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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam
Autoren: Axel Aylwen
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en votre présence. Il me révélera ce qu'il ne vous avouerait
jamais, même sous la torture.
    — Qu'est-ce qu'il dit ? demanda Burnaby.
    — Il veut interroger Faiçal lui-même, répondit
Phaulkon. Il prétend que de toute façon cette vermine ne me révélerait rien.
Tenez-les tous en joue, Richard, et vous aussi Thomas, mais ne tirez que si
vous y êtes obligés. Pour notre malheur, nous avons besoin de chaque membre de
cette pourriture d'équipage pour manœuvrer la jonque. »
    C'est vrai, Faiçal n'avouerait jamais, se dit Phaulkon.
Ces Malais pouvaient avoir un air servile mais ils avaient un cran incroyable.
Peut-être parviendrait-il à le comprendre à demi mot si Achmed l'inteirogeait.
Il poussa Faiçal vers le second.
    Achmed saisit Faiçal par le bras et l'entraîna hors de
portée de Phaulkon. Désignant le ciel, il lui murmura quelque chose à
l'oreille. Au moment où Faiçal levait la tête, le kriss d'Achmed jaillit et
Faiçal s'effondra sur le pont, le sang jaillissant de sa gorge. Il n'eut pas
même le temps de pousser un cri.
    « Bonté divine ! s'exclama Ivatt, en se cramponnant au
bastingage.
    — Pardonnez-moi, Excellence, dit Achmed en
s'inclinant devant Phaulkon. Quiconque insulte le Tuan m'insulte également.
C'était la volonté d'Allah. Que son nom soit glorifié.
    — Maudit sois-tu, lança Phaulkon en se précipitant
vers lui.
    — Inutile, Constant, répliqua Burnabv. Maintenant
nous ne saurons jamais la vérité. »
    Non sans mal, Phaulkon parvint à se maîtriser. Le vieil
homme avait raison. Pour une fois, sa prudence proverbiale se justifiait.
Burnabv « pas-de-risque », le surnommait-on. Inutile de punir Achmed. De toute
façon, cette canaille était le seul parmi les Malais à s'y connaître en
navigation. Mais avaient-ils découvert la cargaison? se demanda-t-il. Son
estomac se serra à cette idée.
    Achmed fit signe à Mohammed : tous deux soulevèrent le
corps ensanglanté de Faiçal et le portèrent jusqu'au bastingage. « Que la
volonté d'Allah soit faite », pria Achmed en balançant le cadavre pardessus
bord. Au même instant, comme s'il avait assisté en témoin invisible à toute la
scène, Abdul, le corpulent cuisinier, apparut sans un mot sur le pont avec une
bassine d'eau et une brosse. Il s'accroupit et entreprit nonchalamment de
rincer le sang qui tachait le pont. Puis il se dirigea vers lanière pour
reprendre sa place habituelle derrière d'énormes chaudrons noirs dont, de
l'aube au crépuscule, il agitait fréquemment le contenu. Une odeur de curry
flottait perpétuellement autour de lui.
    « Bon, dit Phaulkon en jetant un coup d'œil au ciel et en
respirant avec reconnaissance la brise. Nous appareillons. »
    Ils s'étaient ancrés pour la nuit au large de la côte de
Ligor et il avait soudain hâte de laisser ce rivage derrière lui. C'était là
que les Malais avaient commencé à montrer un comportement bizarre, qui avait
abouti à l'attaque de Faiçal. « Achmed, Mohammed, hissons les voiles et levons
l'ancre. Vous aurez maintenant sur les bras le travail de trois hommes. » Il se
tourna vers Ivatt, toujours appuyé au bastingage et qui observait les Malais. «
Comment ça va, Thomas? Si vous voulez, vous pouvez descendre vous reposer.
    — Merci, mais je crois que je vais rester ici. » Il
eut un pâle sourire. « Je ne voudrais surtout pas manquer quoi que ce soit.
J'ai mené jusqu'à maintenant une vie paisible et retirée. Il est temps que ça
change. » Phaulkon sourit. Il aimait bien le petit homme, même s'il ne le
connaissait que depuis peu. Il savait que l'existence d'Ivatt n'avait guère été
paisible et retirée.
    Thomas Ivatt avait eu plus que sa part d'expériences fascinantes
ou horribles. Né dans une famille d'artistes de ménagerie du Yorkshire, il
avait vu son grand-père lacéré par un tigre alors qu'il n'avait que neuf ans.
Quand son partenaire au trapèze, John Mat-thews, avait fait sous ses yeux une
chute mortelle, il avait quitté le théâtre ambulant pour entrer à la Compagnie
des Indes orientales. A vingt-deux ans il espérait commencer une nouvelle vie
et oublier tout le passé. Il se demandait pour l'instant s'il avait été bien
avisé de renoncer aux dangers de l'acrobatie pour la vie « plus calme » de
l'Asie.
    « Que diable s'est-il passé avec Faiçal ? » interrogea
Burnabv en s'approchant de Phaulkon qui tenait'toujours son mousquet à la main.
Des mèches de cheveux de couleur paille pendaient en désordre
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