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Le peuple du vent

Le peuple du vent

Titel: Le peuple du vent
Autoren: Viviane Moore
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laissez un homme de garde devant sa porte. Nous déciderons de son sort plus tard.
    — Ma soeur ! protesta Randi en se levant, les larmes aux yeux. Qu’allez-vous faire ? Il n’a plus sa raison. Regardez comme il est devenu, il n’a plus rien d’un homme, il fait pitié.
    — Notre « pauvre cousin » a tout de même tué son père de plusieurs flèches dans le dos ! répondit sèchement Sigrid qui se tourna vers Hugues. Et maintenant, messire, si nous en venions au dénouement de tout cela et à l’agression de mon père ?
    — Bien, damoiselle.
    — Vous ne semblez guère pressé d’en finir, remarqua-t-elle au bout d’un moment, comme l’Oriental ne se décidait toujours pas à prendre la parole. Il me semble pourtant que les faits sont assez clairs. Frère Aubré... ou devrais-je dire mon cousin Robert de Pirou, fort de sa haine pour mon père, l’a agressé dans les souterrains pour le tuer et reprendre sa place ici.
    Tancrède songea qu’il n’aurait guère aimé être en cet instant à la place de son maître. Déjà, il se reprochait de n’avoir pas compris la culpabilité de Mauger, mais aucune réponse ne lui venait non plus concernant l’agression de Serlon. Et puis, même si certaines accusations semblaient fondées, il ne pouvait se départir d’un sentiment de sympathie pour le fantasque personnage qui lui avait prédit son avenir.
    D’ailleurs le moine blanc s’était levé.
    — Puis-je prendre la parole ? dit-il d’une voix rauque.
    — Bien sûr, mon cousin, fit Sigrid. Nous vous écoutons.
    — Non, vous, Sigrid de Pirou, écoutez-moi ! Car ceci vous concerne plus que tous les autres !
    Le ton était menaçant et Tancrède retrouva chez le religieux cette façon singulière qu’il avait de se tenir et de regarder sans voir, quand il annonçait une prophétie.
    Avait-elle senti, elle aussi, qu’il valait mieux se taire ? Sigrid, le visage contracté, ne répondit rien.
    — Le froid est venu, commença le moine. Comme le feu, il apporte le châtiment. Ce soir tombera le vent du nord. Ce soir, le silence. Les cadavres resteront debout sur la terre durcie des cimetières. La glace prendra les arbres, les rivières et les lacs. La mer gèlera et dans ses vagues immobiles reposera à jamais la dame blanche !
    Aubré se rassit.
    — Voilà qui est bel et bon, mon cousin ! s’exclama Sigrid. Mais je croyais plutôt que vous alliez nous dire le nom de l’agresseur de mon père.
    Hugues se leva.
    — Me permettez-vous, damoiselle ?
    — Je vous en prie, même, répliqua Sigrid. Donnez-nous toute la lumière. Nous ne désirons que ça et comme mon père ne peut nous la donner lui-même, autant que vous vous fassiez son interprète.
    — Qui vous a dit que votre père ne pourrait plus parler ?
    — Mais vous-même, messire, et ma soeur... A qui frère Baptiste a dit qu’il ne savait pas s’il pourrait à nouveau... Son extrême faiblesse, sa blessure à la gorge. Ainsi donc, mon père, vous pouvez nous parler ?
    Serlon ne broncha pas, mais son regard était une réponse.
    — Eh bien, tant mieux, je m’en réjouis. Nous vous écoutons, messire de Tarse.
    Sigrid se rassit sur son fauteuil.
    Tancrède, qui ne la quittait pas des yeux, ne put s’empêcher d’admirer la façon dont elle s’était glissée dans le rôle du seigneur du château. Et même si elle avait l’air plus dure ainsi, elle lui plaisait et il ne pouvait s’empêcher de se rappeler qu’elle avait crié son nom là-bas dans la cabane sous la dune.
    — Je voulais tout d’abord, avec tout le respect que je vous dois, vous contredire sur un point, damoiselle, reprit l’Oriental. Et aussi vous poser une question. Nous recherchions deux agresseurs, or vous n’avez mis au banc des accusés que frère Aubré. Qui est le second ?
    — Le second... Vous pensez aux paroles de mon père. Mais je crois que mon père s’est trompé. Comment aurait-il pu, dans la pénombre des souterrains, voir clairement ce qui se passait ? Je crois qu’il n’y en avait qu’un et que c’était le moine !
    — Me crois-tu si diminué que je ne sache combien m’agressent ? s’exclama soudain Serlon, d’une voix éraillée.
    Sigrid s’était levée, très pâle.
    — Mais je...
    — Votre père a très nettement vu deux adversaires, damoiselle. Qui donc croyez-vous aurait pu aider le moine ?
    La jeune femme se troubla :
    — Je ne sais pas.
    — Puis-je aussi vous rappeler un autre élément
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