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Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet
Autoren: Frédéric Hulot
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pays qui en manquait !
    Tout permet de supposer que le sieur Blachère, propriétaire du moulin existant en aval, fit jouer ses relations et pesa de tout son poids sur la décision. Fort dépité, mais tout de même décidé à concrétiser son projet, Jean-Pierre quitta Largentière et alla s’installer à Lyon. Certain historien a daté sa requête au conseil politique de 1772. La chose est tout à fait impossible car à cette date l’intéressé était parti depuis longtemps du Vivarais.
    À Lyon, il réussit vite et bien. Fabricant de soieries dans une usine qu’il put rapidement construire, il décida de commercialiser ses propres produits, réalisant ainsi une manière d’intégration verticale. La matière première lui était en partie fournie dans de bonnes conditions par sa famille. En 1779, soit environ douze ans après son arrivée à Lyon il était tellement bien admis dans ce milieu très fermé des soyeux qu’il fut recruté comme un des dix-huit recteurs de l’hôpital de la Charité. En même temps, il fut nommé procureur du bureau de la régie des moulins à soie. Un peu plus tard, en 1788, il était coopté par ses pairs comme juge conservateur aux foires de Lyon.
    Pour accéder à ces honneurs, il avait bénéficié de l’appui de la franc-maçonnerie, ayant adhéré très tôt, peut-être autant par intérêt que par conviction, à la grande loge provinciale dont il fut élu successivement vénérable puis trésorier.
    Sa situation matérielle étant solidement établie, Jean-Pierre Suchet décida de fonder une famille. En 1766, alors qu’il était âgé de vingt-neuf ans il se maria avec la fille de l’un de ses confrères, Marie-Anne Jacquier, qui passait à la fois pour belle et charmante : mariage de raison plus que d’inclination sans doute. Mais le couple semble avoir été heureux. Jean-Pierre s’était aménagé un vaste et somptueux appartement près de la place des Terreaux.
    À peu près dans le même temps, à l’instar de nombre de ses confrères soyeux, il devint propriétaire d’une maison de campagne non loin de Lyon, en bordure de la Saône, à Saint-Rambert de l’île Barbe. C’était une assez vaste demeure plantée au milieu d’un grand parc. Elle était conçue pour permettre aux Suchet de recevoir de nombreux amis. Avec un certain sens de l’humour, Jean-Pierre la nomma « La Mignonne ».
    La vie comblée du jeune couple fut malheureusement assez brève. Après quatre ans de mariage, Marie-Anne avait mis au monde le 2 mars 1770 un premier garçon prénommé Louis-Gabriel.
    Trois ans plus tard, elle donna un second fils, Gabriel-Catherine, à son mari (6 décembre 1773). Hélas, ayant sans doute mal supporté cette seconde grossesse, elle décéda peu après.
    Contrairement aux pronostics et aux sollicitations de son entourage, Jean-Pierre Suchet ne se remaria pas. Il embaucha une veuve d’un certain âge qui avait élevé ses propres enfants et se révéla tout à fait apte à jouer le rôle de gouvernante auprès des fils de son patron.
    Ayant ainsi pris toutes les dispositions utiles pour l’éducation de ses enfants, Jean Pierre Suchet put consacrer l’essentiel de son temps à la direction de son entreprise ainsi qu’aux actions nécessaires à l’accomplissement de sa carrière d’homme public qui en 1788 semblait à tous loin d’être achevée. Il pouvait briguer de plus importantes fonctions et tout laisse supposer qu’il s’y préparait.
    Pour parachever son œuvre, il aurait voulu y voir associés ses deux fils devenus adultes. Malheureusement, il disparut relativement jeune, à cinquante et un ans, en janvier 1789, laissant des héritiers encore inexpérimentés qui allaient devoir faire face à de formidables remous politiques et économiques.
    On ne sait rien sur la manière et le lieu où furent menées les études primaires des fils de Jean-Pierre Suchet. Apprirent-ils à lire avec leur gouvernante, un précepteur, dans une école privée ? Toutes les hypothèses sont possibles. Mais lorsqu’il atteignit onze ans, en 1781, Louis-Gabriel fut inscrit au collège de l’île Barbe en face de la propriété de son père. Cet établissement dirigé par un prêtre, l’abbé Reydellet, jouissait d’une excellente réputation dans la bourgeoisie lyonnaise assez exigeante en la matière. Louis-Gabriel Suchet fut, semble-t-il, assez bon élève, surtout intéressé par l’histoire et les mathématiques qui étaient une matière un
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