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Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet
Autoren: Frédéric Hulot
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ne représente presque plus rien. Dans le même état d’esprit, il avait demandé à son vieil ami Saint-Cyr Nugues de bien vouloir assurer la tutelle de son fils qui n’avait que douze ans ainsi que de ses filles, encore des enfants, car il estimait que sa femme n’avait pas la capacité pour remplir cette fonction essentiellement juridique. Saint-Cyr Nugues fut également chargé de terminer la rédaction des mémoires et d’en assurer la publication. On sait qu’il ne voulut pas prendre sur lui d’en rédiger la conclusion qui manque à l’ouvrage.
    Il avait renoncé à se rendre l’été de cette année-là (1825) à Saint-Just, craignant la fatigue occasionnée par le déplacement. Mais, d’une manière assez paradoxale, lorsque la faculté à peu près impuissante recommanda « le bon air du midi » qui pourrait peut-être le soulager et apporter un recul de la maladie, il décida d’entreprendre ce voyage et d’aller s’installer dans la propriété de son beau-père, au château de Saint-Joseph, dans la banlieue de Marseille. Les Suchet partirent en septembre, voyageant à petites journées. Lors de son passage à Lyon, il avait escompté prendre contact avec tous ses parents et amis. Son état ne lui permit d’en rencontrer que quelques-uns.
    Lorsqu’il arriva chez son beau-père, il y reçut les vœux du roi qui lui souhaitait un prompt rétablissement et se faisait tenir au courant de son état de santé. En fait, celui-ci s’aggravait. Il ne supportait plus guère qu’un régime hydrique. Aussi a-t-on prétendu qu’il était mort de faim. En réalité, sans doute le cancer s’était-il généralisé et les métastases (dont à l’époque on ignorait l’existence) s’étaient-elles répandues un peu partout. L’autopsie pratiquée après sa mort montrerait que « l’affection organique de l’estomac » avait gagné le foie, ce qui révèle la méconnaissance que l’on avait de cette maladie.
    Il ne séjourna que peu de temps à Saint-Joseph et y mourut le 3 janvier 1826, au milieu de l’après-midi, après avoir reçu les derniers sacrements. Il avait à peine cinquante-six ans mais portait lui aussi le poids des fatigues accumulées au cours de vingt années de campagnes. Sa femme et ses trois enfants se trouvaient à son chevet.
    Il avait exprimé le désir d’être enterré à Paris au cimetière du Père-Lachaise où reposaient déjà plusieurs de ses camarades. Aussi fut-il procédé à l’embaumement du corps en vue de son transfert qui allait demander un certain temps, estimait-on. En réalité, le transport s’effectua plus rapidement que ne l’avaient prévu les membres de la famille car le service funèbre se déroula à Paris ce même mois de janvier 1826, exactement le 23.
    Bien entendu, le roi ordonna que les honneurs militaires lui soient rendus et on mobilisa pour cela quatre régiments. Le cercueil, pendant le chemin entre l’église de l’Assomption et le cimetière, avait été placé sur une prolonge d’artillerie et les tambours des musiques, voilés de crêpe noir, roulaient lugubrement sur son passage. Les maréchaux survivants et présents à Paris suivaient le cortège ainsi que plusieurs ministres. Le roi, à qui le protocole interdisait d’être présent dans un convoi funèbre, avait délégué pour le représenter deux de ses grands officiers. Tous les amis et relations du défunt avaient tenu à l’accompagner et l’ensemble ne comptait pas moins de cent soixante-quatre voitures officielles et particulières. En plus, une foule immense s’était déplacée et la préfecture craignit un moment une émeute alors que le public ne manifestait que son recueillement en évoquant la bonté et la charité du défunt.
    Alors que plusieurs maréchaux avaient été enterrés dans la même division du cimetière, Suchet repose solitaire dans la 39 e . Il y eut le jour de l’inhumation plusieurs discours prononcés par d’anciens soldats : Oudinot, Lamarque, Belliard, qui, bien entendu, chacun à leur manière, louèrent le défunt, mais Oudinot fut le seul qui osa parler des « regrets du roi ». Mortier, qui, devant la tombe, n’avait pas pris la parole, fut choisi pour prononcer son éloge funèbre devant la chambre des pairs, le 15 juin. Il insista davantage sur ses origines dans une grande famille de Lyon et ses qualités d’homme de cœur et de mari que sur ses réussites militaires.
    Ce fut le sculpteur Visconti qui tailla le
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