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Le pays des grottes sacrées

Le pays des grottes sacrées

Titel: Le pays des grottes sacrées
Autoren: J. M. Auel
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1
     
     
    Le groupe de voyageurs avait
emprunté le sentier courant entre les eaux étincelantes de la Rivière des
Prairies et la paroi calcaire blanche veinée de noir, le long de la rive
droite. Les uns à la suite des autres, ils longeaient la courbe où la roche
surplombait le bord de l’eau. Devant eux, un sentier plus étroit filait en
direction du gué, où l’eau s’étalait, moins profonde, et bouillonnait entre des
affleurements de rochers.
    La jeune femme qui ouvrait la
marche s’arrêta brusquement et, les yeux écarquillés, regarda devant elle. Elle
esquissa un mouvement du menton et murmura, apeurée :
    — Là-bas ! Des
lions !
    Joharran, le chef, leva un bras
pour indiquer au groupe de faire halte. Au-delà de l’endroit où le sentier se
divisait, ils découvrirent des lions des cavernes au pelage marron clair
paressant dans l’herbe haute. Celle-ci leur offrait un couvert si dense que les
voyageurs ne les auraient pas repérés si tôt sans le regard perçant de
Thetford. La femme de la Troisième Caverne avait une vue exceptionnelle. Son
talent, décelé précocement, avait été encouragé par les membres de sa Caverne
dès l’enfance. Elle était leur meilleure guetteuse.
    À l’arrière du groupe, Ayla et
Jondalar, que suivaient trois chevaux, levèrent la tête pour voir ce qui se
passait.
    — Je me demande pourquoi on
s’est arrêtés, s’interrogea Jondalar, le front plissé.
    Ayla observa le chef et ceux qui
l’entouraient, puis protégea instinctivement de la main l’enfant qu’elle
portait contre sa poitrine dans une souple couverture de cuir. Après sa tétée,
Jonayla s’était endormie, mais elle remua en sentant les doigts de sa mère.
Ayla possédait une capacité remarquable à interpréter le langage corporel,
acquise dans sa jeunesse quand elle vivait avec le Clan. Elle sut que Joharran
était en alerte et Thefona, effrayée.
    À l’instar de Thefona, Ayla
possédait une vue perçante. Elle pouvait également capter des sons inaudibles
pour les autres, et son odorat était très aiguisé. Comme elle ne se comparait
jamais à personne, elle ne se rendait pas compte de la qualité extraordinaire
de ses facultés sensorielles. Cette acuité avait sans nul doute contribué à la
maintenir en vie après qu’elle eut perdu ses parents et le monde auquel elle
appartenait, à l’âge de cinq ans. Pendant des années, elle avait développé ses
aptitudes naturelles grâce à son observation des animaux, les carnivores en
particulier, et avait appris seule l’art de la chasse.
    Dans le silence, elle distinguait
le rugissement faible mais familier des lions, elle détectait leur odeur dans
la brise. Soudain les félins cachés par l’herbe haute jaillirent. Ayla compta
deux jeunes et trois ou quatre adultes. Se remettant à marcher, elle prit d’une
main le propulseur attaché à une boucle de sa ceinture, de l’autre une sagaie
dans l’étui suspendu à son dos.
    — Où vas-tu ? lui
demanda Jondalar.
    Elle s’arrêta.
    — Des lions, devant nous,
fit-elle à voix basse. Juste après l’endroit où la piste bifurque.
    Jondalar tendit la main vers ses
armes.
    — Reste ici avec Jonayla.
    Ayla baissa les yeux sur son bébé
endormi puis regarda de nouveau son compagnon.
    — Tu sais manier le
lance-sagaie, mais il y a au moins deux lionceaux et trois lions, probablement
plus. S’ils croient leurs petits en danger et décident d’attaquer, tu auras
besoin d’aide et tu sais que je suis meilleure que n’importe qui, toi excepté.
    Il plissa de nouveau le front
puis hocha la tête.
    — Et les chevaux ?
    — Ils ont senti les lions.
Regarde-les.
    Les trois bêtes, y compris Grise,
la toute jeune pouliche, gardaient les yeux braqués en direction des félins.
    — Ils savent rester à
l’écart des lions, poursuivit Ayla. Mais où est Loup ? Je vais le siffler…
    — Pas la peine, répondit
Jondalar, tendant le bras. Le voilà. Il a dû sentir quelque chose lui aussi.
    Ayla se retourna, vit le loup
courir vers elle. C’était un animal magnifique, plus gros que la plupart de ses
congénères. Une oreille coupée lors d’un combat contre d’autres loups lui
donnait un air à nul autre pareil. Elle lui adressa le signal de ralliement
qu’elle utilisait lorsqu’ils chassaient ensemble. Jondalar et Ayla se portèrent
rapidement à l’avant du groupe, tâchant de faire le moins de bruit possible.
Joharran eut un hochement de tête satisfait quand
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