembla néanmoins que le médecin lui avait dit : « Tu n’avais pas besoin de faire ça. »
    Si, il le fallait, pensa-t-il.
    Il posa le front sur ses genoux et attendit que s’apaise le feu dans ses entrailles.

    Lorsqu’il émergea enfin des latrines, moite et flageolant, Denny Hunter courut prendre sa place. Sitôt la porte refermée, un concert d’explosions et de grognements s’éleva et William s’éloigna rapidement.
    L’aube était encore loin mais l’air commençait à bouger et la ferme noire se détachait sur un ciel gris foncé. Il découvrit Rachel montant la garde avec un balai auprès deMme Johnson ficelée dans un drap sale. Elle gigotait encore un peu en sifflant et crachant.
    Le cadavre de son mari gisait toujours face contre terre devant la cheminée dans une mare de sang. William ne voulait pas le regarder mais devinait qu’il aurait été incorrect de ne pas le faire. Il s’en approcha donc et le contempla un moment. Un des Hunter avait ravivé le feu et ajouté du bois. Il faisait chaud dans la pièce mais il ne le sentait pas.
    — Il est mort, dit Rachel d’une voix atone.
    — Oui.
    Il ne savait pas trop ce qu’il était censé ressentir ni, à vrai dire, ce qu’il ressentait réellement. Il se détourna du cadavre avec un certain soulagement et s’approcha de la prisonnière.
    — A-t-elle… ?
    — Elle voulait égorger Denny mais elle m’a marché sur la main et m’a réveillée. Quand j’ai vu son couteau, j’ai crié. Il s’est jeté sur elle et…
    Elle se passa une main dans les cheveux. Elle avait perdu son bonnet et sa chevelure libre était tout emmêlée.
    — Je me suis assise sur elle et Denny l’a enroulée dans ce drap, expliqua-t-elle. Je ne
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