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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan
Autoren: Paul C. Doherty
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brillait pas par son intelligence et le roi reconnaissait les signes avant-coureurs de la tempête. Si la confrontation durait trop longtemps et que les templiers faisaient preuve de mauvaise volonté, John de Warrenne n’hésiterait pas à les traiter de tous les noms ou même à employer la manière forte. Le monarque décocha un regard furibond au clerc qui, assis sur le coussiège {12} , contemplait la cour en contrebas. « Triste bâtard ! » pensa-t-il.
    Sir Hugh Corbett, garde du Sceau privé, aurait dû siéger à sa droite au lieu de rêvasser à la fenêtre et de se languir de son épouse aux cheveux de lin. Le silence se fit oppressant. Les templiers restaient figés, comme des statues de pierre.
    — Me faut-il vous supplier ? demanda le roi d’une voix tranchante.
    Il gratta une tache sur son surcot pourpre et vit, du coin de l’oeil, Branquier chuchoter à l’oreille de Jacques de Molay. Le grand maître acquiesça lentement.
    — L’Échiquier se trouve-t-il à York ? s’enquit-il.
    — Oui, le Trésor est ici, mais il ne contient guère que du vent.
    Branquier sortit la main de dessous le livre de comptes et fit rouler sur la table une pièce d’or bien sonnante. Le monarque la rattrapa habilement et la regarda. Son coeur fit un bond dans sa poitrine. Un rictus aux lèvres, il remit la pièce au comte de Surrey en lui murmurant :
    — Encore une autre !
    John de Warrenne examina la pièce d’or avec curiosité. Grosse comme un denier, elle présentait sur chaque face une croix maladroitement gravée et donnait l’impression d’avoir été frappée depuis peu. Il la soupesa avec soin.
    — Eh bien, ironisa le roi, est-ce là tout ce que vous allez me donner ?
    — Sire, vous affirmez que le Trésor est vide.
    Branquier, penché sur la table, tendit un doigt osseux vers la pièce que Warrenne faisait passer d’une main à l’autre.
    — Pourtant, Sire, on trouve de ces pièces partout dans York. De facture récente et bien frappées. Ne viennent-elles pas de l’Échiquier ?
    — Non ! Elles sont apparues par dizaines depuis mon arrivée ici, mais elles ne proviennent pas des ateliers de la Couronne.
    — Mais qui posséderait de tels lingots ? s’étonna Branquier. Et comment peut-on mettre en circulation une monnaie de si haute valeur ?
    — Je l’ignore ! Si je le savais, je m’emparerais de l’or et enverrais au gibet le scélérat qui a façonné ces pièces.
    Il prit, dans son aumônière, un denier mince comme une hostie, et le lança sur la table.
    — Voici la monnaie que je frappe, Sir Richard : des pièces qu’on dit en argent. Elles contiennent autant d’argent que j’en ai dans mes... mains ! acheva-t-il prestement.
    — Mais qui serait ce faux-monnayeur ? insista Jacques de Molay. Qui posséderait des lingots et les moyens de battre si belle monnaie ?
    — Je ne sais pas ! s’exclama Édouard. Et sans vouloir vous offenser, Monseigneur, cela ne regarde que moi. La fabrication de fausse monnaie est un crime de haute trahison dans mon royaume. Je ne vois pas le rapport avec l’affaire qui nous occupe.
    — A savoir ?
    — Le prêt de cinquante mille livres esterlin !
    Les templiers signifièrent nerveusement leur refus.
    — Ne pourriez-vous pas solliciter un prêt auprès de Philippe de France, Sire ? suggéra Baddlesmere en échangeant un coup d’oeil avec l’argentier. Un prêt dont on tiendrait compte lors du règlement de la dot d’Isabelle, sa fille ? Après tout, l’envoyé du roi de France, le seigneur Amaury de Craon, est en train de faire bonne chère dans les cuisines du prieuré.
    Edouard observa Corbett. En entendant le nom de son ennemi invétéré, de son adversaire sur l’échiquier politique, le magistrat avait redoublé d’attention.
    — Votre avis, Sir Hugh ? lança Édouard. Vous enverrai-je au Louvre prier mon cher frère, le roi très chrétien Philippe de France, de vider son Trésor ?
    — Autant m’expédier sur la lune, Sire ! Les coffres du roi Philippe sont plus vides encore que les vôtres.
    — Que désirez-vous vraiment ? intervint Jacques de Molay. Un prêt ou un don ?
    Radieux, Édouard adressa un clin d’oeil à Corbett : ses interlocuteurs étaient sur le point de négocier.
    — Si vous avez l’intention de me faire un don, plaisanta le monarque, je l’accepte.
    — Je m’explique, reprit le grand maître. Si vous nous confirmez dans nos possessions d’Angleterre et de
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