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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan
Autoren: Paul C. Doherty
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sentirait le soufre. Il n’est pas loin de la vérité ; le soufre imprègne ses vêtements. Vous connaissez la suite, poursuivit Corbett en fixant l’assassin droit dans les yeux. De la cendre encore chaude ou de la braise touche les chiffons protégeant ses mains. Il essaie de les éteindre en frappant son tablier. Bien sûr, cela ne fait qu’empirer et le malheureux rend son âme à Dieu.
    — Mais pourquoi, demanda Symmes, pourquoi s’en prendre à un pauvre cuisinier ?
    — Pour que la terreur croisse, que la rumeur se répande et que les ténèbres s’épaississent ! « Voyez comme les templiers sont maudits ! Non seulement ils abritent un régicide potentiel dans leur sein et se tuent les uns les autres, mais ils en appellent au feu de Satan qui consume sans pitié ni obstacle les plus innocents d’entre eux. »
    Corbett fit tourner sa bague de la chancellerie.
    — De façon pratique, la mort de Peterkin provoqua la fuite de tous les serviteurs. Or ceux-ci font souvent montre d’une curiosité déplacée et sont à l’affût du moindre détail louche. La disparition de Peterkin mit un terme à tout cela et protégea ainsi l’assassin.
    — Et qui est-ce ? gronda Legrave.
    — Mais vous, bien sûr ! répondit calmement Corbett.

 
    CHAPITRE XIV
    Il fallut longtemps à Jacques de Molay pour apaiser le tollé qui s’ensuivit. Legrave s’élança vers Corbett, mais Symmes, assis entre eux, repoussa sa chaise. Amaury de Craon se leva d’un bond et, d’un claquement de doigts, appela son clerc vêtu de noir, comme s’il avait décidé de partir. Corbett connaissait assez son vieil adversaire pour deviner le simulacre. Le Français ne s’en irait que lorsque cela serait à son avantage. Le magistrat se félicita de ce que les templiers n’aient pas volé au secours de Legrave. Il y eut des cris de désapprobation, des regards anxieux, mais le visage sévère du grand maître et l’air embarrassé de Branquier le confortèrent dans son hypothèse.
    « Ils savent quelque chose, pensa-t-il. Mes révélations touchent à certains de leurs secrets. »
    Enfin on força Legrave, rouge de colère, à se rasseoir.
    — Vous n’avez pas de preuves ! cracha-t-il.
    — J’aborderai ce problème le moment venu, après avoir évoqué les autres crimes, rétorqua Corbett. Pauvre frère Odo ! Vous l’avez attaqué par surprise, alors qu’il allait pêcher, n’est-ce pas ? Vous l’avez guetté entre les arbres, près de l’entrée du débarcadère. Je n’ai décelé aucune trace de sang là-bas, je suppose donc que vous l’avez assommé, et lui avez probablement brisé le crâne. Puis, vous l’avez installé dans sa barque, en l’attachant bien droit avant de répandre la poudre inflammable sur l’avant et l’arrière de l’embarcation. Vous lui avez lié les mains aux rames que vous avez fixées aux tolets, et vous avez glissé la canne à pêche entre ses doigts avant de pousser Le Fantôme de la Tour vers le mitan du lac. Ainsi, le vieil Odo, revêtu de son habituelle esclavine, se penchait sur sa canne à pêche, dans sa barque ballottée par les eaux : une scène familière à tout habitant de Framlingham. Quant à vous, caché à la lisière, vous avez tiré une flèche enflammée dans l’embarcation. La peur croît au manoir. Si un être comme Odo, paladin du Temple, est dévoré par les flammes de l’Enfer, qui y échappera ? De quel mal souffre donc le manoir ? De quel mal souffre donc l’ordre des Templiers ? Et le poison du soupçon se répand encore plus.
    — Pourquoi Odo ? demanda Molay. Un vieillard d’une si grande bonté ?
    — Parce que c’était un érudit.
    — Et Baddlesmere ?
    — Une source de scandale. Legrave connaît ses secrets inavoués, son penchant pour les jeunes gens, son goût pour le vin blanc frais qu’il déguste dans sa chambre. Il verse une drogue narcotique dans le pichet, répand la poudre fatale sous la jonchée et sur la tenture de cuir destinée à protéger des courants d’air. Seulement, voilà : Baddlesmere n’est pas là, suite à une querelle d’amoureux. C’est Scoudas et Joscelyn qui boivent le vin. La nuit tombe. Baddlesmere ronge son frein dans le bois.
    Corbett scruta les traits gris de Legrave.
    — Et vous revenez à la chambre avec, sans doute, du charbon de bois enflammé que vous glissez sous la porte. La jonchée est sèche, la poudre prend feu, le brasier fait rage et les deux jeunes gens, endormis
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