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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam
Autoren: Axel Aylwen
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parvinrent à frapper la coque
tandis que les autres s'enfonçaient dans l'eau.
    « Venez ! Vite ! » cria Phaulkon d'une voix rauque. À son
insu, un rameur solitaire se précipitait vers lui.
    Plusieurs Macassars plongèrent à la poursuite de White et
des farangs survivants mais, ne sachant nager, ils furent contraints de
regarder les canots s'éloigner...
    Un bateau vint se glisser près de Phaulkon. Un bras
surgit de derrière et le fit basculer : le Grec était trop faible pour
résister.
    « Je vous ai cherché partout, Maître. Loué soit le
Seigneur Bouddha, vous êtes sain et sauf. » Kukrit lui adressa un grand sourire
et gagna le milieu de la rivière. Épuisé, White les suivit. Ivatt s'efforçait
d'enrouler un lambeau de blouse déchirée autour de la plaie béante qu'il avait
au ventre et qui saignait de façon inquiétante.
    Au prix d'un dernier effort, Phaulkon se souleva sur un
coude et cria aux survivants de sa petite troupe trempée : « Retour à Ayuthia.
Tous ensemble. Allons-y! »
    Les moins blessés d'entre eux prirent les pagaies, au
moment où des sonneries de trompettes assourdissantes emplissaient l'air.
Regardant vers le camp, ils aperçurent le régiment royal des éléphants faisant
mouvement vers l'ennemi. Les Macassars se retournèrent pour leur faire face. Le
général Petraja venait d'arriver avec le gros de l'armée pour revendiquer sa
part de la victoire.
    39
    Aarnout Faa jubilait. On venait de lui annoncer que,
depuis Batavia, une armada de douze vaisseaux faisait route vers le Siam, sous
le commandement du contre-amiral Jonas Van der Wamsen. Ils avaient quitté Java
le 4 mai, il y avait dix-huit jours exactement, et ils atteindraient les eaux
du Siam d'ici trois à quatre jours tout au plus. Dès qu'ils seraient parvenus
dans l'estuaire du Menam, le commandant enverrait un messager en informer Faa à
Ayuthia. Le premier courrier avait confirmé qu'il y avait à bord six cents
    soldats puissamment armés. Dans sa lettre, le gouver-neur-generaal s'était dit scandalisé de l'accession de Phaulkon au
mandarinat et avait exprimé son inquiétude sur les conséquences politiques
d'une telle promotion. Ce Grec s'était manifestement attiré les faveurs du roi.
Il était inadmissible qu'un membre de la Compagnie anglaise concurrente eût
ainsi l'oreille de Sa Majesté de Siam. À quoi allaient aboutir des débuts aussi
peu favorables aux Hollandais? Dès l'arrivée de ses vaisseaux de guerre,
Aarnout Faa était autorisé à présenter au Siam un ultimatum. Il devait non
seulement exiger la libération de Potts, mais formuler également le maximum de
revendications acceptables que l'on pourrait trouver : le gouverneur en
laissait le choix à la discrétion d'Aarnout Faa. Si l'on refusait d'y accéder,
il devait déclarer la guerre.
    Depuis leur position au milieu du fleuve, face à la
capitale, songea Aarnout Faa, les canons des navires pourraient faire feu sur
la ville aussi longtemps qu'il faudrait pour la détruire ou obtenir une
capitulation des Siamois. Les quelques centaines de soldats hollandais avec
leurs mousquets suffiraient pour repousser les hordes qui viendraient rôder
avec leurs petites embarcations autour des navires de guerre, en essayant
vainement de les aborder. En raison du nombre limité d'armes à feu dont ils
disposaient, les Siamois se battaient surtout avec des lances, des harpons et
des épées : la cotte de mailles qui protégeait les Hollandais rendrait leurs
flèches empoisonnées aussi inefficaces que les rangées d'éléphants de guerre
alignées en vain le long du rivage.
    Que pouvaient en effet obtenir des centaines, voire des
milliers d'éléphants de guerre, contre l'artillerie des Hollandais? Dans une
bataille, tout était relatif, songea Faa. Qu'avaient pu faire un millier de
Macassars contre les éléphants de guerre du général Petraja? Et que pourrait
faire demain un millier d'éléphants de guerre contre les canons de la Hollande?
    Faa sourit. Phaulkon pouvait être le héros du moment, sa
gloire serait de courte durée. Que dirait le gouvemeur-generaal s'il
savait que l'on venait de nom-
    mer Phaulkon mandarin de première classe, en faisant
ainsi de lui l'un des trente plus éminents dignitaires du pays? Chao Praya
Vichaiyen! Heer Van Goens avait été déjà suffisamment furieux
d'apprendre la nomination du Grec au mandarinat de troisième classe : mais de
première classe... Quelle ironie, songea Faa, que ces pirates et
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