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Le pianiste

Le pianiste

Titel: Le pianiste
Autoren: Wladyslaw Szpilman
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d’un
présentateur : un communiqué de la plus haute importance allait être
diffusé. Nous nous sommes aussitôt hâtés de nous pencher sur la radio, mon père
et moi, tandis que maman courait prévenir mes deux sœurs et mon frère dans la
pièce d’à côté. Des marches militaires se sont succédé, puis le speaker a
répété son annonce, puis il y a eu encore de cette musique martiale, puis à
nouveau l’annonce… Nous en étions arrivés à un niveau de tension presque
insupportable quand les premières notes de l’hymne national ont enfin retenti. En
entendant qu’il était suivi par celui de la Grande-Bretagne, nous avons compris
que nous n’étions désormais plus seuls face à notre ennemi. La déclaration
officielle nous a confirmé que nous disposions maintenant d’un allié puissant
et que la victoire était certaine, même si des épreuves nous attendaient encore
et si notre situation n’était pour l’instant pas des meilleures.
    Décrire l’émotion qui nous a étreints à cet instant serait
impossible. Mère avait les larmes aux yeux. Père ne cherchait pas à réprimer
ses sanglots. Quant à Henryk, mon frère, il en a profité pour faire mine de me
décocher un coup de poing et s’exclamer, non sans agressivité : « Tiens !
Je te l’avais bien dit, non ? » Regina, qui ne voulait pas nous voir
nous quereller en pareille occasion, s’est interposée d’un ton calme :
« Allons, arrêtez ! Nous savions tous que cela devait arriver… Elle a
marqué une pause : C’est la conséquence logique des traités internationaux. »
Comme sa profession de juriste lui conférait toute autorité en la matière, il
était inutile de chercher à polémiquer avec elle. Pendant ce temps, Halina s’était
assise devant le poste, cherchant à capter Radio Londres pour avoir une
confirmation indiscutable de la nouvelle.
    Mes deux sœurs étaient les éléments les plus raisonnables de
notre famille. De qui avaient-elles repris ce trait de caractère ? De Mère,
sans doute, et cependant celle-ci paraissait encore très impulsive, comparée à
Regina et Halina.
    Quatre heures plus tard, la France entrait en guerre contre
l’Allemagne. L’après-midi, mon père a tenu à participer au rassemblement convoqué
devant l’ambassade de Grande-Bretagne, en dépit des réticences de Mère. Il en
est revenu survolté, les vêtements en désordre à cause de la cohue. Il avait
entrevu notre chef de la diplomatie en compagnie des ambassadeurs britannique
et français, il avait poussé des hourras et chanté en chœur avec les autres, mais
soudain la foule avait été appelée à se disperser au plus vite, les autorités
craignant un raid aérien. Les manifestants avaient obéi avec une telle énergie
que Père avait manqué d’être étouffé, ce qui n’avait en rien terni sa bonne
humeur.
    Notre joie n’a été que de courte durée, malheureusement. Les
bulletins du front devenaient de plus en plus alarmants, et le 7 septembre, juste
avant l’aube, nous avons été réveillés par des coups insistants à notre porte. Le
voisin de l’appartement d’en face, un médecin, se tenait sur le seuil en hautes
bottes militaires, veste de chasse et casquette, sac à dos sur les épaules. Malgré
sa hâte, il avait estimé nécessaire de prendre le temps de nous prévenir que
les Allemands marchaient sur Varsovie, que le gouvernement avait été évacué à
Lublin et que tous les hommes valides avaient la consigne de quitter la ville
pour se regrouper sur l’autre rive de la Vistule, où une nouvelle ligne de
défense allait être constituée.
    Comme aucun de nous ne voulait le croire, j’ai résolu d’aller
glaner des informations auprès d’autres voisins. Henryk a allumé la radio mais
il n’a obtenu que le silence, la station avait cessé d’émettre. Pour ma part, je
n’ai pu trouver grand monde. Plusieurs appartements étaient déjà bouclés, dans
d’autres des femmes en pleurs préparaient le paquetage d’un mari ou d’un frère.
Chacun se préparait au pire et il n’y avait plus de doute possible : le
médecin n’avait pas menti.
    J’ai pris rapidement ma décision. J’allais rester. S’aventurer
hors de la cité ne servirait à rien ; si la mort m’attendait, je mourrais
plus vite chez moi. Et puis il fallait que quelqu’un veille sur ma mère et mes
sœurs au cas où mon père et Henryk partiraient, me suis-je dit. Lorsque nous en
avons discuté tous ensemble, cependant,
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