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Le peuple du vent

Le peuple du vent

Titel: Le peuple du vent
Autoren: Viviane Moore
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important ? Votre père a dit avoir blessé l’un de ses agresseurs. Vous vous en souvenez ?
    — Oui.
    — Voyez-vous une objection à ce que je demande à frère Aubré de se dénuder devant nous ? Nous aurions ainsi la preuve évidente de sa culpabilité, à moins que vous ne mettiez en doute le fait que Serlon de Pirou ait également blessé son adversaire ?
    — Non, non, jeta-t-elle agacée, allez-y !
    — Mon frère, c’est à vous, fit Hugues. Dans ses sentences, Publilius Syrus disait : « L’accusé innocent craint la Fortune et non pas les témoins. »
    — Nulla certior custodia innocentia, « Nulle protection aussi sûre que l’innocence », répliqua le moine en défaisant sa ceinture et en baissant le haut de sa robe.
    Son torse musclé était vierge de toute blessure.

60
    — Merci, mon frère, fit Hugues de Tarse, vous pouvez vous rhabiller. Nous pouvons donc considérer que le moine est innocent de cette accusation.
    — Non ! s’écria Sigrid. Si j’en crois mon père, ils étaient deux et il en a blessé un, pourquoi frère Aubré ne serait-il pas l’autre ?
    — Tel père, telle fille ! grommela Aubré. Vous n’avez que de la haine et du sang dans l’âme ! Dieu ait pitié de toi, Sigrid de Pirou.
    — Je n’ai pas besoin de vous et de votre pitié ! Vous ne m’avez pas répondu, Hugues de Tarse.
    — C’est vrai, damoiselle, et j’avoue avoir voulu éviter de convoquer à cette table un fantôme qui pourtant y siège depuis le début. Un autre cadavre du passé, j’ai nommé Osvald de Pirou. Le fils de Serlon, votre frère, damoiselle !
    Sigrid avait pâli, Serlon s’était raidi sur son siège.
    — Que vient faire Osvald là-dedans ? finit-elle par articuler.
    — Il est à l’origine des nombreux « accidents » qui ont failli causer la mort de votre père ces derniers mois, damoiselle.
    — Je ne comprends pas.
    — Alors je vais vous expliquer et à vous tous aussi. Mais pour cela, il faut remonter à ce matin vieux d’une année, où vous et votre frère êtes partis à cheval vers la grève et la chapelle au péril des flots.
    La jeune femme se rassit, elle était plus livide encore.
    — Vous êtes revenue ici, échevelée et trempée, pour annoncer la mort de son fils à votre père. Celui-ci, d’après les dires de l’aumônier, vous l’a d’ailleurs fait chèrement payer. Sur la grève, on n’a retrouvé que les vêtements et les armes d’Osvald, la mer avait emporté le reste.
    Tancrède, qui ne voyait où voulait en venir son maître, trouva en cet instant ses paroles bien cruelles pour la jeune fille et son père.
    Hugues s’était tourné vers frère Aubré :
    — J’ai même cru, un instant, à votre culpabilité dans cette disparition, mon frère. Car vous étiez à Lessay à ce moment, n’est-ce pas ? Peu avant la Sainte-Croix, l’an dernier ?
    — Mais comment le savez-vous ? Oui, j’y étais. Mais je ne suis pas allé vers Pirou.
    Sigrid s’était à nouveau levée. C’est d’une voix ferme qu’elle dit :
    — Je ne vois pas la nécessité de tout cet étalage, messire. Venons-en au fait, l’agression de mon père, et laissons de côté la mort de mon pauvre frère, voulez-vous ?
    — Je le voudrais bien, répliqua Hugues, mais l’un est à l’origine de l’autre.
    Hugues jeta sur la table la sangle et les morceaux d’écorce.
    — Du bois-joli sous la selle du destrier de votre père, des moellons qui se détachent des remparts, une sangle usée par une main criminelle... Et enfin, les coups de poignard dans les souterrains.
    — J’ignorais tout cela, protesta Sigrid.
    — Je pourrais vous faire encore un long discours, mais je vais être plus direct.
    Il se tourna vers Serlon :
    — Tout ceci est extrêmement fatigant pour vous, messire, aussi je vous demanderai juste de me désigner celui que vous avez reconnu dans les souterrains. Car vous avez reconnu un de vos adversaires, n’est-ce pas ?
    Serlon hocha la tête, son bras se tendit, désigna un de ceux assis autour de la table.
    Au moment même où l’autre se levait dans un geste de protestation, Tancrède entrevit ce qu’il n’avait voulu admettre jusque-là. La vérité que tout son être repoussait. Mais il n’y avait pas d’autre explication...
    Le maître d’armes s’était dressé, il secouait la tête.
    — Non, non, ce n’est pas moi !
    Sur un geste de Serlon, le capitaine et deux de ses hommes s’étaient
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