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Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet
Autoren: Frédéric Hulot
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penchant pour fréquenter la populace et favoriser les troubles, même s’il avait lu les écrits les plus avancés et subi, par l’influence de son père, celle de la franc-maçonnerie.
    En 1791, il s’enrôla, comme tous les citoyens électeurs, dans la garde nationale (c’était une obligation). L’infanterie était surtout composée de petits boutiquiers. Louis-Gabriel, de par sa position sociale, se devait de se retrouver dans une même unité que ses pairs soyeux. Et comme il avait les moyens de s’acheter un cheval, il choisit la cavalerie. Là, sa culture, son sens du commandement, un certain esprit de décision le firent désigner comme sous-lieutenant lors de l’élection des officiers. Pour dire vrai, ses connaissances en matière militaire étaient à peu près nulles. Il n’avait jamais lu le règlement. Mais il en allait de même pour ses camarades et ses subordonnés. Du reste, le service qui leur était demandé n’était ni astreignant ni compliqué et ressemblait davantage à un travail de policiers que de soldats.
    Cependant, en cette même année 1791, la Constituante céda la place à l’Assemblée législative sans que pour autant ne cessât l’agitation populaire quasi permanente. La crise économique persistait, accompagnée d’hivers particulièrement froids et longs. Les frères Suchet devaient faire face à de plus en plus de difficultés pour trouver des débouchés pour leurs produits. Ils n’étaient pas les seuls. Toute la profession était touchée. De plus, aux yeux de la basse population lyonnaise, aristocrates (il y en avait peu à Lyon) et riches bourgeois étaient à mettre dans le même sac.
    En avril 1792, la France déclara la guerre à l’Autriche et à la Prusse. Du coup, la production déjà réduite de l’industrie textile lyonnaise perdit ses derniers débouchés à l’exportation. Pour couronner le tout, les rapports entre la municipalité à tendance girondine et la capitale devenaient de plus en plus difficiles.
    Une légende tenace veut qu’à ce moment (au début de mai 1792) Louis-Gabriel se soit engagé dans une compagnie franche de l’Ardèche. Or, d’une part, les départements ne reçurent des instructions pour matérialiser le recrutement de ces compagnies qu’à la fin juin et, d’autre part, à cette époque, même si sa situation devenait délicate, Louis-Gabriel n’avait aucun motif de quitter Lyon. Ses responsabilités de chef d’entreprise l’y maintenaient d’autant plus que son personnel, même réduit, avait tendance à tenir à tout bout de champ des réunions, palabres au cours desquelles on discutait beaucoup de tout mais qui ne produisaient aucun travail. En face de cet état de fait qu’ils ne pouvaient combattre, les patrons devaient maintenir un profil bas tout en s’efforçant d’obtenir de maigres résultats.
    Lorsque en septembre 1792 la Convention centralisatrice et dictatoriale remplaça l’Assemblée législative, les relations de la capitale avec certaines provinces se gâtèrent tout à fait. Comme Nantes ou Toulon, Lyon ne fit pas exception à la règle. Dans la ville, si la bourgeoisie prenait parti pour les révoltés, les ouvriers se déclaraient favorables au pouvoir central. Celui-ci se dépêcha d’envoyer des troupes pour mater la rébellion et surtout l’empêcher de s’étendre.
    Les frères Suchet comprirent tout de suite qu’entre des unités régulières bien entraînées et des milices sans instruction la partie ne serait pas égale. La répression serait vraisemblablement féroce, car la Convention avait déjà montré sa détermination alors qu’elle luttait pour sa survie. Rien que le fait d’appartenir à la bourgeoisie aisée vous rendait automatiquement suspect et de la suspicion à l’échafaud il n’y avait qu’un pas. Aussi les deux frères, dont l’usine était à présent arrêtée, accompagnés de leurs cousins qu’ils avaient convaincus du danger qu’ils couraient tous, décidèrent-ils de prendre le large et de chercher un refuge provisoire chez leur oncle Étienne qui résidait toujours à Largentière.
    Ce fut presque clandestinement qu’ils quittèrent Lyon au printemps 1793. Officiellement, ils expliquèrent à leur entourage et aux autorités leur éloignement en déclarant n’avoir pas voulu rester à Lyon « au moment où l’esprit de contre-révolution a éclaté ».
    Cette prise de position n’était peut-être pas très courageuse mais profondément
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