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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage
Autoren: J. M. Auel
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et un nouveau conciliabule entre le mamut, l’homme
et la femme.
    — Si vous ne venez pas du monde des esprits, alors, comment
expliquez-vous que le loup vous obéisse et que les chevaux acceptent de vous
porter sur leur dos ? demanda le mamut, décidé d’en finir.
    — C’est facile, si vous les recueillez quand ils sont tout
petits, répondit Ayla.
    — C’est ce que vous dites, mais ce n’est certainement pas
la seule explication.
    On ne pouvait pas tromper un mamut, du Foyer du Mammouth, lui
aussi.
    — J’étais là quand elle a ramené le bébé loup au campement,
intervint Jondalar. Il était encore à l’âge où l’on tète, et j’étais sûr qu’il
ne survivrait pas. Mais elle l’a nourri de viande hachée et de bouillon, en se
relevant la nuit comme on fait avec les bébés d’homme. Tout le monde était
étonné de le voir vivre et grandir, mais ce n’était que le début. Plus tard,
elle lui a appris à obéir. Elle lui a interdit d’éclabousser en s’ébrouant, de
semer le désordre dans le camp, et de mordre les enfants, même quand ils lui
faisaient mal. Si je n’avais pas été témoin, jamais je n’aurais cru qu’on
pouvait apprendre tout cela à un loup, ni qu’il comprendrait. Vous avez raison,
il ne suffit pas de les recueillir jeunes. Elle s’est occupée du loup comme s’il
était son enfant. Pour lui, elle est sa mère, voilà pourquoi il fait tout ce qu’elle
lui demande.
    — Et les chevaux ? demanda l’homme à côté du mamut.
    Il avait épié le fougueux étalon et le grand homme blond qui le
maîtrisait.
    — Pour les chevaux, c’est pareil. On peut les dresser si on
les prend jeunes et qu’on les soigne bien. Il faut du temps et beaucoup de
patience, mais ils apprennent.
    Tous avaient baissé leur sagaie, et écoutaient, captivés. Les
esprits n’avaient pas coutume de s’exprimer dans un langage intelligible, mais
le maternage d’animaux faisait bien partie de ces bizarreries qu’on attendait
de leur part... S’agissait-il de phrases à double sens ?
    La femme du Camp prit la parole.
    — J’ignore la façon d’élever des animaux comme une mère,
mais il y a une chose que je sais : le Foyer du Mammouth n’adopte pas d’étrangers
pour en faire des Mamutoï. Ce n’est pas un Foyer ordinaire, il est voué à Ceux
Qui Servent la Mère. On est destiné au Foyer du Mammouth, ou c’est lui qui vous
choisit. J’ai un parent au Camp du Lion et je sais que Mamut est très vieux. C’est
peut-être le plus vieil homme vivant. Pourquoi aurait-il décidé d’adopter
quelqu’un ? En outre, Lutie ne l’aurais pas permis. Ce que vous dites est
invraisemblable, nous n’avons aucune raison de vous croire.
    Ayla releva une équivoque dans le discours de la femme, ou
plutôt dans les expressions subtiles qui accompagnaient ses paroles : la
raideur de son maintien, la tension de ses épaules, le pli soucieux de son
front. On aurait dit qu’elle prévoyait des ennuis. Ayla comprit alors que sa
langue n’avait pas fourché. La femme avait délibérément introduit un mensonge dans
ses propos, un piège, en somme. Grâce à son éducation si particulière, la ruse
n’échappa pas à Ayla.
    Ceux qui avaient élevé Ayla et qu’on appelait les Têtes Plates,
mais qui eux-mêmes se nommaient le Clan, communiquaient entre eux avec
profondeur et précision malgré un langage oral très primitif. Leur capacité d’articulation
limitée leur avait valu d’être qualifiés de moins qu’humains, d’animaux tout
juste bons à grogner. En fait, ils utilisaient un langage fort complexe composé
de gestes et de signes.
    Le peu de mots qu’utilisait le Clan – et que Jondalar
pouvait à peine reproduire, tout comme Ayla avait des difficultés à prononcer
certains sons Zelandonii  ou mamutoï – étaient articulés avec une
vocalisation spéciale et ne servaient qu’à accentuer le sens des gestes, ou
alors à nommer des choses ou des personnes. Le maintien, la posture, et les
jeux de physionomie apportaient les nuances et donnaient à la langue toute sa
variété et sa profondeur, exactement comme l’intonation et l’inflexion pour le
langage verbal. Mais avec un tel mode de communication, il était impossible de
mentir sans se trahir. Le mensonge était inconnu.
    En apprenant leur langue, Ayla avait aussi appris à déceler et à
déchiffrer les infimes mouvements corporels et les expressions du visage,
indispensables pour une parfaite
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