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Le Code d'Esther

Le Code d'Esther

Titel: Le Code d'Esther
Autoren: Bernard Benyamin , Yohan Perez
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prêche terminé. Il lui demanda d’où il tenait toutes ces informations, et d’abord s’il avait vérifié ce qu’il venait d’avancer. Le Rav Bloch lui sourit et lui répondit que non, il n’avait pas vérifié, mais qu’il avait de bonnes raisons de croire que ce qu’il avait dit pouvait être démontré.
    « Je peux enquêter ? Vous pourriez m’aider si je décidais de travailler sur cette prophétie ?
    — Je ne vous connais pas assez… Laissez-moi réfléchir. »
    Mû par sa seule intuition, Yohan jeta toutes ses forces dans la bataille. Il dit au Rav qu’il travaillait dans une maison de production, dans l’audiovisuel, qu’il était prêt à mettre son savoir-faire au service de sa parole, qu’il le ferait bénévolement… si celui-ci acceptait de lui en dire un peu plus.
    Trois jours plus tard, le Rav Bloch le rappela. Il préparait son gala afin de récolter des fonds pour sa yeshivah , son centre d’études talmudiques. Il avait besoin d’un film expliquant le travail de Yohan et ses objectifs. Yohan n’hésita pas une seconde. Il se lança dans la réalisation du reportage en y mettant tout ce qu’il avait appris à l’école de la télévision : des interviews soignées, un montage rythmé, des musiques adéquates, un commentaire très clair… Son travail plut tellement qu’on lui commanda un deuxième reportage, puis un troisième, dans lesquels il mit tout son talent. Et puisqu’il excellait dans ce domaine, autant qu’il prenne en main toute l’organisation du gala de charité.
    Le succès fut absolu. On se pressait pour féliciter le rabbin, louant l’intelligence et le déroulement de la cérémonie. D’autres directeurs de yeshivot voulaient la même chose pour leur fête annuelle : les mêmes films, les mêmes musiques, les mêmes témoignages. Yohan, le triomphe modeste, attendait dans son coin. Le Rav Bloch ne tarda pas à le rejoindre.
    « Tu m’as prouvé que je pouvais te faire confiance. Et au-delà de toutes mes espérances. À présent, je peux te parler et te raconter. Mais tout reste à faire… Je te donne des pistes. À toi d’enquêter, de recouper, de gratter, de confronter les idées. Cependant je t’avertis : le chemin que tu t’apprêtes à emprunter est semé d’embûches. Rien ne te sera épargné. Mais une vérité lumineuse est au bout de ta route. »
    « C’est ainsi, avait conclu Yohan, que ma vie a basculé. »
     
     
    Lorsque l’avion se pose sur la piste, la nuit est tombée depuis longtemps sur Nuremberg. Les annonces en allemand ne parviennent pas à toucher la plus petite parcelle de mon esprit – je n’ai aucune notion de la langue de Goethe, et c’est un employé de l’aéroport à la peau mate et aux yeux noirs qui, dans un sabir turco-germano-anglais, m’explique comment rejoindre mon hôtel. À peine arrivé, je me demande déjà ce que je suis venu faire ici.
    Pas pour longtemps. Axel, mon ami allemand qui a organisé mon voyage dans ses moindres détails, avait prévu la question. « Tu ne dois pas rester dans ta chambre d’hôtel à tourner en rond. Rien de tel pour déprimer ! Tu vas à Nuremberg pour rencontrer des gens et découvrir des lieux chargés d’histoire… Tu vas en voir, fais-moi confiance ! » Il avait donc fait en sorte que je n’aie pas une seule minute libre en multipliant les rendez-vous aux quatre coins de la ville.
    Le temps de prendre une douche et je suis déjà dans un taxi filant sur des avenues désertes où, çà et là, les décorations de Noël jettent des notes de couleur dans la nuit. Deuxième ville de Bavière, après Munich, Nuremberg regorge de magasins chics où se nichent parfois, entre deux enseignes prestigieuses, des fast-foods turcs qui sentent bon le chawarma , la viande rôtie tournant devant un gril. Peu de monde dans les rues, surtout pour un samedi soir, généralement propice à la fête et aux sorties entre amis, mais je me garde bien d’émettre le moindre commentaire critique sur une ville où je viens tout juste de poser les pieds.
    Arno Hamburger m’accueille dans son bureau du Centre culturel juif, dont il est le président, et m’invite à passer dans une grande salle où nous attendent du thé et du café accompagnés de petits gâteaux préparés à notre intention. Il s’excuse de sa condition physique un peu déficiente – il s’est déboîté l’épaule et souffre d’un gros rhume –, mais il m’explique qu’il
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