Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le granit et le feu

Le granit et le feu

Titel: Le granit et le feu
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
oublier Haguenier.
    Dressé sur ses étriers, l’Anglais fit un signe de croix terminé d’une manière obscène.
    — Pauvre Hugues ! dit-il.
    Son cheval encensa et hennit.
    — Que ne partez-vous donc, Canole ? demanda Guillaume, irrité par cette présence et ces façons injustifiables. Vos piétons se sauvent. Tel votre cheval, ils flairent la déconfiture.
    — Ceux qui s’enfuient, vieillard, ne sont pas mes piétons. Ce ne sont que mes mercenaires… Et beaucoup sont Gascons… Regardez mes gens !
    L’Anglais désignait, en lisière des Banchereaux, des troupes immobiles, et guère loin, à cheval, les hommes de la Compagnie blanche.
    — Ils m’attendent !
    Briatexte s’éloigna. Jean, vacillant, le rejoignit. Guillaume appela Girard :
    — Viens-t’en avec tes gars. Qu’ils réunissent leurs piques et leurs écus et fassent des civières… Ramassez tout ce qui traîne… Mais surtout, ménagez Blanquefort !
    Le sergent et six picquenaires accoururent. Ogier fit quelques pas vers les murailles et entendit un galop : Knolles partait. Il ne se retourna pas.
    Guillaume rejoignit son neveu :
    — Il ne doit plus rester que des blessés dans son logement [169] . Et peut-être aussi les captives… Nous verrons cela plus tard… Quant à ces gens qui nous viennent, si Bressolles ne les conduit pas, il faudra nous en méfier.
    — Ils arrivent trop tard !… Si Bressolles les mène, où les a-t-il trouvés ?
    — Ce qui m’ébahit, Ogier, c’est que l’engeance dont nous eûmes tant à souffrir ait préféré la retraite à la bataille… Pourtant, ces malandrins étaient encore en nombre ! On dirait qu’ils s’en vont du côté d’Excideuil…
    D’en bas, Knolles invectivait les Gascons attardés sur la motte. Ogier fronça les sourcils :
    — La plupart s’enfoncent dans les bois… Il sera malaisé de les atteindre.
    Soudain, il pensa au Thibaut et à Anne. Pourvu que la grotte où ils se dissimulaient fût invisible !
    La plainte d’un cor ondula, et tandis que Knolles y entrait, un dernier grouillement anima son camp : des éclopés surgirent de dessous les tentes et s’éparpillèrent, la plupart en claudiquant.
    — Ils ont ce qu’ils méritent ! s’exclama Guillaume… Ces cavaliers atteindront bientôt le hameau… Nous saurons si notre maçon est des leurs… Il est bon que nous soyons tous devant le pont-levis… Si leurs têtes nous déplaisent, eh bien, nous nous enfermerons à nouveau !
    Et, prenant Ogier par l’épaule :
    — Tu ne peux me refuser, désormais, l’adoubement que tu mérites.
    — Je consens, mon oncle, à recevoir les éperons de vos mains.
    Jean se laissa glisser aux pieds de Pedro del Valle. Et comme l’armurier voulait le soulever, il protesta :
    — Non… Non… Laissez-moi souffler, par pitié !
    — Il est plus atteint qu’on le croit, chuchota Thierry à l’oreille d’Ogier.
    Le sang coulait toujours de la hanche de Jean, tachant le sol.
    — Laissons-le en paix. Par Dieu, je m’y connais : il s’en remettra, dit Guillaume. Il veut lui aussi voir ces gens qui arrivent. Je le comprends.
    — Ah ! les voilà, elles, soupira le chapelain sans dissimuler sa déception.
    — Ogier !
    — Pedro !
    Aussi pâles que leurs coiffes, Tancrède et Claresme venaient d’apparaître sous la porte piétonne.
    Tandis que Claresme, radieuse, étreignait Pedro del Valle, sans crainte de heurter sa poitrine à son plastron de fer, Tancrède, d’un geste, arrêtait les deux hommes chargés de transporter le corps du sénéchal.
    — Holà !… Posez-le.
    Ils obéirent.
    Ogier la regarda. Elle avait un genou au sol, une main sur celle de Blanquefort. Et cela survint sans qu’il l’eût pu prévoir, tant c’était, de sa part, presque invraisemblable : elle pleurait.
    — Ah ! Hugues… Hugues !… Je te savais empoint et te croyais recreu, pâmé, mais vivant [170]  !
    Elle sanglotait sans retenue, sans crainte de révéler sa peine à tous ces gens muets, inquiets, indécis. Son visage était rouge. Une larme formait une goutte de nacre à l’extrémité de son nez.
    — Allons, allons, dit Guillaume, bourru et compatissant. Il est mort digne… Sois-le !
    Alors, elle bondit :
    — Il était hardi ! Plus bachelereux que tous ces marmousets qui nous regardent en ce moment du haut des murs… Mort pour mort, il te fallait en désigner un : Renaud. C’était une nécessité.
    Elle hoquetait tout en heurtant ses
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher