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Le Chevalier d'Eon

Le Chevalier d'Eon

Titel: Le Chevalier d'Eon
Autoren: Evelyne Lever
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ce factum qui remporta un vif succès dans Londres.

« Je ne suis pas aussi diable que l’on veut me faire voir... »
    Louis XV s’impatientait. Le 4 novembre, il fit transmettre une demande d’extradition à l’intention de d’Éon et pria M. de Guerchy de faire diligence pour retrouver les fameux papiers. Soulagement pour l’ambassadeur   ! L’extradition de l’encombrant chevalier allait le décharger de son principal souci. C’était mal connaître la législation anglaise qui ne permettait pas l’extradition de sujets étrangers. D’Éon n’étant plus reconnu comme diplomate se voyait réduit au rang de simple particulier, mais en tant que tel, il était protégé par la loi et son domicile était inviolable. George III prit lui-même la peine d’informer le comte de Guerchy de la résolution du Conseil des ministres consulté à ce sujet. Lord Halifax lui dit   : « Que d’Éon se tienne tranquille, sa conduite est exécrable, mais sa personne est inviolable.   » Guerchy fut bien obligé d’apprendre son échec à Louis XV. Il fallait songer à d’autres moyens pour se débarrasser de ce fauteur de troubles. En attendant, l’ambassadeur honteux et confus décida de faire dresser un procès-verbal du refus qu’opposait d’Éon à la restitution des papiers. Lorsque les envoyés de l’ambassadeur se présentèrent chez lui, d’Éon braqua un fusil sur ses visiteurs en criant   : « Voilà au bout de quoi sont les papiers du roi, venez les prendre   !   »
    D’Éon continuait pourtant d’aller tranquillement à l’ambassade de France où il prenait ses repas. Un soir, il se trouva incommodé et tout étourdi après avoir bu de son vin de Tonnerre servi habituellement à cette table. Son malaise persista les jours suivants et un beau matin, avant neuf heures, sans s’être fait annoncer, le comte de Guerchy se rendit chez lui, accompagné de ses deux aides de camp, sous prétexte de prendre de ses nouvelles. Sur place, les trois hommes inspectèrent discrètement son logement. Le lendemain, un serrurier que d’Éon n’avait pas mandé se présenta pour réparer la porte de la chambre, qui n’en avait guère besoin. Il prit l’empreinte de sa clé. Dehors attendait une chaise à porteurs. Le chevalier fut alors persuadé que l’ambassadeur voulait le faire enlever. Il demanda aussitôt asile à M. de La Rozière qui demeurait à l’étage au-dessus de lui. Ensemble, ils transformèrent la maison en camp retranché   : ils mirent des mèches dans les escaliers et appelèrent à la rescousse quelques sbires de leur connaissance. D’Éon pensait que Guerchy était prêt à tout pour s’emparer des papiers dont il connaissait le prix. L’ambassadeur continua de faire courir le bruit que le chevalier était atteint de démence. C’est pourquoi il pria cette fois Vergy d’écrire un nouveau libelle contre d’Éon, Lettre de M. de la M, qui développait les mêmes thèmes que celui du précédent factum   ; il prétendait, en outre, que d’Éon s’était battu contre l’ambassadeur et il finissait par le traiter d’hermaphrodite   ! C’est la première fois qu’il est fait allusion au sexe incertain du chevalier d’Éon, lequel ne semble pas avoir été troublé par cette attaque d’un nouveau genre. Dans la réponse qu’il publia sous le titre de Note à M. le comte de Guerchy, il réfutait point par point toutes les accusations portées contre lui, sans relever toutefois celle d’hermaphrodisme.
    Le 30 novembre, le jour même où paraissait la Note, le chevalier reçut la visite d’un M. de Prémarets, secrétaire de l’ambassadeur, venu lui demander, au reste fort courtoisement, de lui remettre les papiers du roi. D’Éon l’invita à dîner et à boire avec lui, mais l’émissaire du comte de Guerchy ne voulut pas s’attarder chez un homme qui passait pour dangereux. Au cours de la nuit, sur le coup de quatre heures, d’Éon écrivit à M. de Guerchy. « Quoique dragon, je ne suis pas aussi diable que l’on veut me faire voir [...]. Pour ce qui regarde les papiers du roi que vous me demandez, Monsieur, c’est en vérité le cœur serré de douleur que je suis forcé de dire à Votre Excellence que je ne puis avoir l’honneur de les lui remettre sans un ordre exprès du roi [...]. À l’ordre de mon maître, non seulement je saurai obéir, mais me faire tuer [...]. Je vous réitère ma prière d’être bien persuadé que je n’ai jamais eu
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