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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines
Autoren: Conn Iggulden
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mes
dernières années à Kaifeng.
    — Si on me laisse partir ! s’écria Toghril, la
chair tremblotant d’inquiétude et d’indignation.
    Wen Chao pencha la tête sur le côté, tel un oiseau intrigué
par un bruit.
    — Tu crains le nouveau khan, dit-il à voix basse.
    — J’ai toutes les raisons de le craindre, avec le
sillage de morts qu’il laisse derrière lui. J’ai posté des gardes autour de
cette tente, mais demain matin, qui sait combien de temps s’écoulera avant que…
    Toghril laissa la phrase en suspens, se tordit les doigts.
    — Ils l’ont tous acclamés, reprit-il, même mes Kereyits,
tu l’as bien vu.
    Le Jin était préoccupé. Si Temüdjin égorgeait ce gros
imbécile, les représailles ne l’épargneraient pas lui-même. Il réfléchit
longuement sous le regard impassible de Yuan. Quand le silence devint
oppressant, Toghril but une longue gorgée d’eau-de-vie et rota.
    — À qui puis-je me fier, maintenant ? geignit-il. Ce
soir, Temüdjin se saoulera et dormira profondément. S’il meurt dans sa yourte, il
n’y aura personne pour m’empêcher de partir demain matin.
    — Ses frères t’en empêcheront, objecta Wen. Ils seront
fous de rage.
    La vision troublée par l’arkhi, Toghril se frotta les yeux
de ses poings.
    — Mes Kereyits comptent pour moitié dans l’armée qui
nous entoure et ils ne doivent rien à ses frères, argua-t-il. Si Temüdjin
mourait, je pourrais emmener mes hommes.
    — Si tu échoues, vous perdrez tous la vie, le prévint Wen
Chao.
    Il craignait de se faire tuer lui aussi si cet idiot
manquait son coup dans le noir, juste au moment où une chance s’offrait à lui
de retourner à la cour des Jin après des années passées dans la steppe. Dans
les deux cas, sa propre sécurité serait menacée, mais il aurait peut-être une
meilleure chance de s’en tirer en attendant le matin. Même si Temüdjin ne lui
devait rien, il le laisserait probablement retourner à Kaifeng.
    — Ne prends pas de risques, conseilla-t-il au khan. Les
lois de l’hospitalité nous protègent. Il y aura un carnage si tu laisses la
peur te guider.
    — Non, répondit Toghril, tranchant l’air de la main. Tu
les as vus l’acclamer. S’il meurt cette nuit, j’emmènerai mes Kereyits avant l’aube.
Au lever du soleil, les autres seront loin derrière nous et en plein chaos.
    — C’est une erreur de… commença Wen Chao.
    À la stupéfaction de l’ambassadeur, Yuan l’interrompit :
    — Je conduirai des hommes à sa yourte, seigneur, dit le
guerrier jin à Toghril. Temüdjin n’est pas mon ami.
    Le khan des Kereyits se tourna vers lui, pressa ses mains
charnues.
    — Agis promptement, Yuan. Ses frères et lui ont bu plus
encore que moi. Ils ne s’attendront pas à ce coup, pas cette nuit.
    — Et son épouse ? demanda Yuan. Elle dort auprès
de lui. Elle se réveillera, elle criera.
    Toghril secoua la tête pour dissiper les vapeurs de l’arkhi.
    — Seulement si tu y es contraint. Je ne suis pas un
monstre mais je veux être encore en vie demain.
    — Yuan ? Quelle est cette folie ? lança
sèchement l’ambassadeur.
    L’officier tourna vers son maître un visage sombre.
    — Temüdjin s’est considérablement élevé en peu de temps.
S’il meurt cette nuit, nous ne le verrons pas dans quelques années à nos
frontières.
    Wen réfléchit à l’avenir, conclut qu’il était cependant
préférable de laisser Temüdjin voir l’aube. Lui-même n’aurait pas à supporter
la compagnie de Toghril jusqu’aux frontières de son pays si le jeune khan
décidait de le supprimer. Temüdjin laisserait sans doute partir l’ambassadeur
des Jin. Wen n’en avait cependant pas la certitude et, pendant qu’il hésitait, Yuan
s’inclina et se dirigea vers l’ouverture de la tente. Pris dans son
irrésolution, l’ambassadeur ne dit rien quand il sortit. Le front plissé, il l’entendit
parler aux gardes kereyits, dehors. En un instant, ils furent trop loin pour qu’il
pût les rappeler.
    Wen fit alors appeler ses porteurs. Quoi qu’il arrive, il
serait parti au lever du soleil. Il ne parvenait pas à chasser le sentiment de
danger qui l’oppressait. Il avait accompli tout ce dont le Premier ministre
aurait pu rêver. Les Tatars avaient été écrasés, il pouvait enfin retrouver la
paix et la sécurité de la cour de Kaifeng. Plus jamais il ne sentirait à toute
heure du jour une odeur de sueur et de mouton. Les frayeurs d’ivrogne de
Toghril
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