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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan
Autoren: Paul C. Doherty
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chuchotement, le Malin lui-même est apparu près de Walmer Bar. Il portait une tunique pourpre et un chaperon noir.
    Thurston revint sur ses pas et observa le visage ridé de soeur Cecilia.
    — Il avait un aspect terrifiant, reprit-il d’une voix rauque, le bec d’un aigle, des yeux étincelants, les membres velus et les serres d’un griffon.
    — Cela suffit ! coupa soeur Marcia. Vous vous amusez à nous effrayer. Nous devrions déjà être à York à l’heure qu’il est.
    « Oh, pour sûr, se dit Thurston. Et on y serait déjà depuis une heure si vous n’aviez pas jacassé autant sur les lutins, les templiers, les démons ou la magie. »
    Il regarda le ciel étoilé.
    — Ne vous inquiétez pas, mes soeurs ! les rassura-t-il par-dessus son épaule, encore deux miles et nous atteindrons Botham Bar ! D’ailleurs, nous y serions plus tôt si vous pouviez faire trotter vos haquenées plus vite !
    Elles ne se le firent pas dire deux fois. Elles talonnèrent leurs montures en lui criant de ne pas marcher trop en avant. Il repartit à grandes enjambées, pas mécontent d’avoir taquiné ces bonnes vivantes bien en chair qui, depuis leur départ de Beverley, avaient passé plus de temps à parler de Satan qu’à prier. Mais soudain il s’immobilisa. En bon paysan et braconnier invétéré, il connaissait parfaitement la forêt et savait distinguer les odeurs et les sons inquiétants. Quelque chose n’allait pas et il le sentait. Il leva la main, ses cheveux se hérissèrent sur sa nuque et son coeur se mit à battre à tout rompre. L’air nocturne lui apportait une étrange odeur de fumée, de feu, et de quelque chose d’autre... de chair humaine brûlée. Thurston reconnut l’odeur. Il ne l’avait jamais oubliée depuis ce jour où, à Guiseborough, la sorcière avait péri sur le bûcher, sur la place du marché. Le village avait pué pendant des jours entiers comme si la vieille vipère avait maudit l’air au moment même de mourir.
    — Que se passe-t-il ? lança soeur Cecilia d’une voix suraiguë en s’efforçant à grand-peine de maîtriser son palefroi.
    L’animal, assez doux d’habitude, se montrait très nerveux, comme si, lui aussi, était sensible à la puanteur.
    — Je ne sais pas, répondit Thurston. Écoutez !
    Les deux religieuses obtempérèrent. Puis elles l’entendirent : un galop échevelé sur le sentier. Thurston se hâta de les faire se ranger sur le talus. Le cheval surgit dans un bruit de tonnerre, cou allongé, oreilles couchées. Un instant paniqué, le paysan se demanda s’il ne pourrait pas arrêter l’animal emballé. Celui-ci les vit, et, glissant sur le chemin, obliqua et se cabra avant de continuer sa course folle. Le sang de Thurston se glaça dans ses veines : les jambes coupées du cavalier étaient coincées dans les étriers.
    — Qu’est-ce que c’est ? chuchota soeur Cecilia.
    Thurston s’accroupit sur le talus, les mains crispées sur le ventre.
    — Thurston ! hurla soeur Marcia, qu’y a-t-il ?
    Il se retourna et vomit dans l’herbe. Puis il saisit la gourde de vin accrochée au pommeau de la selle de soeur Cecilia. Sans écouter leurs protestations, il ôta le bouchon et avala une énorme lampée.
    — Il vaut mieux se dépêcher.
    Il remit le bouchon en place, lança la gourde à soeur Cecilia et, sans un regard en arrière, reprit son chemin. Après un tournant, ils arrivèrent, pleins de frayeur, près d’un feu violent qui brûlait à la lisière de la forêt. Soeur Marcia eut un haut-le-coeur à cause de la forte puanteur et, de mauvaise grâce, laissa sa haquenée s’approcher des flammes. Elle jeta un coup d’oeil au feu qui consumait avidement un tronc humain et poussa un hurlement. Elle s’évanouit devant l’atroce spectacle et s’écroula comme une masse sur le sol.

 
    CHAPITRE PREMIER
    York, fête de l’Annonciation, 1303.
    — Dieu sait pourtant que j’en ai besoin !
    Édouard d’Angleterre passa la main dans ses cheveux gris acier avant d’abattre son poing sur la table du réfectoire du prieuré St Léonard, dans les faubourgs d’York. Le bruit se répercuta dans la longue pièce chaulée.
    — J’ai besoin d’argent ! cria le roi.
    Loin de s’effrayer de son attitude théâtrale, les quatre commandeurs du Temple, principaux chefs de cet ordre chevalier, tournèrent leurs regards vers le grand maître Jacques de Molay, récemment arrivé de France, qui siégeait sur sa chaire {7} , mains
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