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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam
Autoren: Axel Aylwen
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n'aurait plus dès lors à espionner son Seigneur. Elle pourrait lui parler
de n'importe quoi sans la crainte perpétuelle de le voir s'accuser lui-même.
Leur amour serait total et sans entrave. Elle se pencha pour respirer
profondément sa joue et ferma les yeux.
    « Sunida, murmura-t-il, je passerai plus de temps au
palais qu a la maison.
    — Mais pas trop, mon Seigneur, fit-elle pour le
taquiner. Je veux avoir le temps que vous me manquiez. »
    Phaulkon se mit à rire. « Sunida, je veux que tu ailles
jusqu'à la mission jésuite et que tu leur montres la lettre de Maria. Dis-leur
que le traité avec la France doit être immédiatement ratifié et proclamé. Il
n'y a pas de temps à perdre. Fais vite, sinon je risque en ton absence de me
lever pour marcher.
    — Vous n'allez pas bouger, mon Seigneur. Je m'en
vais laisser ici Tip et Sorn avec des consignes strictes. Et vous... » Elle
s'interrompit car Tip faisait entrer dans la chambre Burnaby et White. « Mieux
encore, ajouta Sunida. Ces deux-là seront assez forts pour faire respecter mes
instructions. » Elle les salua et désigna le lit de Phaulkon expliquant par des
gestes qu'il ne devait pas en bouger. White dévisagea Sunida fasciné, comme à
chaque fois qu'il la voyait. Il la suivit des yeux quand elle quitta la pièce.
    Burnaby acquiesça et s'approcha de Phaulkon. « Alors,
comment se porte le malade ?
    — Pas mal, merci, Richard, sauf que je me sens
frustré, sous le poids de la vengeance et de la colère. Et comment va Thomas?
    — Il est en bonne voie de rétablissement, répondit
Burnaby. On peut le deviner au fait que ses plaisanteries s'améliorent. Elles
sont presque redevenues normales. Sa blessure à l'estomac est maintenant
refermée.
    — Il a prétendu que les brûlures qu'il ressentait
étaient une bonne préparation pour la nourriture indienne épicée qu'il devra
consommer à son nouveau poste », ajouta White.
    Phaulkon eut un petit rire. « Et quelles nouvelles du
monde extérieur?
    — Il se passe beaucoup de choses, répondit Burnaby,
mais rien qui ne puisse attendre votre guérison, s'empressa-t-il d'ajouter en
voyant Phaulkon prêt à se lever.
    — Dites-moi, insista Phaulkon.
    — Le gouverneur adjoint du Tenasserim a été décapité
sur la place publique. Il s'appelait Oc-Ya Tannavv ou quelque chose comme ça.
Il semble qu'un membre survivant de l'entourage proche du prince Daï ait été
capturé et horriblement torturé. Il a révélé que le gouverneur adjoint s'était
secrètement rendu à Avuthia pour coordonner le coup d'État musulman, une fois
le terrain préparé par les Macassars. » Burnaby marqua un temps, l'air écœuré.
« La tête tranchée de l'Oc-Ya Tannaw se trouve maintenant suspendue au cou du
prince Daï. Le chef macassar est contraint de porter ce pendentif en
permanence. »
    Phaulkon frémit. C'était le châtiment traditionnel des
conspirateurs. Ceux qui complotaient ensemble étaient punis ensemble. Le prince
allait sans doute conserver autour du cou la tête de l'Oc-Ya pendant trois bons
jours, et contempler sans répit les yeux du Maure. Il aurait tout le temps de
réfléchir à leur coupable complicité jusqu'au moment où il serait à son tour
décapité.
    « Y a-t-il eu d'autres survivants macassars ? »
interrogea Phaulkon.
    Cette fois, ce fut Samuel qui répondit.
    « Seulement six, Constant. Les autres ont été tués ou se
sont donné la mort. Malgré toute leur bravoure, les Macassars n'étaient pas de
taille à résister aux éléphants de Petraja. » Si endurci qu'il fût, White
baissa la tête. « J'ai assisté à leur exécution ce matin à l'aube. Ils avaient
été condamnés à être dévorés par des tigres. On a gardé toute la nuit des bêtes
affamées enfermées dans une cage. C'était un spectacle affreux. Pendant que les
fauves se rassasiaient des membres des prisonniers, les jésuites français et
portugais présents brandissaient leurs crucifix vers les Macassars suppliciés,
les implorant de renoncer à leurs dieux pour être admis dans le royaume des
cieux. Mais les prisonniers agonisants ricanaient devant eux, se faisant une
gloire d'afficher leur stoïcisme.
    — Tous les Maures ont été arrêtés pour être
interrogés, observa Burnaby. On les a vus passer, la tête rasée, alors que
d'autres ont eu le haut du crâne tranché d'un coup de sabre. On a dit que les
anciens du Conseil de Tenasserim allaient être déchus de leurs charges et qu'on
leur interdira de
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