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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2
Autoren: William Shirer
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17 -
DÉCLENCHEMENT DE LA
SECONDE
GUERRE MONDIALE
    A l’aube du 1er septembre 1939, la date même qu’avait fixée
Hitler, le 3 avril, dans sa première directive concernant le Plan Blanc, les
armées allemandes franchirent en masse la frontière polonaise et convergèrent
sur Varsovie, du nord, du sud et de l’ouest.
    Dans le ciel, les avions allemands se dirigèrent en vrombissant
vers leurs objectifs : colonnes de troupes polonaises, dépôts de munitions,
ponts, voies ferrées et villes ouvertes. En quelques minutes, ils firent
connaître pour la première fois aux Polonais, militaires aussi bien que civils,
l’horrible sensation de la mort soudaine et de la destruction venant du ciel, jamais
encore expérimentée sur terre à une échelle aussi grande. Ainsi prit naissance
une terreur qui devait devenir affreusement familière à des centaines de
millions d’hommes, de femmes et d’enfants, en Europe comme en Asie, au cours
des six années qui suivirent, et dont l’ombre, après l’apparition des bombes
atomiques, devait hanter toute l’espèce humaine, menacée d’anéantissement total.
    A Berlin, la matinée était grise, un peu étouffante. Des nuages
volaient bas au-dessus de la ville qu’ils abritaient en quelque sorte des
bombardiers ennemis qu’on redoutait mais qui ne venaient pas.
    Les gens dans les rues me semblaient apathiques, en dépit des
nouvelles qui leur avaient été offertes à leur réveil par leur poste de radio
ou dans les éditions spéciales des journaux du matin [1] .
En face de l’Hôtel Adlon , les premières équipes d’ouvriers étaient venues travailler au
nouvel immeuble de l’ I. G. Farben, comme si de rien n’était,
et, lorsque les vendeurs de journaux crièrent leurs éditions spéciales, nul ne
posa ses outils pour s’en procurer un exemplaire.
    Peut-être, pensai-je, le peuple allemand était-il tout
simplement ahuri de se réveiller, en ce premier matin de septembre, pour se
trouver projeté dans la guerre, alors qu’il avait une telle certitude que le Führer ferait tout pour l’éviter.
    Quel contraste, ne pouvait-on s’empêcher de noter, entre cette
morne apathie et la manière dont les Allemands étaient entrés en guerre en 1914.
Leur enthousiasme alors s’était déchaîné. Les foules de la rue avaient organisé
des démonstrations délirantes, jeté des fleurs aux troupes en marche et
frénétiquement acclamé le Kaiser et Suprême Seigneur de la guerre,
Guillaume II.
    Aucune démonstration, cette fois, envers les troupes ni à l’adresse
du Seigneur de la Guerre nazi qui, peu avant dix heures, s’était rendu de la
Chancellerie au Reichstag par des rues vides afin d’annoncer
à la nation les événements considérables qu’il venait de provoquer délibérément
et de sang-froid. Les robots du Reichstag eux-mêmes, membres
du parti pour la plupart, nommés par Hitler, ne manifestèrent pas grand
enthousiasme en écoutant le dictateur expliquer les raisons pour lesquelles l’Allemagne
s’était engagée dans la guerre. Les acclamations étaient beaucoup moins
nombreuses et beaucoup plus tièdes que lors d’occasions antérieures où le chef
avait déclamé du haut de sa tribune dans la grande salle ornementée de l’Opéra
Kroll.
    Bien que parfois truculent, il semblait étrangement sur la
défensive. A l’écouter, j’eus l’impression que tout son discours trahissait une
bizarre tension, comme si Hitler lui-même était frappé de s’être lancé dans une
telle aventure et en concevait quelque désespoir. Son explication des motifs
pour lesquels son allié italien avait renié ses obligations automatiques ne
semblèrent pas passer, même auprès d’un auditoire aussi soigneusement
sélectionné.
    Je voudrais avant tout, dit-il, adresser ici mes
remerciements à l’Italie qui nous a soutenus pendant tout ce temps. Vous
comprendrez, d’autre part, que, pour conduire cette lutte, nous ne voulons pas
faire appel à une aide étrangère. Ce problème, qui est le nôtre, nous le
résoudrons seuls.
    Ayant menti si souvent sur la route du pouvoir et dans la
consolidation de celui-ci, Hitler ne put s’empêcher, en ce grave instant de l’histoire,
de lancer quelques mensonges de plus à l’adresse du crédule peuple allemand
pour justifier son acte insensé.
    Vous connaissez les tentatives sans fin que j’ai
entreprises pour arriver à une entente pacifique sur le problème autrichien, et,
plus tard, dans le problème des
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