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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs
Autoren: Michel Zévaco
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traverser en prodiguant les courbettes.
    Cette jeune fille – dont nous tairons le nom, comme nous taisons celui du concierge – vint droit aux rideaux, et s’y blottit à côté du concierge. Et voici les paroles qui furent échangées entre eux, à voix très basse :
    « On vient de demander M. Griffon de la part de M. le comte de Louvre. Il paraît que la chose presse grandement.
    – Qui est venu ?
    – Une jeune fille nommée Fiorinda.
    – La diseuse de bonne aventure ?
    – Elle-même.
    – Pourquoi demande-t-elle Griffon ?
    – Je n’ai pas pu le lui faire dire.
    – Il fallait refuser d’appeler le valet de chambre.
    – Peste, comme vous y allez ! le roi a donné lui-même des instructions à ce sujet : envoyer chercher Griffon séance tenante à la première réquisition de la personne qui se présentera de la part du comte de Louvre, quelle que soit cette personne, homme ou femme, gentilhomme ou manant, fût-ce même un truand de basse truanderie.
    – Voilà qui est extraordinaire.
    – C’est ainsi pourtant. Notez que je me suis permis de transgresser les instructions formelles du roi en posant des questions indiscrètes à la messagère de ce comte. Et il est certain que si elle en parle, le moins qui puisse m’arriver est d’être tancé d’importance.
    – Qu’est-ce que ce comte de Louvre auquel le roi s’intéresse de façon si particulière ?
    – Voilà ce qu’elle n’a pas voulu me dire non plus, mais ceci, la reine doit le savoir, elle. Ne pouvant faire mieux, j’ai pris mes dispositions pour que le laquais que j’ai envoyé vers Griffon s’acquitte de sa mission sans se hâter. Et là encore je risque de m’attirer la colère du roi. Le mieux me paraît d’aviser la reine en toute hâte.
    – J’y cours. »
    Et déjà la jeune fille était partie en courant.
    Quant au concierge espion, il revint précipitamment, par un autre chemin, auprès de Fiorinda.
    « J’ai envoyé quérir M. Griffon, dit-il. S’il en est comme vous dites, je pense qu’il ne saurait tarder à venir. »
    Il se montrait très aimable maintenant. Par cette amabilité, il espérait se concilier les bonnes grâces de la jeune fille et éviter qu’elle ne se plaignît de son premier accueil.
    Un quart d’heure se passa. Griffon ne venait pas. Fiorinda commençait à être sérieusement inquiète. Elle s’attendait à tout, sauf à une indifférence pareille de la part d’un homme que Beaurevers disait si dévoué. Car si Griffon ne venait pas, c’est qu’il se souciait fort peu du comte de Louvre. À moins que… Et mille questions, mille suppositions plus extraordinaires les unes que les autres se dressaient dans son esprit éperdu, sous le regard narquois du concierge, qui se doutait bien de la vérité, lui.
    Cette vérité était à la fois simple et terrible. Voici :
    L’espionne, en quittant son complice, le concierge, s’était aussitôt rendue auprès de Catherine, à qui elle fit son rapport.
    Catherine l’écouta, la remercia, la congédia, tout cela avec un air si calme, si indifférent, qu’elle put croire que la nouvelle qu’elle apportait n’avait qu’un médiocre intérêt aux yeux de sa maîtresse. Mais pendant que l’espionne parlait, Catherine réfléchissait :
    « Si François invoque l’assistance de Griffon, c’est qu’il est dans une situation critique, désespérée… C’est que Rospignac les tient enfin, lui et ce matamore de Beaurevers… Il faut donc empêcher Griffon d’envoyer le secours que François, sans aucun doute, réclame… Oui, mais si je fais cela, Griffon n’hésitera pas à me faire connaître la vérité et réclamera de moi l’assistance qu’il sera en droit d’attendre de la mère du roi. Alors, à moins de crier par-dessus les toits que je suis complice, il faudra bien que je lui vienne en aide… Non, vraiment, ce moyen est mauvais… Il ne faut pas que Griffon soit dans la nécessité de s’en référer à moi, il faut qu’il agisse seul, librement, selon les instructions que le roi a dû lui donner à ce sujet… Tout ce que je peux faire, sans risquer de me compromettre, c’est de retarder, de gagner du temps… C’est peu, et c’est énorme… Dans certaines circonstances critiques, une minute perdue peut causer d’irréparables malheurs. Il faut que je gagne cette minute. »
    Ceci se passait dans son esprit avec la rapidité foudroyante de la pensée. L’espionne achevait à peine son rapport
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