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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam
Autoren: Axel Aylwen
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Phaulkon
crut voir George faire un clin d'œil à ce dernier. L'Espagnol s'éloigna en
claudiquant et se retourna sur le pas de la porte pour s'incliner dans leur
direction.
    « Alors, de quoi s'agissait-il ? interrogea George dès
que le pirate eut disparu. On aurait dit deux commères déchaînées dans un souk
de la côte de Barbarie.
    — Vingt-sept souverains d'or avec une commission de
deux souverains pour moi. Reste vingt-cinq, fit Phaulkon rayonnant. Tout juste
cinq souverains d'or par canon. Si ce sont vraiment des pièces originales de
chez De Groot, alors c'est l'affaire de la décennie. Qu'en dites-vous, George?
    — Et comment comptes-tu les payer, mon garçon ? fit
George avec une lueur d'amusement dans les yeux.
    — Sur les fonds de la Compagnie, George. Avec votre
autorisation personnelle. En tant que chef de la comptabilité, je me ferai un
plaisir d'enregistrer la transaction. » Phaulkon sourit. Même George était
déconcerté.
    « Et pourquoi la Compagnie achèterait-elle des canons? De
fabrication étrangère par-dessus le marché?
    — Pour assurer la protection de la nouvelle
factorerie d'Avuthia. Si les autorités siamoises posent la question, on leur
dira que les Anglais installent toujours des canons devant leurs entrepôts
comme symbole du prestige qui convient à une aussi grande nation. Dans un but
strictement défensif, évidemment. »
    George hocha la tête d'un air approbateur. « Ils
pourraient bien avaler ça, reconnut-il. Mais des canons hollandais? Depuis
quand les Anglais ne fabriquent-ils pas chez eux d'assez bons canons ?
    — C'est vrai, George. Mais puisque les Hollandais
menacent le Siam, si nous allions fournir à un vassal rebelle leurs propres
canons, ne semblerait-il pas que ces traîtres de Hollandais arment les
rebelles? Et si ces canons n'étaient guère de nature à menacer le Siam,
l'argent de leur vente pourrait suffire à emplir le navire de Sam White.
    — Par Dieu, mon garçon, je crois que tu es prêt à
diriger le Siam. Tu es une vraie canaille. Tu me ressembles trop : c'est sans
doute pourquoi tu as toujours tant représenté pour moi.
    — Et vous pour moi, George. Mais vous m'aiderez à
lire les poinçons sur ces canons? N'oubliez pas, dit-il en riant, que l'avenir
de l'empire hollandais est en jeu.
    — Je les ai déjà lus, mon garçon. Ce sont
d'authentiques De Groot.
    — Quoi?
    — Je les ai déjà achetés. Avec la même idée que toi.
»
    Phaulkon resta muet.
    « Il n'y a qu'un problème, reprit George. J'en ai offert
trente souverains et tu t'es mis d'accord pour vingt-cinq. » Il éclata de rire.
    Phaulkon allait retrouver sa voix quand don Pedro de
Alcatraz y Mendoza réapparut sur le seuil. Il le dévisagea, bouche bée. Disparu
le bandeau sur l'œil de l'Espagnol, il était coiffé avec soin, sa culotte
n'était plus poussiéreuse et seules quelques petites coupures montraient qu'il
s'était rasé en hâte.
    Il tendit les bras vers George. « Que c'est merveilleux
de se retrouver après toutes ces années, mon ami, fit-il dans un anglais
impeccable.
    — Ça fait douze ans, n'est-ce pas, don Pedro? Je
suis sûr que Manille n'est plus la même depuis lors.
    — On parle encore de vous là-bas, mon ami, surtout
dans... » Il regarda Phaulkon et se ravisa.
    Phaulkon vit avec stupéfaction les deux hommes
s'étreindre chaleureusement.
    Don Pedro se tourna vers Phaulkon. « La morale de
l'histoire, senor: ne jamais juger sur la mine. Mais permettez-moi, je
vous en prie. » Il tendit les bras et étreignit à son tour Phaulkon.
    « Avez-vous toujours deux identités, senor? demanda
Phaulkon, retrouvant enfin sa voix.
    — De telles précautions sont indispensables quand on
vend... hum... une marchandise délicate. Si les Hollandais avaient vent de
cette affaire, ils rechercheraient un pirate borgne, et non le marquis
d'Alcatraz, ami du gouverneur. Je suis aussi un ami du prince Daï. C'est moi
qui l'ai persuadé de se réfugier au Siam pour sauver sa race de l'extinction et
c'est moi qui lui ai acheté les canons pour payer son passage. Vous comprenez,
ils ne valaient pas grand-chose pour lui. Même s'il les avait capturés aux
Hollandais, aucun de ses hommes n'était disposé à s'abaisser à une forme aussi
dégradante de combat. Et quel déshonneur pour un Macassar de se battre
autrement qu'au kriss ! Les canons, je puis vous l'assurer, sont magnifiques...
et authentiques. Si je n'avais pas besoin... si je n'avais pas besoin
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