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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines
Autoren: Conn Iggulden
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tribus surmontèrent leur aversion mutuelle pour
célébrer ensemble les rites mortuaires tandis que les guerriers regardaient les
rapaces tournoyer au-dessus d’eux. Les incantations avaient à peine pris fin
que des vautours sautillaient entre les corps, épiant les vivants de leurs yeux
sombres.
    Ils laissèrent les Tatars là où ils étaient tombés mais il
était déjà tard dans la journée quand les chariots s’ébranlèrent. Temüdjin et
ses frères chevauchaient en tête, suivis des féaux des Loups. S’il n’avait pas
été le fils de leur ancien khan, ils l’auraient peut-être tué dès qu’Eeluk s’était
écroulé, mais Basan lui avait remis le sabre de Yesugei et ils n’avaient pas
bougé. Même s’ils ne s’étaient pas réjouis autant que les Olkhunuts et les
Kereyits, ils étaient calmes et ils étaient à lui. Tolui se tenait parmi eux, raide
sur sa selle, le visage portant les marques d’une correction. Khasar et Kachium
l’avaient discrètement entraîné à l’écart la veille et il évitait de les
regarder en chevauchant.
    Lorsqu’ils arrivèrent au camp de Toghril, les femmes
sortirent des yourtes pour accueillir qui un mari qui un fils, scrutant
fébrilement les visages jusqu’à s’être assurées que l’être cher avait survécu. Des
voix s’élevaient, exprimant la joie ou la douleur, et la plaine vibrait de clameurs
et de bruits.
    Temüdjin dirigea sa jument fourbue vers l’endroit où Toghril
se tenait avec Wen Chao. Les quelques hommes que le khan des Kereyits avait
gardés avec lui pour protéger les familles n’osèrent pas croiser le regard de Temüdjin
quand il passa sur eux. Ils ne l’avaient pas accompagné au combat. Il descendit
de cheval.
    — Nous leur avons brisé l’échine, annonça-t-il. Ils ne
redescendront plus dans le Sud.
    — Où est le khan des Loups ? demanda Toghril.
    — Devant toi. J’ai pris possession de la tribu.
    Temüdjin se tourna pour donner des ordres à ses frères et ne
vit pas Toghril changer d’expression. Les guerriers sentaient tous une odeur de
mouton en train de cuire. Ils mouraient de faim et rien ne se ferait avant qu’ils
aient mangé et bu tout leur content.
    Wen Chao vit Yuan s’approcher de lui, un chiffon sanglant
noué autour d’un tibia. Temüdjin marchait déjà vers la tente de sa femme et l’ambassadeur
attendit que son garde descende de cheval et s’agenouille devant lui.
    — Nous ne connaissons pas les détails de la bataille. Dis-nous
ce que tu as vu.
    Gardant les yeux fixés au sol, Yuan répondit :
    — À tes ordres, maître.
     
     
    Le soleil couchant stria les collines de barres d’or et d’ombre.
La ripaille s’était poursuivie jusqu’à ce que les hommes soient ivres et repus.
Toghril y avait pris part sans toutefois acclamer Temüdjin comme les autres, même
quand les féaux des Loups avaient amené leurs familles pour qu’elles prêtent
serment de loyauté au fils de Yesugei. Les yeux du jeune khan s’étaient emplis
de larmes quand elles s’étaient agenouillées devant lui et Toghril avait senti
naître en lui du ressentiment. Certes, il ne s’était pas battu, mais n’avait-il
pas joué lui aussi un rôle dans la victoire ? Elle n’aurait pas été
remportée sans les Kereyits et c’était lui qui avait fait venir Temüdjin du
Nord glacé. Toghril avait évidemment remarqué que ses Kereyits se mêlaient aux
autres au point qu’on ne puisse plus les en distinguer. Ils regardaient avec
admiration et respect l’homme qui avait rassemblé les tribus sous son
commandement et remporté une victoire écrasante sur un ennemi ancestral. Le ver
de la peur rongeait les tripes de l’obèse. Eeluk était tombé, et Sansar avant
lui. Il imaginait sans peine les poignards dégainés dans la nuit pour Toghril
des Kereyits.
    Après le festin, il s’était retiré sous sa tente en
compagnie de Wen Chao et de Yuan et ils avaient longuement parlé. Quand la lune
se leva, il prit une profonde inspiration et sentit les vapeurs de l’arkhi dans
ses poumons. Il était ivre mais c’était ce qu’il lui fallait.
    — J’ai tenu toutes mes promesses, rappela-t-il à l’ambassadeur
des Jin.
    — En effet, convint Wen. Tu seras khan de vastes terres
et tes Kereyits connaîtront la paix. Mes maîtres seront satisfaits d’apprendre
une victoire aussi écrasante. Quand tu auras réparti le butin, je partirai avec
toi. Rien ne me retient plus ici. J’aurai peut-être la chance de passer
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