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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines
Autoren: Conn Iggulden
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parfaites.
    Levant les yeux vers le haut des murs, Toghril constata que
d’autres soldats les observaient. La frontière elle-même se réduisait à une
simple piste. Pendant le voyage, Wen Chao avait parlé avec orgueil d’une
muraille longue comme la steppe, mais c’était plus au sud. Dès qu’il l’avait
repéré, il s’était dirigé droit sur le fort, sachant que faire autrement les
exposerait à une mort rapide. Les seigneurs jin n’accueillaient pas à bras
ouverts ceux qui se glissaient furtivement dans leurs terres. Toghril était
abasourdi et pantois d’admiration devant ce bâtiment, le plus haut qu’il eût
jamais vu. Il ne parvint pas à cacher son excitation tandis que Wen Chao
descendait de son palanquin.
    — Attendez ici, dit l’ambassadeur. Je dois leur montrer
des papiers pour qu’ils nous laissent passer.
    Lui aussi semblait agité par la proximité de sa terre natale.
Dans peu de temps, il serait de nouveau au cœur de Kaifeng et son succès ferait
grincer les dents du petit Zhang.
    Toghril descendit de son chariot, regarda Wen s’approcher
des gardes et leur parler. L’un d’eux jeta un coup d’œil au groupe de Mongols, soldats
et esclaves, puis s’inclina, ouvrit la petite porte et disparut dans le fort. Wen
Chao attendit sans montrer d’impatience. Après tout, il avait survécu à des
années de vie d’inconfort.
    Yuan vit le commandant du fort sortir et examiner les
papiers de l’ambassadeur. Il n’entendit pas ce que les deux hommes disaient, ignora
les regards interrogateurs que Toghril lui adressait. Lui aussi était fatigué
des barbares, et la proximité des terres jin lui rappelait sa famille et ses
amis.
    Enfin satisfait, le commandant rendit les papiers à Wen, qui
le traita dès lors en subordonné. L’autorité du Premier ministre exigeait une
obéissance immédiate et les soldats se tenaient au garde-à-vous, comme pour une
inspection. La porte se rouvrit, le commandant retourna dans le fort en
emmenant ses soldats. Wen Chao hésita à le suivre, se tourna vers le groupe qui
attendait. Son regard trouva celui de Yuan et s’y riva, perplexe. Faisant usage
de la langue et du style de la cour jin, il annonça :
    — Ces hommes ne seront pas autorisés à entrer. Dois-je
te laisser avec eux ?
    Toghril fit un pas en avant.
    — Qu’est-ce qu’il dit ? demanda-t-il. Qu’est-ce
qui se passe ?
    Les yeux de Wen Chao ne quittaient pas ceux de Yuan.
    — Tu m’as trahi quand tu n’as pas tué le khan dans sa
tente, accusa-t-il.
    Yuan, immobile, ne montrait aucun signe de peur.
    — Ordonne-moi de rester et je resterai, dit-il. Ordonne-moi
de venir et je viendrai.
    L’ambassadeur hocha lentement la tête.
    — Viens avec moi et vis, mais sache que j’aurais pu te
faire tuer.
    Yuan franchit les pas qui le séparaient de la petite porte, pénétra
à l’intérieur. Toghril avait observé la scène avec une panique croissante.
    — Quand passons-nous la frontière ? s’enquit son
épouse.
    Il se tourna vers elle et lorsqu’elle vit la terreur peinte
sur ses traits, son propre visage se décomposa. Le diplomate jin revint à la
langue des tribus en espérant que c’était la dernière fois que ces sons
grossiers sortaient de sa bouche :
    — Je suis désolé.
    Puis la porte se referma derrière lui.
    — Qu’est-ce que cela veut dire ? s’écria Toghril. Réponds-moi !
Que se passe-t-il ?
    Il se figea en repérant un mouvement en haut des murailles
du fort. Des hommes y avaient pris position et l’obèse vit avec horreur qu’ils
bandaient leur arc et le visaient.
    — Non ! brailla-t-il. On m’avait promis…
    Des flèches fendirent l’air, s’enfoncèrent dans la chair des
Kereyits. Toghril tomba à genoux, les bras écartés. Ses filles se mirent à
hurler, mais leurs cris furent aussitôt interrompus par des claquements sourds
qui firent plus mal au khan que ses propres blessures. Un instant, il maudit
les hommes qui s’insinuaient dans les tribus en prétendant être leurs alliés et
les manipulaient avec de l’or et des promesses. Il s’écrasa au sol. Sous l’herbe
rare, la poussière de la steppe mongole lui emplit les poumons et l’étouffa.
    Le flot coléreux se tarit, le matin redevint silencieux.
     
    FIN

 
Postface
    La
plus grande joie qu’un homme puisse connaître, c’est vaincre ses ennemis et les
pousser devant lui. Monter leurs chevaux et prendre leurs biens, voir les
visages de ceux qui leur étaient chers
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