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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3
Autoren: Mireille Calmel
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père. À lui seul.
    — Je le lui dirai. Mais jusqu'à ce que cela soit envisageable, gardez l'un et l'autre la plus grande discrétion. Et toi, ma toute belle, la plus éclatante des vertus, souligna Sidonie.
     
    L'après-midi venu, les yeux tamponnés de mélisse, divine dans une robe vert pâle rebrodée de fleurs d'or, Philippine vint s'agenouiller avec les siens devant le prince qui tenait cour dans la somptueuse salle d'apparat de la demeure du gouverneur. Tout ce que la ville comptait de gens de qualité et le Dauphiné de noblesse avait tenu à y paraître. Louise de Clermont et Antoine de Montchenu, pour le mariage desquels le tournoi avait été organisé, aux premières loges.
    On festoya gaiement jusqu'à l'aube. Égayé du chant des troubadours, des acrobaties des saltimbanques, et de quelques pas de danse que violes, hautbois et mandores dispensaient dans l'air tiède. La dernière fois que Djem avait reçu pareil accueil, c'était à Rhodes, lorsqu'il était venu quérir l'aide des hospitaliers. Son orgueil en fut glorifié, son bonheur complet de sentir que Philippine, attablée non loin de lui, le partageait. La damoiselle de Sassenage ne put l'approcher en aparté que quelques secondes, le temps d'être troublée par la caresse de son parfum musqué.
    Elle s'endormit dans ses effluves en rêvant de ce jour où, caracolant côte à côte, libres et riants, ils jouiraient de cet amour immense qu'ils partageaient en secret.
    Si elle avait su que le père de sa nouvelle amie, Marie de Dreux, avait été obligé de surseoir à ses sinistres projets en voyant qu'un goûteur avait été assigné au prince, sans doute aurait-elle eu le bonheur moins léger.
     

4
    Mathieu tressauta en percevant un crissement de feuilles en contrebas. L'aube pointait derrière la crête des montagnes du Vercors. Serrant à pleine main le braquemart, prêt à toute éventualité, il parcourut d'un mouvement de tête la butte, légèrement à l'écart de la route, sur laquelle ils s'étaient isolés pour passer la nuit. Elle était déserte. Un rongeur, sans doute. Pourtant il se sentait en alerte. Les brigands qui l'avaient recueilli quelques mois plus tôt avaient leurs quartiers dans les parages. Il n'avait aucune envie de les affronter.
    Au déclin du jour, quand l'essieu de leur carriole s'était brisé dans une ornière profonde, ils n'étaient plus qu'à une vingtaine de lieues de Sassenage. Algonde avait bien proposé de poursuivre à pied, mais cela aurait été folie. Surtout avec Elora. Lors, accompagné de Janisse qui s'était rangé à son avis, Mathieu avait cherché un refuge dans les environs immédiats. Ils n'avaient pas été longs à rapatrier Algonde, Gersende et la petiote à l'abri de gros blocs de rochers qui formaient voûte et dominaient route et forêt. Le bœuf détaché de la charrette avait été parqué à leurs côtés.
    Allumer du feu aurait permis d'éloigner les loups, mais attiré les malandrins. Ils s'en étaient abstenus d'un commun accord. Janisse avait pris le premier tour de garde. Mathieu terminait le second. On ne pouvait soupçonner leur présence tels qu'ils s'étaient embusqués, mais du temps de son appartenance à la bande, il avait tendu quelques pièges aux voyageurs, et cette malencontreuse ornière n'était pas le fruit du hasard. Il n'avait pas assez plu ces temps derniers pour la générer et il ne se souvenait pas l'avoir remarquée à l'aller.
    Un autre crissement. Rapproché, lui sembla-t-il. Son cœur se mit à palpiter plus vite. Un coup d'œil en arrière. Janisse, la bouche ouverte, ronflait bruyamment près du bœuf qui mâchonnait une herbe rase et sèche. Endormies, Algonde et sa mère, face à face, offraient un écrin à Elora qui babillait.
    Il frotta ses mains moites l'une dans l'autre avant de nouveau d'assurer la poignée de la courte épée dans sa paume. Sa nervosité n'était pas calmée. Dans moins d'une heure, le jour levé, ils seraient assurés de reprendre leur route. Certes, tout risque d'attaque ne serait pas écarté, mais à l'allure pauvrette de leur équipage, il était vraisemblable qu'on les laisse passer chemin.
     Mathieu dressa l'oreille. Était-ce son seul souffle ou un chuchotement ennemi que le vent lui portait ? Cette fois il se leva, armé bien plus de son courage que du fil de cette lame, dont il savait que contre une bande armée elle aurait peu de prétention. Abandonnant les siens à l'abri de la roche, il s'avança de
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