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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan
Autoren: Paul C. Doherty
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avant la mi-journée. J’ai respecté ma parole, veuillez respecter la vôtre.
    Le roi avait fulminé, boudé, tempêté et supplié, mais Corbett était resté de marbre.
    — Votre souverain a besoin de vous ! avait hurlé Édouard au comble de l’exaspération.
    — Mon épouse et ma famille aussi, avait rétorqué le clerc avant d’ôter sa bague de chancellerie, de sortir le Sceau privé de son aumônière et de remettre le tout au monarque. Sire, avait remarqué le magistrat, tout travail mérite récompense.
    — Mais pourquoi maintenant ?
    Le roi Édouard avait saisi Corbett par le devant de son surcot.
    — Je...
    Corbett avait détourné la tête en avouant d’une voix enrouée :
    — ... Je suis las. Las du sang, de la violence. Je vous remets ma démission. J’aspire à rester dans mon manoir et à m’occuper de mes troupeaux de moutons. Je veux m’allonger auprès de mon épouse et cesser de dormir avec une dague sous l’oreiller pendant que Maltote et Ranulf montent la garde devant la porte.
    Corbett avait refermé les doigts du roi autour du Sceau et de la bague avant de quitter les appartements royaux à grands pas, en ordonnant à ses serviteurs de préparer le départ. John de Warrenne suivit le regard du monarque.
    — Je peux l’arrêter. Donnez-moi dix bons archers.
    Je m’empare de lui aux portes de la ville et vous le ramène.
    — Oh, pour l’amour de Dieu, ne soyez donc pas si sot ! grogna Édouard.
    Il pinça la joue de son connétable.
    — Vous êtes un brave homme, John. Si je vous demandais de monter votre destrier et d’aller décrocher la lune, vous le feriez !
    Il jeta la bague et le Sceau dans la jonchée, en notant bien l’endroit où ils tombaient.
    — C’est moi qui ai fait de Corbett ce qu’il est, ajouta-t-il d’une voix âpre. Ce que j’ai façonné une fois, je peux le façonner une autre fois.
    Mais avant même que ses paroles ne tombent de ses lèvres, il savait que c’était faux. Il ressentirait durement l’absence de ce clerc sombre et taciturne dont l’humour caustique cachait un réel amour de la justice, Corbett, son maître de l’ombre, son ange gardien, comme il l’avait appelé un jour.
    — Il a fort bien rempli sa mission, concéda à regret le comte. Croyez-vous ce que raconte Maître Hubert Seagrave ?
    Édouard sourit.
    — Absolument pas. Certes, la vérité peut prendre de nombreuses formes, mais un riche négociant en vins qui vient confesser ses erreurs, qui implore mon pardon pour un oubli passager et dont les coffres regorgent d’or ancien...
    Il haussa les épaules et désigna la cour.
    — ... Corbett a peut-être une cervelle en or, mais il a un coeur de donzelle. Je suppose qu’il n’est pas étranger à cette histoire. L’important, c’est que mon Trésor soit plein, que les clercs de l’Échiquier dansent de joie devant ces richesses, sans parler des prix très raisonnables que demandera Seagrave pour chaque tonnelet de vin livré à la maison royale.
    — Et Craon ?
    — Il pousse de hauts cris. Il bout d’indignation et de rage. Ce maudit menteur proteste un peu trop fort. Il va retourner auprès de mon cher frère, le roi de France, et je recevrai des lettres, beaucoup de lettres, ô Seigneur. Des récriminations furieuses, des dénonciations féroces... et puis Philippe rentrera dans sa toile d’araignée et recommencera à tisser ses fils. Il s’est juré de venir à bout des templiers et il y parviendra, mais pas tant que j’occuperai le trône de Westminster.
    Le monarque s’approcha de la table.
    — Legrave est mort, poursuivit-il. Jacques de Molay va rentrer en France et accepter les protestations d’innocence de Philippe. Il lui offrira même de lui prêter de l’argent.
    Il s’assit et commença à feuilleter les ouvrages qu’avait empruntés Corbett à la bibliothèque de l’archevêque.
    — Mais ce feu...
    — Vous en aviez entendu parler, Sire ?
    — Bien sûr, mentit le roi, en appelant le comte près de lui d’un claquement de doigts.
    Coudes sur la table, visage dans les mains, il dit d’une voix rêveuse :
    — Cet été, je vais franchir la frontière écossaise et donner à Wallace et à ses rebelles une leçon qu’ils n’oublieront pas de sitôt.
    Il tapota les pages.
    — Je veux que les clercs des Fournitures lisent cela. Ce qu’a découvert Corbett, ils peuvent le trouver. Ce finaud de Claverley, que je ne manquerai pas de récompenser, les aidera.
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