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Le Maréchal Berthier

Le Maréchal Berthier

Titel: Le Maréchal Berthier
Autoren: Frédéric Hulot
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désarticulé du maréchal. Entre-temps des curieux s'étaient approchés formant une sorte de cercle. Un d'entre eux remarqua-t-il la longue-vue qui aurait roulé un peu plus loin ? La ramasser, la refermer, la faire disparaître, subodorant un objet de prix, n'était que l'affaire d'un instant avant l'intervention de la police sans doute davantage préoccupée par le prince que par un instrument d'optique dont les agents devaient ignorer l'existence. Le voleur comprenant un peu plus tard que l'objet était compromettant l'aurait alors fait disparaître.
    C'est donc l'accident qui semble avoir été la cause la plus vraisemblable encore que beaucoup de personnes l'aient mis en doute dès le début.
    L'enquête de la police commencée immédiatement fut remarquablement menée d'autant que le commissaire Schauer tenait à dégager sa responsabilité. Elle conclut à l'accident. Bien sûr, à l'époque, les moyens d'investigation scientifique dont disposent aujourd'hui les services n'existaient pas mais les possibilités d'investigation étaient tout de même d'importance. Toutes les personnes résidant au château furent interrogées ainsi que les curieux qui avaient contemplé le cadavre. L'autopsie pratiquée par le médecin légiste, le docteur Pfeufer, une sommité, se déroula en présence de plusieurs officiers et médecins russes, et si elle ne permit d'étayer aucune des trois thèses, elle donna lieu à un incident qui en d'autres circonstances aurait paru comique. Chacun des assistants demanda à emporter à titre de souvenir une touffe de cheveux ou un fragment de la boîte crânienne, si bien qu'au moment de la reconstitution du cadavre il ne restait qu'une partie assez limitée de celle-ci ! Il fallut fermer immédiatement le cercueil sans qu'aucune exposition de la dépouille funèbre pût avoir lieu.
    Que Berthier à ce moment ait traversé une crise de découragement, nul ne le conteste. Mais qui en est responsable ? Ils sont deux : Napoléon d'une part qui aurait voulu le voir se renier pour être à ses côtés dans une douteuse aventure sans vouloir tenir compte du fait que Berthier n'était pas homme à faire fi d'un serment ; Louis XVIII ensuite qui, puisque Alexandre l'avait accompagné à Gand, aurait dû lui demander de demeurer à ses côtés comme d'autres grands officiers à ce moment sans emploi sans tenir compte de ses sentiments personnels. Nul doute que le prince se fût incliné et ait obéi.
    Le duc Guillaume dans le but de faire taire les rumeurs qui commençaient à circuler sur les circonstances de cette chute et aussi parce qu'il aimait beaucoup son gendre tint à lui organiser des funérailles solennelles dans la mesure où la guerre qui venait d'éclater allait le permettre. Il décida que l'enterrement se déroulerait suivant un protocole tout militaire avec prolonge d'artillerie pour le cercueil, tambours voilés de crêpe et grand déploiement de troupes. Il était impossible de faire appel à l'armée française. Mais il n'existait aucune unité disponible de l'armée bavaroise, ce qui eût paru normal. Toutes étaient en route pour la Belgique. Dans ce cruel dilemme, seuls les régiments du général Sacken se trouvaient à Bamberg… Et c'était précisément parce qu'il avait tenu à les regarder que Berthier avait trouvé la mort ! Le destin a parfois de ces ironies ! Le général Sacken mit volontiers son corps d'armée à la disposition du duc et la cérémonie se déroula le 5 juin.
    Le cortège funèbre était précédé de soixante-dix tambours roulant sans arrêt, puis venaient douze sous-officiers portant les armoiries du maréchal. Descendu de la prolonge, le cercueil recouvert d'un drap noir et sur lequel était posé son bâton de maréchal (celui avec les fleurs de lys et non les abeilles) était porté par un officier, un sous-officier et trois soldats pour pénétrer dans la cathédrale. S'y trouvaient déjà la famille du prince, celle du duc et également celle du roi de Bavière ainsi que des envoyés des souverains d'Europe y compris celui de Louis XVIII. De chaque côté de l'allée centrale de la nef des officiers et des soldats faisaient la haie. L'office fut concélébré par vingt prêtres tandis que les choeurs de la cathédrale chantaient le « Requiem » de Mozart. Il était dit que dans cet enterrement rien ne serait français. Dans les jours qui suivirent le duc fit dire cent messes pour le repos de son âme. Puis le cercueil allait demeurer six
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