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Le Gué du diable

Le Gué du diable

Titel: Le Gué du diable
Autoren: Marc Paillet
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pourtant, souligna Doremus, il y a au moins quelque chose qu’il aurait dû avoir sur lui : une ou des armes, au moins un glaive court, une hache peut-être… Si ce qu’on dit des relations entre les deux familles est exact, je ne vois pas un Wadalde venir à un rendez-vous de la sorte, à un tel gué, sans prendre quelques précautions.
    — Nous n’avons rien trouvé, en tout cas, dit Arger. Mais peut-être faudra-t-il reprendre les recherches.
    — Sans aucun doute ! trancha Ermenold. Puis, s’adressant à Doremus, il jeta :
    — En as-tu terminé ?
    — Pas tout à fait, si tu le permets… Ce gué est situé en un lieu où se rejoignent donc ton domaine, celui des Gérold et celui des Nibelung. Le cadavre de Wadalde a été trouvé là. Mais cela ne signifie pas qu’il ait été assassiné à cet endroit. Il a pu être transporté, mort, jusqu’au bord de l’Ouanne… Il est possible alors que se soient produits sur les terres des uns ou des autres, même sur celles du comté, des événements révélateurs…
    — Évidemment, évidemment… concéda le comte d’Auxerre. Arger, as-tu entendu parler de quelque incident, de quelque fait qui pourrait éclairer nos recherches ?
    — Oh ! seigneur, répondit le vicaire de Toucy, incidents et même affrontements, cela n’a pas manqué par ici, et jusqu’à récemment, sur des terres dont le bénéfice est cause de querelles, et des plus âpres. Il y a juste une semaine, une vingtaine de brebis ont été trouvées égorgées.
    — Égorgées ? s’écria le comte.
    — … Égorgées, seigneur, sur un pré d’un usage d’ailleurs contesté.
    — A qui appartenaient-elles ?
    — A ceux de Frébald. Une affaire très grave. Les bergers ont accusé les hommes d’Isembard, mais pas leurs pâtres, disant que des gardiens de troupeaux ne pourraient jamais commettre une abomination pareille.
    — Alors qui ?
    — Des gens venus de chez les Gérold, ont dit certains. Arger baissa la voix.
    — D’autres ont même parlé d’un acte diabolique… Cependant, la plupart ont mis en cause Wadalde et Badfred. Il est vrai que ni l’un ni l’autre n’ont bonne réputation. On se raconte, avec crainte, leurs mauvais coups. Jusque sur nos terres, on les montre insultes à la bouche, fouet en main et coutelas brandi…
    — Au moins, l’un d’eux ne brandira plus rien, murmura Doremus.
    — Les cultivateurs disent aussi que, quand ils chassaient, ils saccageaient champs et jardins à la poursuite de leurs proies, ne respectant rien, ni personne, nulle part…
    — Je t’entends, coupa le comte. Les gens de Frébald sont-ils allés se plaindre auprès de lui à la suite de tels incidents ?
    — Je crois, dit le vicaire, qu’ils ont fini par alerter leur intendant, Malier.
    — Et celui-là, à son tour, qu’aurait-il entrepris ?
    — Je n’en sais rien, seigneur.
    — Les bergers étaient furieux, m’as-tu dit. Auraient-ils pu aller jusqu’à tendre une embuscade à Wadalde pour lui faire subir quelque mauvais traitement ? Puis, l’affrontement dégénérant, un coup de faucille à la gorge…
    Le vicaire médita longuement sa réponse.
    — Ce n’est pas impossible, seigneur, admit-il. Mais, jusqu’à présent, on n’en était pas arrivé là. Je sais bien que la colère peut conduire au pire. Cependant les bergers et les cultivateurs, sur les terres des Nibelung par ici, sont des Frisons, prisonniers de guerre, esclaves casés. Ce sont des hommes paisibles, réfléchis à leur manière, excellents au travail. Ils sont heureux d’avoir été pourvus de tenures… Vingt brebis, c’est évidemment beaucoup, et cela s’ajoute au reste… Mais, d’abord, elles ne leur appartiennent pas ; ils gardent les troupeaux de Frébald. Et puis, mettre en danger tout ce qu’ils ont pour une vengeance, au risque des châtiments les plus rudes, des supplices les plus effroyables…
    — Voilà qui est parler sagement, dit Doremus. Mais peut-être serait-il temps d’examiner la dépouille mortelle de Wadalde ? Elle est sans doute restée en cette résidence.
    Le comte d’Auxerre grogna un acquiescement.
    Le cadavre avait été placé sur de simples planches posées sur des tréteaux et recouvertes d’un drap. Le coup qui avait tranché la gorge avait été porté avec une telle violence que la tête avait presque été détachée du tronc. On avait laissé sur le mort sa chemise et son caleçon. Sa tunique, sa culotte et ses
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