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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs
Autoren: Michel Zévaco
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chevalier de Beaurevers, j’ai l’honneur de vous faire connaître que vous êtes mes prisonniers. »

XXVII – FIORINDA AGIT
    En quittant Ferrière, Fiorinda s’était dirigée vers la porte de Nesle. Sur le quai des Augustins, en face le couvent et à côté du Château-Gaillard – qui se dressait lui-même à quelques pas de la tour de Nesle – il y avait un escalier de pierre, sans rampe, qui descendait à la rivière. Au pied de cet escalier, on voyait une demi-douzaine de bachots dans chacun desquels se tenaient un ou deux mariniers. C’est qu’il y avait, quelques toises plus haut, un autre escalier auquel abordait le bac. Et comme le service de ce bac n’était pas précisément régulier, ces pauvres diables se tenaient là, dans l’espoir que quelque passant pressé aurait recours à eux pour traverser.
    Elle entra dans le premier de ces bachots qu’elle vit monté par deux hommes.
    « Vite !… Aussi vite que vous pourrez !… » dit-elle.
    Quelques minutes plus tard, Fiorinda sautait sur le quai, à quelques pas de la rue de l’Austruce {10} , où se trouvait la principale entrée du Louvre. De là, elle ne fit qu’un bond jusqu’à la porte.
    Il lui fallut d’abord parlementer avec l’officier de garde à cette porte. Elle avait son histoire toute prête : un message verbal de la plus haute importance à transmettre à M. Griffon, valet de chambre du roi, de la part de son parent, le comte de Louvre.
    « Déranger M. Griffon, le valet de confiance du roi !… Peste, ce n’est pas une petite affaire, cela !… Il faut savoir d’abord, lui objecta-t-on.
    – Il m’a expressément recommandé de ne communiquer son message qu’à M. Griffon en personne. Vous voudrez bien m’excuser, monsieur, si je m’en tiens à cette recommandation et ne trahis pas la confiance dont j’ai été honorée. Tout ce que je puis vous dire, c’est que non seulement M. Griffon ne sera pas fâché d’avoir été dérangé, mais encore il vous saura grand gré de la diligence que vous aurez mise à l’avertir.
    – C’est bien, je vais faire appeler M. Griffon… Mais je vous préviens qu’il vous en cuira si la chose n’est pas d’importance autant que vous le dites.
    – Je n’ai rien à redouter à ce sujet. Mais par grâce, monsieur, ne perdez pas une minute, il y a urgence extrême. M. Griffon vous sera d’autant plus reconnaissant que vous serez plus pressé. »
    Le concierge acquiesça d’un léger signe de tête, sortit et poussa le verrou derrière lui. En sorte qu’elle se trouva bel et bien prisonnière.
    Elle ne parut pas s’en inquiéter. Elle alla s’asseoir sur une banquette et attendit avec confiance, mais non sans une impatience qui allait croissant à mesure qu’elle voyait le temps s’écouler.
    Voyons maintenant de quelle façon le concierge tenait compte de la recommandation pressante d’agir en toute hâte que Fiorinda venait de lui faire.
    Il venait de donner ses instructions à un grand flandrin de laquais, lequel avait un air benêt, auquel il ne fallait pas trop se fier pourtant, à en juger sur certains regards qui lui échappaient, et qui paraissaient singulièrement astucieux.
    Ce laquais se dirigea vers les appartements du roi. Il allait d’un air nonchalant, avec une lenteur désespérante. Dans la cour d’honneur, qu’il lui fallait traverser, il s’arrêtait à chaque instant, tantôt pour admirer un cavalier, tantôt pour détailler un cheval, comme s’il avait eu l’intention d’acquérir cette monture.
    Si Fiorinda avait pu le voir ainsi bayant aux corneilles, elle aurait pu se demander avec quelque inquiétude si ce drôle parviendrait jamais à traverser cette cour.
    Le concierge était parti de son côté. C’est lui que nous suivrons un instant. Si le laquais paraissait avoir fait la gageure de se laisser distancer par une tortue, le concierge, lui, par contre, semblait avoir des ailes aux talons. Et il se dirigeait vers les appartements de la reine mère, Catherine de Médicis.
    Il traversa, sans s’arrêter, en adressant force sourires et révérences à droite et à gauche, une pièce dans laquelle étaient quelques-unes des filles d’honneur de la reine. Il parvint ainsi dans une pièce déserte et il alla se dissimuler derrière les lourds rideaux de brocart d’une fenêtre.
    À peine venait-il de se tapir qu’une jeune fille parut. C’était une de celles qui se trouvaient dans la salle que le concierge venait de
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