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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs
Autoren: Michel Zévaco
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capitaine n’y fit pas attention. Il connaissait l’écriture du roi et voyait bien que l’ordre était entièrement écrit de sa main. C’était plus qu’il n’en fallait pour qu’il obéît sans discuter. Il s’inclina donc de bonne grâce.
    Mais dès que Griffon lui eut donné les premières explications, il s’écria avec dépit :
    « Cent hommes pour cela !… J’irai tout seul et ce sera bien suffisant.
    – Non pas, protesta vivement Griffon, le roi a dit cent hommes, et armés en guerre, avec arquebuses chargées !…
    – Je ne comprends plus ! fit le capitaine tout éberlué. C’est donc à la bataille que vous m’envoyez ?
    – Peut-être bien que oui. Vous le verrez sur place.
    – Tant mieux, mordieu ! Il y a assez longtemps que la main me démange ! »
    Griffon lui donna toutes ses instructions et termina en disant :
    « Soyez parti dans cinq minutes. Et brûlez le pavé.
    – Diable ! C’est pressé, à ce qu’il paraît !
    – Très pressé, monsieur. Il y va de la vie de deux des meilleurs serviteurs du roi. Et sachez que votre fortune dépend du succès de votre expédition. Je ne vous en dis pas plus.
    – Bon ! s’écria Genlis, radieux, je vous réponds sur ma tête de ramener ces deux gentilshommes, morts ou vifs.
    – Cette jeune fille va vous guider », dit Griffon, plus tranquille.
    Et, se tournant vers Fiorinda :
    « Vous voulez bien, n’est-ce pas, mon enfant ?
    – Disposez de moi comme vous l’entendrez », déclara simplement Fiorinda, qui ajouta :
    « Mais, pour Dieu, faites vite. »
    Quatre minutes plus tard, le capitaine de Genlis, ayant Fiorinda en croupe derrière lui, franchissait le pont-levis du Louvre, à la tête de cent gardes.
    Les gardes franchirent les ponts et traversèrent l’Université en trombe, sans s’occuper des piétons, dont quelques-uns, qui ne se rangèrent pas assez vite, furent écrasés. Ils arrivèrent à la rue des Marais. La maison de Fiorinda achevait de se consumer.
    « Trop tard ! » s’écria Fiorinda, désespérée.
    Mais Genlis ne perdait pas la tête, lui. D’ailleurs, il n’eut même pas besoin de s’informer. En reconnaissant l’uniforme des gardes, quelques-uns des sauveteurs crurent qu’ils arrivaient à la rescousse et il se trouva immédiatement quelqu’un pour aviser le capitaine que « les hérétiques » s’étaient enfuis, qu’on les avait poursuivis, et qu’on se battait en ce moment même du côté du pilori de l’abbé.
    Genlis s’était aussitôt lancé au triple galop dans cette direction. Et bientôt le désespoir de Fiorinda se changea en une joie ardente en reconnaissant bien vivants ceux pour qui elle s’était donné tant de peine.
    Elle les désigna à Genlis qui d’ailleurs connaissait fort bien le chevalier de Beaurevers, qu’il savait être un des grands familiers du roi. En revanche, et pour cause, il ignorait complètement le comte de Louvre qu’il n’avait jamais vu à la cour.
    Fiorinda se doutait bien que l’accueil que lui ferait Beaurevers ne serait pas précisément aimable. C’est ce qui fait qu’après les avoir montrés à Genlis, elle se laissa glisser à terre et s’éloigna vivement, sans avoir été remarquée.
    Au reste, elle n’était pas allée bien loin. Elle était restée aux environs du pilori, curieuse de voir ce qui allait se passer.
    On n’a pas oublié que Beaurevers et ses compagnons, après avoir réussi à mettre en fuite la bande de malandrins commandée par Guillaume Pentecôte, étaient persuadés qu’ils allaient avoir à en découdre avec les gardes du roi. Si la bataille n’était pas engagée déjà, cela tenait à ce que les soldats n’avaient eu aucun geste de provocation.
    Beaurevers crut que le capitaine allait leur mettre la main au collet. Échevelé, hagard, l’œil sanglant, il rugit :
    « Je vous avertis, monsieur, que mes amis et moi nous nous ferons écharper sur place plutôt que de rendre nos épées. N’avancez pas… ou je vous jure que je vous donne du fer dans le ventre. Ce dont j’aurai grand regret, car je vous tiens pour un galant homme.
    – Eh moi donc ! plaisanta Genlis, légèrement ahuri. Je tiens à mon ventre. Je trouve qu’il ne fait pas mal là où il est. Mais, mort Dieu ! Monsieur, vous avez une singulière manière d’accueillir les gens. Gardez votre épée. Elle ne saurait être en main plus dignes que les vôtres. Et il n’a jamais été question de vous la faire
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