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Le pays de la liberté

Le pays de la liberté

Titel: Le pays de la liberté
Autoren: Ken Follett
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cousin de sa première épouse. Durant toute l'enfance de Jay, son père avait été obsédé par le charbon. Il avait consacré tout son temps et tout son argent à creuser de nouveaux puits et n'avait apporté aucune amélioration au ch‚teau.
    Même si Jay y avait passé son enfance, il n'aimait pas l'endroit. Les énormes pièces du rez-de-chaussée - le vestibule, la salle à manger, le salon, la cuisine et l'office -, balayées de courants d'air, étaient disposées autour d'une cour centrale avec une fontaine dont l'eau gelait d'octobre à mai. La maison était impossible à chauffer. De grands feux dans chaque chambre, br˚lant le charbon que fournissaient en abondance les puits Jamisson, ne réchauffaient guère l'air glacé des grandes pièces au sol dallé, et les couloirs étaient si froids qu'il fallait passer un manteau pour aller d'une pièce à une autre.
    Voilà dix ans, la famille était allée s'installer à Londres, laissant une poignée de domestiques pour garder la maison et protéger le gibier. Pendant quelque temps, ils étaient revenus chaque année, amenant avec eux des invités et des serviteurs. Mais Père répugnait de plus en plus à abandonner ses affaires et les visites se firent de plus en plus rares. Jay aurait préféré ne pas revenir du tout. Toutefois, c'était une agréable surprise de retrouver Lizzie Hallim devenue grande : et pas seulement parce qu'elle lui fournissait l'occasion de tourmenter son frère aîné.
    Il contourna les écuries et mit pied à terre. Il flatta l'encolure du hongre. Íl n'est pas fait pour le steeple-chase, mais c'est une bonne monture, dit-il au palefrenier en lui tendant les rênes. Je serais heureux de l'avoir dans mon régiment.ª
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    Le garçon d'écurie parut ravi. ´Merci, monsieurª, dit-il.
    Jay passa dans le grand hall. C'était une vaste pièce lugubre, avec des recoins d'ombre o˘ la lumière des chandelles pénétrait à peine. Un lévrier maussade était allongé sur une vieille couverture de fourrure devant le feu de charbon. Jay le délogea de la pointe de sa botte pour pouvoir se réchauffer les mains.
    Au-dessus de la cheminée était accroché le portrait de la première femme de son père, Olive, la mère de Robert. Jay avait cette toile en horreur. Cette femme était là, grave, avec des airs de sainte, vous regardant du haut de son long nez. Prise d'une mauvaise fièvre, elle était morte brusquement à
    vingt-neuf ans : le père de Jay s'était remarié, mais jamais il n'avait oublié son premier amour. Il traitait Alicia, la mère de Jay, comme une maîtresse, un jouet sans statut et sans droit: cela donnait presque à Jay l'impression d'être un fils illégitime. Robert était le premier-né, l'héritier, le favori.
    Il tourna le dos au portrait. Un valet lui apporta une timbale de vin chaud épicé et il en but une gorgée avec gratitude. Peut-être cela apaiserait-il la tension qu'il sentait dans son estomac. C'était aujourd'hui que Père allait annoncer ce que serait la part d'héritage de Jay.
    Il savait fort bien qu'il n'aurait pas droit à la moitié, ni même au dixième de la fortune de son père. Robert hériterait du domaine, avec ses mines prospères et la flotte de navires qu'il dirigeait déjà. La mère de Jay lui avait conseillé de ne pas discuter là-dessus : elle savait que Père était intraitable.
    Robert n'était pas seulement le seul fils : il était Père tout craché. Jay, lui, était différent, et c'était pour cela que son père le traitait avec mépris. Comme Père, Robert était habile, sans cúur et ladre. Jay était insouciant et dépensier. Père avait horreur des gens qui ne faisaient pas attention à l'argent, surtout quand c'était le sien. Il avait plus d'une fois crié à
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    Jay: ´Je sue sang et eau pour gagner de l'argent que tu jettes par les fenêtres ! ª
    Jay avait encore aggravé les choses, voilà quelques mois à peine, en laissant s'accumuler une énorme dette de jeu : neuf cents livres. Il avait obtenu de sa mère qu'elle demande à Père de la régler. C'était une petite fortune, assez pour acheter Jamisson Castle, mais Sir George pouvait facilement se permettre cette dépense. Malgré cela, il s'était comporté
    comme si on lui coupait une jambe. Depuis lors, Jay avait encore perdu de l'argent, mais son père n'en savait rien.
    Ńe lutte pas avec ton père, lui avait recommandé Mère, mais demande quelque chose de modeste. ª Souvent les fils cadets partaient pour les
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