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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs
Autoren: Michel Zévaco
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bougez pas, je vais me jeter aux genoux du roi qui est là, derrière cette porte, et le supplier d’arracher mon filleul au danger qui le menace. C’est l’affaire de deux ou trois minutes. »
    Il ouvrit la porte et pénétra dans la chambre du roi. Dans son trouble et dans sa précipitation, il oublia de fermer complètement la porte derrière lui.
    Fiorinda, sans en rien laisser paraître, n’avait pas été dupe de ses explications. Elle s’aperçut que cette porte, derrière laquelle on venait de lui dire que se tenait le roi, était simplement poussée. Ce fut plus fort qu’elle, une irrésistible impulsion la jeta contre cette porte.
    Elle écouta d’abord. Elle n’entendit rien, pas le plus petit murmure. Et elle avait l’ouïe fine.
    Plus intriguée, elle tira un peu la porte. Elle fut stupéfaite de voir que Griffon était seul. Fiorinda se dit :
    « Quel malheur, le roi n’est pas là !… Ce digne seigneur l’attend et avec quelle impatience, je le vois assez… que de temps perdu, Seigneur !… Arriverai-je jamais à temps ? Pourvu que le roi ne tarde pas trop !… »
    Durant deux longues minutes, Griffon se promena seul dans la chambre. Tout à coup, Griffon s’arrêta. Elle l’entendit distinctement murmurer :
    « Je crois que je peux revenir près de cette jeune fille maintenant. »
    Il fouilla dans son pourpoint. Il en sortit plusieurs papiers qu’il parcourut du regard. Il en prit un qu’il garda dans sa main tout déplié et remit les autres où il les avait pris. Il prit une plume et ajouta deux mots au bas du papier. Ceci fait, il marcha droit à la porte.
    Fiorinda eut juste le temps de se rejeter en arrière.
    « Le roi, fit-il avec un imperceptible sourire, a bien voulu me signer l’ordre que voici, grâce auquel nous allons sauver, je l’espère, mon cher filleul et son valeureux défenseur, M. le chevalier de Beaurevers. Suivez-moi, mon enfant, nous allons chez M. le capitaine du Louvre que je veux charger de cette mission. »
    Les soupçons vagues de Fiorinda s’étaient aussitôt transformés en certitude dès l’instant où elle l’avait pris en flagrant délit de mensonge. Et, en le suivant à travers les innombrables salles et couloirs par où il la faisait passer, elle se disait stupéfaite et inconsciemment effrayée :
    « Le comte de Louvre, c’est le roi de France !… Ce gentilhomme si doux, si aimable, qui s’est montré si bon pour moi, qui a daigné se déranger pour courir au secours d’une pauvre fille comme moi, à qui j’ai parlé familièrement, c’était le roi !… Le roi ! »
    Griffon, qu’elle suivait en songeant de la sorte, se dirigeait vers l’appartement occupé par le capitaine du Louvre. Cette importante charge était alors aux mains de François de Hangest, seigneur de Genlis.
    Griffon le rencontra comme il sortait de chez Catherine. Il était de fort méchante humeur. Dès les premiers mots de Griffon, il l’arrêta en disant d’un ton bourru :
    « Impossible, monsieur Griffon, je viens de recevoir des instructions formelles à ce sujet de M me  Catherine. Il me faut un ordre écrit du roi… Ou bien alors conduisez-moi vers lui afin qu’il me donne ses instructions de sa propre bouche.
    – Je sais, dit froidement Griffon, j’étais présent quand le roi a pris cette décision à la demande de M me  sa mère. Voici l’ordre que vous devez exiger… Remarquez, je vous prie, qu’il mentionne que vous avez à le remettre à Sa Majesté elle-même en lui rendant compte de la manière dont vous aurez accompli la mission dont elle daigne vous charger et dont je vais avoir l’honneur de vous donner le détail. »
    Le capitaine de Genlis prit le papier que lui tendait Griffon et le lut attentivement. Il était ainsi rédigé :
    Ordre à M. de Genlis, capitaine du Louvre, d’exécuter séance tenante, à la lettre, les instructions qui lui seront transmises, de notre part, par le sieur Griffon. Le secret le plus absolu sera gardé sur cette mission, dont M. de Genlis nous rendra compte en nous rapportant le présent ordre.
    Mandons et ordonnons à tous gens de nos ordonnances royales de prêter main forte audit capitaine du Louvre dans l’exécution de son mandat, et sur le seul vu du présent.
    Donné en notre château du Louvre, ce 12 mai de l’an de grâce 1560.
    FRANÇOIS.
     
    Le chiffre : 12 et le mot : mai, avaient été ajoutés par Griffon sous les yeux de Fiorinda aux aguets, mais le
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