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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines
Autoren: Conn Iggulden
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pouvaient encore tout compromettre et il savait qu’il serait incapable
de fermer l’œil de la nuit.
     
     
    Temüdjin dormait profondément quand la portière de sa yourte
se souleva. Allongée près de lui, Börte remua dans son sommeil pour rejeter les
fourrures qui la protégeaient du froid de l’hiver. Elle avait trop chaud et l’enfant
qu’elle portait lui faisait un ventre énorme. La lueur du poêle baignait la
tente d’une lumière orange. Lorsque Yuan entra avec les deux Kereyits, le
couple demeura endormi.
    Les gardes dégainèrent leurs sabres, s’avancèrent tandis que
Yuan contemplait les deux corps étendus. Il écarta les bras pour les arrêter.
    — Attendez, chuchota-t-il. Je ne tuerai pas un homme
endormi.
    Ils échangèrent un regard, incapable de comprendre cet homme
étrange. Yuan prit une inspiration et murmura :
    — Temüdjin ?
    Entendre son nom tira le jeune khan d’un rêve agité. Il
ouvrit des yeux troubles, sentit son crâne palpiter. Tournant la tête, il
découvrit Yuan près de lui et, un instant, les deux hommes se regardèrent. Les
mains de Temüdjin étaient dissimulées par les fourrures et, quand il bougea
enfin, Yuan vit qu’il tenait le sabre de Yesugei. Temüdjin bondit hors du lit, complètement
nu, jeta le fourreau de l’arme sur le côté. Le mouvement réveilla Börte, qui
hoqueta de terreur.
    — J’aurais pu te tuer, fit observer Yuan d’une voix
calme. Une vie contre une vie. Tu m’avais laissé la mienne, je n’ai plus de
dette envers toi, désormais.
    — Qui t’a envoyé ? Wen Chao ? Toghril ? Qui ?
    Temüdjin secoua la tête pour éclaircir ses pensées mais la tente
parut basculer.
    — Mon maître n’a aucune part dans tout cela, affirma
Yuan. Nous partirons demain matin pour rentrer chez nous.
    — C’est Toghril, alors. Pourquoi se tourne-t-il
maintenant contre moi ?
    Le Jin haussa les épaules.
    — Il te craint. À raison, peut-être. Souviens-toi que j’aurais
pu t’ôter la vie. Je me suis conduit avec honneur envers toi.
    Temüdjin soupira. Il avait la tête qui tournait et se
demandait s’il n’allait pas vomir. L’aigreur de l’arkhi lui brûlait l’estomac
et, malgré quelques heures de sommeil, il se sentait encore épuisé. Il ne
doutait pas que Yuan aurait pu le tuer s’il l’avait voulu. Un moment, il
envisagea d’appeler ses guerriers et de tirer Toghril de sa yourte. Peut-être n’était-ce
que l’effet de la fatigue mais il avait trop vu la mort et le sang d’Eeluk lui
irritait encore la peau.
    — Tu partiras avant le lever du soleil, dit-il à Yuan. Emmène
Wen Chao et Toghril avec toi.
    Il se tourna vers les deux hommes qui avaient accompagné le
Jin. Médusés par ce retournement de situation, ils n’osaient pas affronter son
regard.
    — Il pourra se faire escorter par ces hommes. Je ne
veux pas d’eux ici après ce qu’ils ont tenté de faire.
    — Il voudra tous les Kereyits, objecta Yuan.
    — Pas question. S’il préfère, je peux les rassembler et
leur révéler cet acte de lâcheté. Ils ne suivront pas un imbécile. Les tribus m’appartiennent,
celle des Kereyits comprise.
    Temüdjin s’était redressé en parlant et Yuan vit la tête de
loup du sabre de Yesugei briller à la lueur du poêle.
    — Dis-lui que je lui laisse la vie s’il part avant l’aube.
Si je le trouve encore ici, je le défierai devant ses guerriers.
    Posant sur le Jin un regard sombre et dur, il poursuivit.
    — Toutes les familles de l’océan d’herbe me
reconnaîtront pour khan. Dis-le à ton maître quand tu retourneras auprès de lui.
Il n’a rien à craindre de moi aujourd’hui mais il me reverra.
    Yuan songea que ces mots faisaient écho à sa propre mise en
garde dans la tente de Toghril, mais les terres jin se trouvaient fort loin. Les
tribus rassemblées par Temüdjin ne constituaient qu’une armée peu nombreuse
comparée à celles que Yuan connaissait. Il ne craignait pas l’ambition de cet
homme.
    — Le camp se réveillera quand nous partirons, dit-il.
    Temüdjin le regarda, retourna se coucher sans répondre.
    Voyant que Börte écarquillait les yeux de frayeur, il lui
lissa les cheveux. Elle le laissa la toucher et parut ne pas même sentir sa
main.
    — Pars, Yuan, dit-il à voix basse.
    Il tira les fourrures sur son corps nu, arrêta son geste
pour ajouter :
    — Merci.
    Yuan entraîna les deux gardes dans l’air froid de la nuit. Lorsqu’ils
furent à quelque distance de la
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