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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà
Autoren: Robert Merle
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dextre de
l’escalier d’honneur : mise en scène que Sa Majesté avait imaginée pour
donner couleur à son département pour La Noue. Retraçant mes pas, je croisai
Bellegarde dans l’oratoire vieil, lequel quant à lui revenait de la galerie des
Cerfs où il me dit que le Roi l’avait envoyé pour s’assurer que les quarante-cinq s’y étaient rassemblés.
    Revenant de concert en la chambre,
nous la trouvâmes pleine des conseillers et officiers que Sa Majesté avait
convoqués pour cinq heures, à savoir le maréchal d’Aumont, Rambouillet, François
d’O, le secrétaire d’État Revol, et d’Entragues. À l’exception des deux
derniers que le Roi garda par-devers lui, il renvoya les autres dans la salle
du Conseil avec un valet de garde-robe qui portait un chandelier et à qui
j’ouïs le maréchal, lequel était vieil et mal allant, commander d’allumer un
feu, le temps étant si froidureux.
    Laugnac advenant par la porte de
l’oratoire vieil, le Roi, qui donnait quelques signes d’impatience, quit de lui
d’un ton abrupt si tous les quarante-cinq étaient dans la galerie aux
Cerfs.
    — Oui, Sire, dit Laugnac, fors
deux ou trois.
    — C’est assez, dit le Roi,
faites-les monter à pas de velours dans la pièce à côté de mon oratoire vieil [88] .
J’irai les voir. Et commandez-leur sur leur vie de s’accoiser. La moindre noise
pourrait alerter la Reine-mère et cela gâterait tout. Du Halde, poursuivit-il,
je suis à la faim. N’as-tu rien à gloutir céans ?
    — Sire, rien que des prunes de
Brignoles. Vous les vais-je apporter ?
    — Oui-dà, dit le Roi qui, à la
vérité, n’en mangea que deux ou trois du bout des dents, preuve qu’il n’était
point tant affamé qu’alarmé de se sentir quelque faiblesse du fait de son
jeûne, s’étant levé si tôt.
    Laugnac revenant lui dire que les quarante-cinq étaient là où il les voulait, il me quit de l’accompagner et
de lui désigner à l’oreille La Bastide et Montseris, se ramentevant, je
suppose, que je lui avais dit qu’ils étaient fort enflammés contre le Guise,
pour ce qu’il voulait leur ôter le pain du bec et les réduire à chercher
condition. Ayant traversé l’oratoire vieil, il s’arrêta sur le seuil de la
pièce où se tenaient les Gascons, debout et fort serrés, mais silencieux. Je
chuchotai dans l’oreille du Roi la description de mes deux compagnons de
chambre, et il me fit signe de la tête qu’il m’entendait.
    — Messieurs, dit-il à voix fort
basse, d’aucunes méchantes gens faisant contre ma personne et ma vie des
brouilleries et complots, je vais avoir le plus pressant besoin du secours de
vos bras, lesquels bras je vous demande de lever, sans dire mot, pour
peu que vous soyez consentants à promettre de faire ce jour mon commandement,
quoi que je vous commande.
    Tous les bras s’étant levés alors
d’un seul mouvement et dans le plus grand silence, le Roi fit un petit signe de
tête particulier à La Bastide et Montseris et se retira, me laissant seul avec
Bellegarde, lequel passant dans le cabinet vieil, en revint un bref moment plus
tard, portant dans ses deux mains un faisceau de poignards que sans doute il
avait été quérir dans les armoires à secret dudit cabinet.
    — Il y en a huit, dit
Bellegarde. Ne dites mot. Que tende la main qui en veut !
    Beaucoup, mais non pas tous, la
tendirent et parmi eux au premier rang La Bastide et Montseris.
    Bellegarde fit passer les huit
Gascons qu’il venait d’armer dans la chambre du Roi et leur dit de fixer leur
poignard à l’italienne derrière le dos afin qu’il soit dissimulé aux vues par
leur cape. L’un d’eux ayant quis alors à voix basse pourquoi le poignard, et
pourquoi pas l’épée qu’ils portaient au côté, Bellegarde répondit sur le même ton
qu’il s’agissait d’exécuter un traître condamné par Sa Majesté et non pas de se
battre en duel avec lui, le Roi ne voulant pas que le sang de ses Gascons fût
répandu en cette occasion.
    À ce moment, le Roi, qui était dans
son cabinet neuf avec Revol et d’Entragues, entra dans la chambre, s’avança
vers les huit, et se plantant devant eux, les envisagea longuement un à un,
comme s’il eût voulu fixer leurs traits à jamais en sa remembrance, puis dit sotto voce :
    — Mes amis, la merci à vous de
votre zélée dévotion à mon service. Le félon est le Duc de Guise. Il doit
mourir.
    L’un d’eux, dont on me dit plus tard
qu’il se nommait
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