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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam
Autoren: Axel Aylwen
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contrebandiers
anglais aient tous été honorés. Le petit Anglais, la jeune recrue qui avait été
apparemment blessée au ventre, s'était vu décerner l'ordre de l'Éléphant blanc
de troisième classe. Ce marchand rebelle, White, avait été confirmé comme
Shahbandar de Mergui, capitaine général du port. Incroyable ! Sans oublier le
chef du poste britannique, Burnaby, qui avait été nommé gouverneur de Mergui.
C'était un véritable complot. Mais, pour eux aussi, ces honneurs allaient être
éphémères, songeait Faa, parcourant de nouveau la missive du gouverneur-generaal.
    Le paragraphe 3 confirmait que Madras avait lancé un
mandat demandant l'arrestation immédiate de Phaulkon, de Burnaby, d'Ivatt et de
White, accusés de contrebande, de détournements de fonds, de corruption et de
trahison. Ils étaient révoqués sur-le-champ et devaient regagner immédiatement
les bureaux de la direction. Même si les émissaires, porteurs du mandat, se
trouvaient encore en haute mer, le détail de cette ordonnance était déjà
parvenu à Batavia par la factorerie anglaise de Bantam et le directeur
hollandais d'Avuthia était autorisé à en faciliter l'exécution et à expédier
les accusés à Madras, sous escorte armée si nécessaire.
    Aarnout Faa décida qu'il allait d'abord attendre
l'arrivée de l'armada hollandaise. Puis, avec le soutien de six cents soldats,
il procéderait aux arrestations exigées. Une fois les Anglais écartés, il
pourrait sans encombre satisfaire le projet auquel il tenait tant : mettre la
main sur le Siam. Une fois l'opération pleinement réussie, lui-même serait tout
désigné pour le poste de gouverneur. Un frisson d'orgueil le parcourut. Le
paragraphe 6 de la lettre le précisait en toutes lettres : premier gouverneur
du territoire hollandais du Siam.
    Aarnout Faa consulta sa montre et se leva. Il était temps
de se rendre au palais pour assister aux obsèques du Barcalon. Sa Majesté en
personne devait être présente. Le Barcalon avait succombé trois jours plus tôt,
alors que les Macassars étaient en pleine rébellion. Le docteur Kornfeldt avait
été l'un des médecins traitants de Son Excellence : il avait confirmé qu'il
était trop tard pour sauver le Barcalon, l'asthme l'avait emporté.
    Qui serait le prochain Barcalon? se demanda Faa. Le
Hollandais sourit. Quel qu'il fût, ce serait le nouveau gouverneur hollandais
qui le désignerait.
    Maria s'agenouilla auprès de son oncle. Elle était
manifestement désemparée.
    « Qu'y a-t-il, ma chérie? demanda mestre Phanik
d'un air soucieux.
    — Oh, mon oncle, je ne puis garder plus longtemps
ces choses-là, il faut que je me confie à vous.
    — J'attendais que tu me parles, ma chérie. Je ne
voulais pas te bousculer. »
    Elle hésita un moment, puis les mots sortirent comme un
torrent.
    « Constant me manque. Je ne l'ai pas vu depuis notre
dispute de la semaine dernière. Maintenant, il est blessé, il souffre et je
voudrais tant lui rendre visite. Mais cette femme est là-bas, constamment
auprès de lui. »
    Mestre Phanik l'observa un moment en silence. « Tu
parles de Sunida, ma chérie ? » demanda-t-il d'un ton compatissant.
    Maria hocha tristement la tête. « Oui. Et il ne veut pas
renoncer à elle : il me l'a dit.
    — Comme nous le savons, ma chérie, on l'a envoyée
pour l'espionner, en pensant qu'elle constituerait pour lui une utile
distraction. On a dû la choisir au Palais pour ses... talents, et il était
inévitable que... pour finir... ma foi, tu connais les coutumes d'ici, ma
chère.
    — Mon oncle, comment pouvez-vous parler ainsi ? Et
avec un tel calme ?
    — Il ne s'agit pas de calme mais de résignation.
J'ai tenté de te mettre en garde à propos de Constant quand j'ai découvert que
tu étais tombée amoureuse de lui. Mais tu paraissais si décidée... Tu sais à
quel point il est attiré par le mode de vie siamois. Tu n'ignorais pas qu'il
approuvait leurs coutumes. Mais il a d'autres qualités.
    — On dirait presque que vous prenez sa défense »,
lui reprocha Maria. Elle avait éprouvé tant de fierté à apprendre le rôle
héroïque qu'il avait joué lors du soulèvement des Macassars et un tel
soulagement à découvrir qu'il était en vie : mais il était terrible de ne pouvoir
l'approcher, surtout en sachant qu'il était blessé.
    « Pas du tout, ma chérie, je suis simplement réaliste. Tu
étais au courant de sa liaison. Je sais que cela te fait mal, mais tu ne
pouvais pas t'attendre à
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