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Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet
Autoren: Frédéric Hulot
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PROLOGUE
    DU VIVARAIS AU LYONNAIS
( XVI e – XVIII e siècle)
    Selon toute vraisemblance, les Suchet étaient originaires du Bas-Vivarais. Cette ancienne province, partie du Languedoc, après être passée par les mains de plusieurs grands féodaux, avait été rattachée à la couronne de France dès le XIII e  siècle à l’issue de la croisade contre les Albigeois.
    Ce n’est que dans le courant du XVI e  siècle que les Suchet semblent s’être fixés dans la petite ville de Largentière. Mais ils avaient déjà acquis une certaine aisance car, d’emblée, ils furent catalogués « bourgeois de la ville ». C’étaient des négociants. Leur commerce portait à la fois sur des produits agricoles locaux et manufacturés qu’ils allaient acheter dans des foires périphériques.
    En même temps, bien intégrés dans leur ville, ils s’intéressaient à son administration et l’un d’entre eux, Jean-Joseph, né en 1754, qui exerçait le métier d’« entrepreneur de tabac », devint maire de la ville.
    D’esprit curieux et novateur, plusieurs d’entre eux purent se targuer d’être « inventeurs », ce qui leur valut une pension royale. Jean-Pierre Suchet, dont il sera question plus loin, ira même jusqu’à soumettre en 1783 un mémoire qui sera agréé à l’Académie des sciences et dont le sujet portera sur un changement entraînant une économie d’énergie et une amélioration des conditions de travail des ouvriers dans la fabrication des tissus de soie.
    Car la soie va jouer un grand rôle dans la destinée des Suchet. Déjà, sous Henri IV, les agronomes Olivier de Serres et Traucat avaient recommandé l’introduction du mûrier en France. Leur initiative fut poursuivie par Colbert dans son désir de développer l’industrie française. Un phénomène naturel allait, un peu plus tard, permettre l’extension de ces plantations. En 1709, un hiver très rigoureux détruisit les forêts de châtaigniers dans le Bas-Vivarais. C’était une catastrophe, car la châtaigne constituait une des bases de l’alimentation.
    On les remplaça par des mûriers dont la croissance est plus rapide. Or les feuilles de mûrier constituent la nourriture exclusive du ver à soie. Un peu partout, se construisirent des bâtiments d’élevage de cette larve : des magnaneries. Si des industries de bobinage virent le jour, le plus gros de l’industrie du tissage se situa géographiquement autour de Lyon.
    Le marché de la soie était porteur. La cour de France, la haute noblesse, la riche bourgeoisie en étaient grandes consommatrices tant pour les vêtements, les draps que les tentures. De plus, la qualité des produits français les faisait rechercher par toutes les cours d’Europe, d’où un fort courant d’exportation qui mettait les Lyonnais en rapports étroits avec de nombreux pays.
    Très tôt, les Suchet comprirent qu’ils auraient intérêt à s’investir dans ce secteur d’activité. Simples négociants au départ, ils devinrent vite producteurs, possédant probablement plusieurs magnaneries.
    Jean-Pierre Suchet, frère puîné d’un des « inventeurs », naquit en 1737. D’esprit entreprenant comme plusieurs membres de sa famille, il décida en 1762, à l’âge de vingt-cinq ans, de faire un nouveau pas en avant. Disposant des capitaux nécessaires, sans doute fournis en partie par les siens, il voulut créer à Largentière une usine de filature et de tissage de la soie. Comme force motrice, il prévoyait d’utiliser l’eau courante d’un bief dérivé d’un canal qui traversait Largentière et qui actionnait déjà un moulin à soie en aval du lieu choisi par lui. Bien entendu, le propriétaire du moulin en question craignant que la roue de la future usine de Suchet ne vienne diminuer sa propre puissance motrice tenta de s’y opposer. Mais la décision finale dépendait non pas de lui mais du conseil politique (plus ou moins l’équivalent de l’actuel conseil municipal) de la ville.
    Or celui-ci, par un arrêt dont le texte nous est parvenu (annexe 2), rejeta la demande de Jean-Pierre Suchet sous le plus curieux des motifs. Il y aurait déjà trop d’usines dans la région ! Elles ne donnaient du travail à leurs ouvriers qu’une partie de l’année par suite du manque de matières premières. Lesdits ouvriers habitués à un « travail facile » étaient dès lors peu propres au travail de la terre et c’étaient autant de bras perdus pour l’agriculture dans un
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