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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle
Autoren: Rudolf Hoess
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dans ses conséquences, mais dont le
statut politique est de même rang que les décisions précédentes, c’est-à-dire « traitée »
au sein d’un de ces multiples services engendrés par la bureaucratie du Reich.
Une telle thèse a pour conséquence de diffracter la responsabilité à l’intérieur
de l’appareil, et surtout d’en exonérer largement Hitler, qui devient par là un
dirigeant dépassé par ses propres troupes et incapable de leur imposer une
direction cohérente. Il y a là une conception de la responsabilité qui rejoint
sur le fond le système de défense employé par les accusés lors de leurs procès :
même au plus haut niveau, chacun ne faisait qu’exécuter les ordres.
    Elle a été vivement combattue par des chercheurs qui ont
fait valoir que l’absence d’un ordre écrit signé de Hitler est bien conforme à
tout ce que nous savons de sa pratique politique : des ordres verbaux
distribués à ses lieutenants en tête à tête ou au cours de ces interminables
repas, soirées, discussions rapportés par Hermann Rauschning qui eut maintes
fois l’occasion d’y participer [17] .
Si les ordres étaient rarement écrits, par contre, pour tous les grands projets
du régime, les plus meurtriers, la référence à la « volonté du Führer  »
est constante à tous les niveaux des appareils politique, administratif et
militaire. En ce qui concerne le génocide, depuis le monumental travail réalisé
par Raul Hilberg, il n’y a plus aucun doute : une décision explicite d’extermination
venue du plus haut niveau a bien eu lieu, au cours de l’année 1941. On a
de multiples preuves, hors les témoignages, dans des courriers, des rapports,
des circulaires, qu’un plan d’extermination de la totalité des Juifs européens
a été échafaudé à cette période. Il se fixait un objectif de 11 millions
de personnes, ce chiffre étant le résultat de l’intense activité des services d’Eichmann
visant à identifier, marquer, capturer les Juifs dans tous les pays où l’Allemagne
nazie était présente. Rudolf Hoess s’emmêle peut-être quelque peu dans les
chiffres, dont il dit qu’il avait l’ordre de les détruire, mais, dans l’ensemble,
il ne se trompe pas beaucoup : si le chiffre de 2 millions et demi
était surestimé, selon lui, celui auquel il parvient, de l’ordre de 1,2 million
pour Auschwitz, rejoint les calculs de Raul Hilberg. Au total, environ 5 millions
et demi de Juifs ou désignés tels périrent dans la « solution finale »,
dont plus de la moitié au sein du système concentrationnaire [18] . Seul, ce monde
de cauchemar pouvait sans doute accueillir la phase ultime de ce projet d’extermination,
organisé selon les méthodes et avec les outils de l’industrie taylorienne. Mais
il avait été, pour une large part, préparé et initié à l’extérieur de ce
système.
    Hoess dit qu’il a été informé de ce plan à l’été 1941,
mais certains auteurs situent son élaboration à l’automne. Ce qui importe, c’est
qu’il y ait eu un plan, donc une volonté et une décision consciente et
organisée. Car c’est là que sont les implications les plus dérangeantes du
travail de Hilberg : il montre, preuves irréfutables à l’appui, cette
minutieuse, implacable organisation à l’œuvre, qui ne ressemble en rien aux
soubresauts désordonnés d’une machine devenue folle et échappant aux mains de
ses apprentis sorciers. Il y a, nous dit-il, des fonctionnaires « blanchis
sous le harnais », qui ont élaboré une véritable « science de la
destruction », dans laquelle ils ont impliqué des secteurs entiers des
sociétés civiles, allemandes et non allemandes : des services de police,
des compagnies de transports, des firmes industrielles, mais aussi des
fonctionnaires d’état civil, des juristes, des médecins, des prêtres, des
professeurs d’Université. Il fallait définir qui était juif et qui ne l’était
pas, d’où les fonctionnaires, les juristes, les anthropologues et les prêtres ;
les marquer, d’où les fonctionnaires et jusqu’aux voisins qu’on incitait à la
dénonciation ; les regrouper, d’où les forces de police comme celle de
Vichy ; les acheminer, d’où les entreprises ferroviaires ; les
exterminer, d’où les firmes chimiques, ou bien celle-ci à qui la SS a commandé
des camions à échappement tourné vers l’intérieur du fourgon. Il y avait même,
parce que le processus ne s’arrêtait pas
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