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Le pays des grottes sacrées

Le pays des grottes sacrées

Titel: Le pays des grottes sacrées
Autoren: J. M. Auel
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il les vit apparaître
silencieusement, leur lance-sagaie à la main.
    — Combien sont-ils ?
s’enquit Ayla.
    — Plus que je ne pensais,
répondit Thefona, tentant de cacher sa peur. Quand je les ai aperçus, j’ai cru
qu’ils étaient trois ou quatre, mais maintenant qu’ils se sont mis en
mouvement, je pense qu’il y en a davantage. C’est une grande troupe.
    — Et ils sont sûrs d’eux,
ajouta Joharran.
    — Comment le sais-tu ?
demanda Thefona.
    — Ils ne se préoccupent pas
de nous.
    — Ayla connaît bien les
lions des cavernes, fit remarquer Jondalar. On devrait peut-être lui demander
son avis.
    Joharran se tourna vers la jeune
femme, l’air interrogateur.
    — Tu as raison, dit-elle,
ils savent que nous sommes là, ils savent combien nous sommes. Nous ne leur
paraissons peut-être pas plus dangereux qu’un troupeau de chevaux ou d’aurochs
et ils doivent se croire capables d’isoler le plus faible d’entre nous. Ils ne
sont pas d’ici.
    — Qu’est-ce qui te fait
croire ça ? demanda Joharran, étonné comme toujours par l’étendue du
savoir d’Ayla.
    — Ils ne nous connaissent
pas, voilà pourquoi ils sont sûrs d’eux. Si c’était une troupe de la région,
vivant près des Cavernes, nous les aurions chassés plusieurs fois et ils
seraient moins confiants.
    — Alors, il faut leur donner
une raison de s’inquiéter, conclut Jondalar.
    Joharran fronça les sourcils
d’une façon qui accentua sa ressemblance avec son frère, plus jeune par l’âge
mais plus grand par la taille.
    — Il serait peut-être plus
sage de les éviter, déclara-t-il.
    — Je ne crois pas, dit Ayla
en baissant les yeux.
    Elle avait toujours des difficultés
à contredire un homme en public, surtout un chef. Si cette attitude était tout
à fait acceptable pour les Zelandonii – dont plusieurs chefs étaient
des femmes, comme l’avait été un temps la mère de Jondalar et Joharran –,
elle n’aurait pas été tolérée dans le Clan, où Ayla avait grandi.
    — Pourquoi ? demanda
Joharran.
    — Ces lions se trouvent trop
près du foyer de la Troisième Caverne. S’ils se sentent en sécurité, ils
reviendront et finiront par prendre pour proies ceux d’entre nous qui seront à
leur portée, en particulier les enfants ou les aînés. Ils seront un danger pour
ceux qui vivent au Rocher des Deux Rivières et pour les Cavernes voisines, y
compris la Neuvième.
    Joharran regarda son frère aux
cheveux blonds.
    — Ta compagne a raison, et
toi aussi. Le moment est peut-être venu de leur montrer qu’ils ne sont pas les
bienvenus si près de nos foyers.
    — Ce serait aussi l’occasion
d’utiliser les lance-sagaies pour chasser à une distance plus sûre, souligna
Jondalar. Plusieurs d’entre nous s’y sont exercés.
    C’était une des raisons pour
lesquelles il avait voulu revenir auprès des siens : leur montrer l’arme
qu’il avait mise au point.
    — Nous n’aurons peut-être
pas à en tuer un, ajouta-t-il. Il suffira d’en blesser deux ou trois pour leur
apprendre à se tenir à l’écart.
    — Jondalar… commença Ayla.
    Elle était maintenant capable
d’exprimer un avis différent du sien, ou tout au moins de lui soumettre un
argument à considérer. Elle n’avait pas peur de lui dire ce qu’elle pensait,
mais elle voulait le faire avec respect.
    — Un lance-sagaie est une
très bonne arme, convint-elle. Il permet de lancer d’une distance moins
dangereuse qu’à la main. Mais « plus sûr », ce n’est pas « tout
à fait sûr ». Un animal blessé est imprévisible. Quand il a la force et la
rapidité d’un lion des cavernes, la douleur le rend capable de tout. Si tu
décides d’utiliser ces armes contre ces lions, ce ne doit pas être pour blesser
mais pour tuer.
    — Elle a raison, approuva
Joharran.
    — C’est vrai, admit Jondalar
avec un sourire penaud. Mais, si redoutables que soient les lions des cavernes,
je répugne toujours à en abattre un quand je n’y suis pas contraint. Ils sont
splendides, agiles et gracieux dans leurs mouvements. Ils n’ont pas grand-chose
à craindre. Leur force leur donne confiance.
    Il regarda sa compagne avec
fierté et amour.
    — J’ai toujours pensé que le
Lion des Cavernes était un totem parfait pour toi.
    Gêné de révéler des sentiments
aussi profonds, il s’empourpra.
    — Je pense quand même que
c’est le moment d’utiliser les lance-sagaies, conclut-il.
    Joharran remarqua que la
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