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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà
Autoren: Robert Merle
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Sarriac, dit alors en oc :
    — Cap de Diou, Sire, iou lou
bou rendraï mort [89]  !
    À ce moment, entre six heures et
sept heures à ce que je crois, Du Halde vint dire au Roi que son chapelain et
son aumônier demandaient à M. de Nambu l’entrant dans sa chambre pour gagner
l’oratoire neuf où Sa Majesté les avait mandés pour dire la messe. Le Roi fit
alors repasser les huit en l’oratoire vieil, afin que sans doute les prêtres ne
les vissent pas, accueillit ceux-ci avec sa coutumière civilité et leur dit de
se préparer à dire leur messe, qu’il doutait toutefois qu’il pût l’ouïr, et que
dans ce cas, ils auraient à la chanter sans lui.
    Les prêtres étaient à peine départis
en l’oratoire neuf que Larchant demanda l’entrant à Nambu et vint dire au Roi
que ses gardes étaient rassemblés au pied de l’escalier.
    — Ha Larchant ! dit le
Roi, placez cinq hommes et un officier au premier étage à la porte de la Reine-mère
et que si Guise se présente pour la voir, qu’on lui dise qu’elle a pris
médecine et ne veut point de visites. De reste, que vos gardes défendent tout
entrant chez la Reine-mère. Et toute sortie aussi de quelque âme qui vive,
fût-ce d’une chambrière. Et donnez trois gardes à Nambu pour mettre sur les
degrés du viret entre Madame ma mère et moi [90] .
    Larchant parti, le Roi envoya
Bellegarde choisir douze des quarante-cinq pour mettre dans le cabinet
vieil, afin que si le Guise réussissait à échapper aux huit Gascons postés dans
sa chambre, et à gagner ledit cabinet, il les y trouvât, l’épée dégainée.
    Ayant ainsi parachevé ses ordres, et
n’ayant plus qu’à attendre l’issue de son entreprise, le Roi tout soudain se
déquiéta, et lui qui à l’accoutumée aimait rester, fut-il assis ou debout,
aussi immobile que sa propre statue, se mit tout soudain à aller qui-cy qui-là
dans sa chambre, l’œil fiché à terre et les mains derrière le dos. À vrai dire,
je l’avais déjà vu en ces sortes d’agitation, mais jamais portées à cet excès
de fébrilité, à’steure consultant la montre-horloge que Du Halde portait au
col, à’steure regardant les verrières et se plaignant de la perpétuelle et
torrentielle pluie, à’steure encore déplorant que le jour ne se levât pas,
étant «  le plus sombre, le plus obscur et le plus ténébreux qu’il eût
vu jamais ».
    Quant à moi, peux-je dire que je me
trouvais confusément étonné de me trouver là et que je ne voyais pas à quelle
usance Sa Majesté me voulait mettre pour avoir quis de moi de dormir avec Du Halde
et de ne La pas quitter. Et encore qu’à ce moment même il m’appelât pour me
parler à l’oreille et me confier un message à porter, celui-ci n’était point de
ceux qui eussent exigé un messager de ma farine. Bien le rebours. Tant est que
je trouvai quelque irrision, moi qui n’étais catholique que du bout des lèvres,
à traverser le cabinet neuf et à gagner l’oratoire neuf pour prendre langue de
la part du Roi avec son chapelain et son aumônier.
    L’un, le chapelain, se nommait
Etienne Dorguyn et l’autre l’aumônier, Claude de Bulles, mais j’ai quelque
peine à les distinguer en ma remembrance, pour ce qu’ils avaient, quelles que
fussent leurs âmes particulières, des enveloppes corporelles si semblables,
étant ronds des épaules, ronds de la bedondaine, et ronds aussi de la face,
laquelle était lunaire et quelque peu rougeaude, le poil rare et blanc sur le
chef.
    — Messieurs, dis-je après les
avoir salués avec tout le respect du monde, Sa Majesté vous mande par ma bouche
que vous ne l’attendiez pas plus outre, mais vous commande que vous ayez à vous
mettre incontinent en dévotion et à prier Dieu que le Roi vienne heureusement à
bout d’une entreprise à laquelle il va mettre la main pour le repos de son
royaume.
    À ce discours les deux prêtres
furent un peu étonnés, se demandant manifestement quelle était cette entreprise
pour laquelle on demandait leurs prières, pour ainsi parler, tout à veuglette,
mais comme d’évidence, mon message s’arrêtait là, l’un d’eux, qui était je
crois l’aumônier, et qui avait déjà revêtu l’aube et l’étole pour célébrer la
messe, me dit :
    — Monsieur, plaise à vous
d’assurer Sa Majesté que nous ferons son commandement et que nous prierons tous
deux du bon du cœur, et du fond de notre foi, pour que son entreprise ne
faille.
    Après les avoir derechef
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