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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan
Autoren: Paul C. Doherty
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jointes, comme en prière.
    — Eh bien ? aboya le monarque.
    Impassible sous son hâle, Jacques de Molay se borna à écarter les mains. Ses yeux gris clair restaient impavides, face au terrible accès de rage du monarque.
    — Eh bien, s’impatienta ce dernier, allez-vous me répondre ou me bénir ?
    — Nous ne sommes pas vos sujets, Sire.
    — Certains d’entre vous le sont, par la malemort ! rugit le roi.
    Il se redressa sur son siège, en martelant la table.
    — Sur le chemin d’York, je suis passé devant votre manoir de Framlingham. J’ai remarqué l’élégance de son portail, les champs, les pâturages, les viviers et les vergers. Ces terres m’appartiennent. Le bétail et les moutons qui y paissent m’appartiennent. Les moineaux qui nichent dans les branches et les pigeons de vos fuies m’appartiennent. C’est mon père {8} qui vous a fait don de ce manoir, je peux le reprendre quand il me plaît.
    — Tout ce que nous avons nous vient de Dieu, rétorqua calmement le grand maître. De nobles princes comme votre père se sont montrés généreux pour que nous continuions notre combat contre les infidèles et reconquérions les Lieux saints de Palestine.
    Édouard fut tenté de répliquer que les templiers s’y étaient fort mal pris, mais, se tournant du côté de la fenêtre, il croisa le regard d’un clerc brun, assis dans l’embrasure, qui lui fit signe de modérer ses propos. Respirant plus bruyamment à présent, Édouard leva les yeux vers la belle charpente de bois poli.
    — J’ai besoin d’argent. La guerre avec l’Écosse est sur le point de s’achever. Si je pouvais seulement capturer ce félon de Wallace {9} , ce feu follet !...
    — Mais vous n’êtes pas en guerre avec la France, l’interrompit le maître. Vous et Son auguste Majesté, Philippe IV, signerez bientôt un traité de paix éternelle.
    Le sarcasme n’échappa pas à Édouard qui dissimula un sourire.
    — Votre fils et héritier, le prince de Galles {10} , reprit Jacques de Molay, va épouser la fille du roi Philippe, la princesse Isabelle {11} , qui lui apportera une dot substantielle.
    A la gauche du monarque, John de Warrenne, comte de Surrey, rota sans discrétion aucune, ses yeux bleus et larmoyants rivés sur le grand maître. Édouard, de sa botte, lui écrasa les orteils.
    — La réponse de notre cher comte, commenta-t-il, manque d’élégance, mais reconnaissez, Messire de Molay, que vous vous gaussez de nous. La princesse Isabelle n’a pas neuf ans. Il se passera encore plus de trois années avant qu’elle puisse se marier. Je dois remplir mes coffres dès les mois prochains. Il me faut des troupes fraîches pour ma campagne d’Écosse avant la mi-été.
    Il lança un coup d’oeil désespéré à chacun des commandeurs. « Ils finiront bien par m’aider, pensa-t-il. Ce sont des Anglais. Ils connaissent les problèmes qui m’assaillent. » Aucune compassion, pourtant, ne se peignait sur les traits burinés de Bartholomew Baddlesmere, qui était chauve comme un oeuf et portait une barbe grisonnante. Quant à William Symmes, son voisin, dont un bandeau noir couvrait l’oeil gauche, son étroit visage couturé de cicatrices et encadré par les mèches raides de ses cheveux blonds n’exprimait que dureté. « Aucun espoir de ce côté ! jugea Édouard. Tous les deux appartiennent au Temple, corps et âme. Ils ne se soucient plus que de leur fichu ordre ! »
    Il chercha le regard de Ralph Legrave qui, vingt ans auparavant, avait servi dans sa maison en qualité de chevalier. Il avait revêtu à présent la cotte blanche frappée de la croix pattée rouge. Son visage ouvert et enfantin, à la peau fine comme celle d’une demoiselle, ne trahissait pourtant aucune aménité envers son ancien seigneur. En face de lui, Richard Branquier venait de s’essuyer le nez d’un revers de manche. Le grand argentier du Temple en Angleterre, à la haute silhouette voûtée, arborait une mine sombre. Son regard de myope fuyait celui du monarque pour se concentrer sur le livre de comptes ouvert devant lui.
    « Pareil à un jean-foutre de marchand ! pesta Édouard in petto. Il me considère comme un cheval boiteux ! » Le roi fixa ses mains croisées sur ses genoux. « J’aimerais leur briser le crâne ! » songea-t-il.
    À ses côtés, John de Warrenne racla des pieds en branlant lentement la tête de droite à gauche. Édouard lui serra le poignet à le lui casser. Le comte ne
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