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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam
Autoren: Axel Aylwen
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le voir changer complètement.
    — Mais vous, mon oncle? Vous seriez-vous conduit de
cette façon avec votre épouse ? »
    Mestre Phanik hésita.
    « C'est l'une des raisons pour lesquelles je ne me suis
jamais marié : éviter ce genre de problème. Évidemment, j'aurais souffert de ne
pouvoir élever un enfant si je n'avais eu la chance de t'avoir. Je crois
malheureusement, ma chérie, que le mâle humain est par essence polygame :
seules les plus profondes croyances religieuses peuvent lui permettre de se
contrôler. La foi de Constant, je regrette de le dire, n'a pas cette rigueur.
    — Mais, mon oncle, est-ce que cela ne fait pas de
lui un pécheur?
    — Certes, ma chère, mais ne sois pas trop sévère
avec lui. Cela est d'autant plus difficile dans son cas que ses habitudes sont
fortement enracinées. Mais, comme je te le disais, il a d'autres qualités. Dans
la mesure où il te traitera bien et se montrera un bon père pour vos enfants,
tu serais bien avisée de l'accepter. Tu pourrais remercier le Ciel de trouver
en lui un meilleur mari que la plupart des autres hommes. »
    Maria était stupéfaite de l'insouciance de son oncle.
    « Mais, mon oncle, vous avez toujours été si strict et si
honnête sur ce plan-là et voilà que, tout à coup...
    — Nous nous efforçons d'élever notre progéniture dans un
monde idéal, ma chérie, mais le moment venu il nous faut procéder à certaines
concessions. » Mestre Phanik passa un bras consolateur autour des
épaules de sa nièce. « Il en sera de même un jour avec tes enfants, tu verras.
»
    Maria observa attentivement son oncle. Sous cette
apparente insouciance, quelque chose le troublait, elle le sentait. Et il ne
lui manifestait pas la compassion à laquelle elle s'attendait.
    « Mon oncle, mon père se serait-il comporté de cette
façon? Aurait-il osé insister pour garder deux femmes? Vous m'en avez toujours
tant dit sur ma mère et si peu sur lui. Je sais que c'était un marchand comme
vous et qu'il est mort de la peste alors que je n'avais que deux ans, mais vous
ne m'avez jamais donné plus de précisions. On aurait dit presque que vous
évitiez mes questions. »
    Mestre Phanik bougea sur son siège, embarrassé. Il
garda le silence un moment, apparemment abîmé dans ses pensées. Puis il se leva
de son fauteuil et se mit à arpenter la pièce. Il finit par poser les mains sur
les épaules de Maria et plongea son regard grave dans le sien.
    « Je ne t'ai jamais beaucoup parlé de ton père, Maria,
car je ne pouvais pas trouver les mots qu'il fallait pour te le décrire. Car,
vois-tu, il est maintenant debout devant toi. »
    Maria examina tout d'abord sans comprendre le visage de
l'homme qui venait de s'adresser à elle.
    Ce fut mestre Phanik qui finit par rompre le
silence. Une lueur venait de s'allumer dans ses yeux, un soulagement de se voir
enfin déchargé d'un fardeau qu'il portait depuis longtemps.
    « Tout ce que je t'ai dit de ta mère était vrai, Maria.
Sauf qu'elle n'a jamais épousé ton père. Elle est restée bouddhiste jusqu'à la
fin, heureuse de sa foi, n eprou-vant que joie à ta naissance. Elle ne voyait
aucune raison de se convertir. Elle aussi est morte de la peste quand tu avais
deux ans. En tant que catholique, je n'ai pas voulu que tu... ce stigmate...
pardonne-moi. »
    Mestre Phanik lui tendit les bras. Il était au
bord des larmes.
    Maria hésita, puis lentement elle vint se blottir contre
lui. Tout d'abord elle se tint simplement là, immobile, puis elle le serra peu
à peu avec plus de tendresse jusqu'à finir par 1 etreindre avec passion.
    « Tu vois, ma chérie, murmura-t-il, nul n'est parfait.
Accepte Constant tel qu'il est. »
    « Vous ne pouvez pas vous lever, mon Seigneur », lui
reprocha Sunida.
    Il était midi et le soleil entrait à flots par la fenêtre
de la chambre de Phaulkon. Vous avez entendu les ordres du médecin. Même le
docteur farang était d'accord. »
    Chaque fois que Phaulkon s'était soulevé sur un coude,
Sunida l'avait doucement repoussé sur les coussins. Il avait été soigné à la
fois par les médecins de Sa Majesté et par le jésuite Le Moutier. Il risquait
de perdre sa jambe, disaient-ils, s'il y prenait le moindre appui avant que la
blessure fût convenablement cicatrisée. Le couteau de Sorasak avait pénétré
profondément la cuisse. Phaulkon était tout endolori et pourtant il souhaitait
désespérément se lever. Ce n'était pas le moment de rester au lit, il y avait
beaucoup trop
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