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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton
Autoren: Matilde Asensi
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ne jamais revêtir l’uniforme ; il était habillé en civil, avec des vêtements coûteux. Trop pour le maigre salaire d’un simple garde suisse…
    Nous traversâmes en silence le vestibule des Archives en passant devant le bureau fermé du père Ramondino, et prîmes l’ascenseur. Glauser-Röist introduisit sa clé toute neuve dans le panneau.
    — Vous avez les photos, capitaine ? lui demandai-je avec curiosité tandis que nous descendions vers l’Hypogée.
    — Bien sûr, dit-il.
    Il ressemblait de plus en plus à un roc, un monolithe. D’où avaient-ils sorti un type pareil ?
    — Nous nous mettrons donc au travail tout de suite ?
    — Oui.
    Mes assistants regardèrent passer, bouche bée, Glauser-Röist qui avançait vers mon bureau, indifférent à la curiosité qu’il suscitait. La table de Guido Buzzonetti était déserte ce matin-là. Une épine dans mon cœur.
    — Bonjour, dis-je à voix haute.
    — Bonjour, murmura quelqu’un pour m’éviter un terrible affront.
    Un silence tendu nous accompagna jusqu’à la porte de mon bureau. Le cri que je laissai échapper en l’ouvrant dut s’entendre jusqu’au Forum romain.
    — Doux Jésus ! Mais que s’est-il passé ?
    Ma vieille écritoire avait été remisée sans pitié dans un coin et, à sa place, une table métallique avec un ordinateur gigantesque occupait le centre de la pièce. D’autres engins informatiques avaient été placés sur de petites tables tirées d’un bureau non utilisé. Des dizaines de câbles et de prises parcouraient le sol, suspendus sur mes vieilles étagères.
    Je me couvris la bouche de la main, horrifiée, et entrai en marchant aussi prudemment que si j’étais entourée de serpents.
    — Nous allons avoir besoin de tout cet équipement pour travailler, annonça le Roc derrière moi.
    — J’espère que vous avez raison, capitaine ! Qui vous a donné l’autorisation d’entrer dans mon bureau et d’y mettre un pareil désordre ?
    — Le père Ramondino.
    — J’aurais préféré que vous vous adressiez à moi.
    — Nous avons tout installé hier soir ; vous étiez déjà partie.
    Aucune note d’affliction ou de remords dans sa voix, il se contentait de me donner une information comme si ce qu’il faisait était au-delà de toute discussion.
    — C’est parfait ! vraiment parfait ! dis-je avec rancœur.
    — Vous voulez commencer à travailler, oui ou non ?
    Je me tournai comme si j’avais reçu une gifle et le regardai avec tout le mépris dont j’étais capable :
    — Plus vite on en aura fini, mieux ce sera.
    — Comme vous voudrez, murmura-t-il.
    Il retira sa veste et sortit le dossier épais que monseigneur Tournier m’avait montré la veille.
    — C’est à vous, dit-il en me le tendant.
    — Et vous, que comptez-vous faire pendant que je travaillerai ?
    — Je vais utiliser l’ordinateur.
    — Dans quel but ? demandai-je, étonnée.
    Mon analphabétisme informatique était un sujet que je savais devoir affronter un jour et régler, mais pour le moment, en bonne érudite, j’étais très contente de pouvoir encore mépriser l’usage de ces machines diaboliques.
    — Pour lever tous les doutes que vous pourriez avoir, et vous fournir les informations dont vous pourriez avoir besoin.
    Notre conversation s’arrêta là.
    Je commençai à examiner les photos. Il y en avait trente exactement, numérotées et classées par ordre chronologique, c’est-à-dire du début à la fin de l’autopsie. Après un premier coup d’œil, je sélectionnai celles sur lesquelles on voyait le corps entier de l’Éthiopien, allongé sur une table métallique, de face et de dos. À première vue, le plus frappant était la fracture des os du pelvis, en raison de l’angle peu naturel que formaient les jambes, ainsi qu’une terrible lésion dans la zone pariétale droite du crâne, qui avait laissé à découvert, parmi des fragments d’os, la masse gélatineuse et grise du cerveau. Je mis de côté les autres photos, qui m’étaient inutiles, car j’étais incapable d’apprécier la multitude de lésions que le cadavre présentait, et je ne pensais pas qu’elles étaient pertinentes pour mon travail. Je remarquai cependant qu’il s’était coupé la langue, sans doute à cause de l’impact.
    L’homme était mince et élancé, et avait la peau très sombre. Les traits de son visage constituaient la preuve définitive de son origine abyssine : des pommettes hautes et
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