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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle
Autoren: Robyn Young
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horriblement au sein de cette foule hostile.
    A
l’intérieur de la cathédrale, dans ce qui avait été le chœur et dont il ne
restait plus maintenant qu’un parterre de pierres éclatées, était installé le
trône aux bras ornés de deux lions d’or. Les marches qui y menaient étaient à
moitié effondrées et les deux murs latéraux étaient traversés par de
gigantesques fissures à travers lesquelles Will aperçut la mer. Sur le trône,
resplendissant dans ses robes brodées et son armure scintillante, droit et
fier, était assis Baybars Bundukdari, l’Arbalète, sultan d’Egypte et de Syrie,
l’assassin de son père.
    En
grimpant les marches avec Kalawun, Will entendit une sorte de couinement. Il
vit alors un homme tatoué, vêtu de robes grises, blotti contre les marches sur
le côté du chœur. L’homme dardait sur lui des yeux blancs luisants et lui
montrait ses dents en une grimace effrayante. Derrière lui se trouvaient cinq
guerriers bahrites pointant autant d’arbalètes dans sa direction.
    — Vous
pouvez avancer vers le sultan, dit Kalawun à côté de lui en le poussant
légèrement dans le dos.
    Will
s’exécuta avec précaution, les yeux respectueusement baissés. Son cœur battait
à tout rompre dans sa poitrine. Quand il atteignit la marche du haut, il
s’inclina avant de lever la tête.
    Croiser
les yeux bleus de Baybars, lesquels avaient un éclat particulier en raison
d’une petite pointe blanche, lui causa un choc. En même temps qu’il fixait ces
yeux, une voix scandait dans son esprit : cet homme a tué ton père, et tu as
essayé de le tuer. Il lui sembla entendre si distinctement les mots que pendant
une terrible seconde, il crut les avoir prononcés à voix haute.
    Il
n’était qu’à quelques mètres de l’homme qui avait ordonné la mort de son père,
de l’homme que les Assassins n’avaient pas été capables de tuer. Will imagina
qu’il se jetait sur lui et le prenait à la gorge. Il s’imagina serrer les mains
et presser de toutes ses forces. Il savait qu’il serait mort avant même d’avoir
touché le sultan, criblé de carreaux d’arbalètes. Mais ce n’était pas ce qui
l’arrêtait. Tout cela le dégoûtait. Tout ce dont il avait rêvé avec tant de
ferveur et de constance un an plus tôt semblait maintenant inepte, et même
insignifiant. Le besoin de revanche était inéluctablement mort en lui.
Comprendre cela le surprit.
    Tout
cela tourbillonna en Will en l’espace de quelques secondes, car déjà il
s’avançait en présentant au sultan le traité de paix. Mais Baybars ne bougea
pas. Will hésita, puis retira lentement son bras.
    Au
bout d’un long moment, au cours duquel il scruta Will de fond en comble,
Baybars s’adressa finalement à lui. Dans sa bouche, les intonations de la
langue arabe parurent à Will agréablement profondes.
    — Quel
est ton nom, chrétien ?
    — William
Campbell.
    Le
temps s’étira, rempli seulement par le flux et le reflux de la mer, avant que
Baybars ne reprenne la parole.
    — Tu
as un traité pour moi, William Campbell ?
    Will
tendit de nouveau le parchemin, conscient que
    tous
les hommes présents dans la cathédrale avaient les yeux braqués sur lui. Quand
Baybars se saisit du rouleau, leurs doigts se frôlèrent brièvement. Le sultan
déroula le document et l’étudia attentivement, puis il fit signe à l’un des
hommes qui se tenait non loin de là, vêtu d’une robe en soie verte et d’un
turban orné de bijoux. Will supposa qu’il s’agissait d’un conseiller. L’homme
s’approcha, prit le rouleau, le lut et le redonna à Baybars en hochant la tête.
Un autre s’avança avec un plateau sur lequel se trouvaient une petite fiole et
une plume. Le sultan signa le document et le tendit à Will.
    Voilà
qu’il était enfin signé, ce traité de paix qui durerait dix ans, dix mois, dix
jours et dix heures, garantissant aux Francs la possession des terres qu’ils
détenaient encore et l’usage des chemins de pèlerinage vers Nazareth.
    Chacun
sembla se détendre quand Baybars se rassit au fond de son trône.
    Une
voix s’éleva derrière Will.
    — Venez,
dit Kalawun, qui avait gravi les marches. Je vais vous escorter jusqu’à vos
hommes.
    Au
lieu de bouger, Will resta là un moment à fixer le sultan. Les arbalétriers se
contractèrent. Will sentit la main de Kalawun se poser sur son épaule.
    Baybars
fronça les sourcils et se pencha légèrement en avant, ses yeux scrutant Will
d’un air
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