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Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet
Autoren: Frédéric Hulot
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augmentée, en 1844, par son mariage avec la fille d’un banquier prussien, Isabelle Schiekler. Grand propriétaire terrien dans l’Eure, il était en outre administrateur de plusieurs importantes sociétés financières et industrielles et, dans les années suivantes, devait le devenir pour plusieurs compagnies de chemin de fer. À la fin du Second Empire, il fut désigné vice-président du conseil d’administration de la compagnie du canal de Suez.
    Parallèlement à ce rôle, il mena avec succès une carrière politique. Sous le règne de Louis-Philippe, il avait de droit fait partie de la chambre des pairs. Élu député de l’Eure en 1849, il fit, dès le début, partie de ceux qui soutenaient le prince-président Louis-Napoléon. Aussi, bénéficiant toujours de la candidature officielle, il fut systématiquement élu et réélu au corps législatif du Second Empire. Il fit également partie du conseil général de son département et fut, pendant plusieurs années, maire de Vernon. Au moment de la déclaration de guerre de 1870, acte dans lequel il joua un certain rôle, l’empereur était sur le point de le nommer membre du Sénat. En revanche, lorsqu’il voulut se présenter aux élections du Sénat de la République en 1876, il fut battu.
    Il mourut cette même année à l’âge de soixante-trois ans, laissant trois enfants. Son fils, Raoul, fut le troisième duc d’Albufera et ne joua aucun rôle dans la vie publique. Lui-même se maria en 1874, donnant ainsi à la vieille maréchale la joie d’être arrière-grand-mère. Il est vrai que sa fille aînée Louise, mariée dès 1830, lui avait assuré une nombreuse postérité mais ce n’étaient plus des Suchet.
    La maréchale mourut en 1884, âgée de quatre-vingt-quatorze ans, autant dire presque centenaire. Elle avait vu s’éteindre tous ses contemporains : son beau-frère Gabriel en 1835, le fidèle Saint-Cyr Nugues en 1842, son frère François, son fils, le roi Louis-Philippe, l’empereur Napoléon III et son fils, le prince impérial, et même le comte de Chambord. Elle habitait toujours son hôtel de Paris et se rendait à son château en empruntant le chemin de fer. Depuis de nombreuses années la doyenne des maréchales, sa mort passa presque complètement inaperçue. Ne survivait plus alors que la seconde épouse de Grouchy qui devait disparaître cinq ans plus tard. La fille d’Honor, Louise, ne lui survécut qu’un an et disparut à l’âge de soixante-quatorze ans. Avec elle, s’est tournée une page de l’Histoire de France.

CONCLUSION
    Parmi les vingt-quatre maréchaux de Napoléon, Suchet représente, de par ses origines, un cas particulier. Ses camarades étaient issus soit de la noblesse et dans ce cas avaient servi comme officiers avant la Révolution, soit de la population terrienne et avaient alors intégré l’armée par le bas, avant de devenir sous-officiers, soit de la petite bourgeoisie, commerçants, auxiliaires de justice, voire artisans. Dans tous les cas de figure, à une ou deux exceptions près, ce furent des tacticiens d’un bon niveau, plusieurs se découvrirent des compétences de stratèges ; mais s’ils avaient beaucoup d’autres qualités, c’étaient rien moins que des hommes du monde sachant tenir leur place dans un salon. Du reste, sur ce point, Napoléon n’était pas mieux loti qu’eux ! En un mot, ces soldats étaient avant tout des trognes à épée et leur éthique en matière économique se résumait au mot du « patron » : la guerre doit nourrir la guerre, formule assez large qui, outre qu’elle permettait de vivre avec des règles plutôt lâches sur les pays occupés, autorisait les grands chefs à faire main basse sur toutes les richesses artistiques ou autres qu’ils pouvaient dénicher.
    Suchet, tant par son éducation que ses convictions, se trouvait à l’opposé du comportement de la plupart de ses camarades. C’était un de ces grands bourgeois à l’esprit libéral, partisan dès avant la Révolution de réformes à condition qu’elles soient mises en place dans l’ordre et le respect des institutions. Devenu soldat presque par hasard, il y prit goût mais considéra dès le début qu’une unité militaire quelle que soit son importance devait se gérer et se commander comme une entreprise industrielle.
    De même, quoiqu’il n’ait eu aucune connaissance particulière en matière de stratégie ou de tactique, il en arriva vite à estimer qu’une campagne
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